Chaque semaine, les journalistes des Sports de La Presse répondent à une question dans le plaisir, et un peu aussi dans l’insolence.

Appel à tous

Et vous, quelle est votre pire prédiction sportive ? Un message sur Twitter, une idée lancée dans un souper entre amis, un appel à une ligne ouverte à la radio ? Ne soyez pas gêné !

Écrivez-nous

Jean-François Téotonio

Je repense à ce segment de radio régulièrement. En fait, presque chaque fois que Rafael Nadal, Novak Djokovic, Roger Federer ou encore Andy Murray a du succès sur un court de tennis. Ce qui, vous comprendrez, se produit souvent. Je crois que c’était en 2014. Je ne sais plus quel mois. Mes comparses du Camp des recrues – média sportif étudiant que nous avions fondé à l’UQAM – animions une émission de radio hebdomadaire sur le sport. Mon hot take, cette journée-là, était que le big 4 au tennis était fini. Que les jeunes vedettes Milos Raonic, Grigor Dimitrov, Nick Kyrgios, Bernard Tomic ou Dominic Thiem allaient maintenant les devancer. Tous d’excellents joueurs, bien sûr. Mais voilà. On est en 2022. Rafael Nadal est encore invaincu cette année, et a remporté sept grands chelems depuis. On ne compte plus les trophées de Novak Djokovic, qui était jusqu’à tout récemment le numéro un mondial. Roger Federer n’a toujours pas pris sa retraite (et a été sacré trois fois en grands chelems dans l’intervalle). Andy Murray a remporté un troisième tournoi majeur en 2016. Vous comprenez pourquoi je suis délibérément vague sur la date exacte. J’aimerais que la clip de cette prédiction reste enfouie à tout jamais dans les archives des ondes radio.

Guillaume Lefrançois

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Christian Dvorak

Ce n’est pas tant une prédiction qu’un angle de texte que je regrette. Début septembre, quand le Canadien a fait l’acquisition de Christian Dvorak, j’ai fait valoir qu’au même âge, il était en avance, offensivement, sur Phillip Danault (ce qui était statistiquement vrai). Mais à voir Dvorak aller cette saison, je me demande bien comment il a fait pour fonctionner à un rythme de 25 buts en 82 matchs l’an dernier en Arizona, car on ne voit toujours pas l’excellent tir des poignets que ses anciens coéquipiers nous vantaient. Pendant ce temps, Danault est en voie de connaître la première saison de 20 buts de sa carrière, et Brendan Gallagher s’est éteint, offensivement, en son absence. Preuve que je n’ai pas peur du ridicule, revoici le texte de septembre.

Lisez l’article « Qui est Christian Dvorak ? »

Mathias Brunet

Il y a une dizaine d’années, les Blues de St. Louis et leur recruteur en chef de l’époque, Jarmo Kekalainen, ont repêché un défenseur suédois du nom de David Rundblad. Un an plus tard, en juin 2010, voyant que Vladimir Tarasenko était toujours disponible au 16e rang du repêchage, les Blues l’ont sacrifié en l’échangeant aux Sénateurs en retour de leur choix de première ronde. Un an plus tard, à seulement 20 ans, Rundblad amassait 50 points en 55 matchs à Skelleftea, en première division suédoise (SEL), avant de s’amener en Amérique du Nord. Amasser autant de points pour un défenseur à un si jeune âge dans une ligue comme celle de la Suède constituait un exploit rare. Je lui avais prédit le trophée Calder pour la saison 2011-2012. Rundblad a disputé 24 matchs à Ottawa, avant d’être échangé aux Coyotes de l’Arizona avec un choix de deuxième ronde pour Kyle Turris. Les Sénateurs l’ont échangé à temps. Turris a rendu de précieux services à Ottawa. Rundblad n’a évidemment pas gagné le trophée Norris. Il a passé presque tout l’hiver dans la Ligue américaine avec le club-école des Coyotes, et la saison suivante aussi. Rundblad a disputé 116 petits matchs en carrière dans la LNH, avant de rentrer en Europe. Il joue à Sotchi, dans la KHL, depuis trois ans. Gabriel Landeskog a gagné le trophée Calder cette année-là. Et Tarasenko n’a pas connu une vilaine carrière...

Nicholas Richard

PHOTO MARK BLINCH, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Eugenie Bouchard durant la Coupe Rogers à Toronto, en août 2019

Je suis l’un de ceux qui n’ont jamais perdu espoir en Eugenie Bouchard. Souvent, j’ai été à l’encontre de ses détracteurs, parce que j’ai toujours cru qu’elle était l’une des joueuses les plus douées et prometteuses de sa génération. Elle a un talent naturel qui est indéniable et j’ai longtemps cru qu’elle reviendrait en force. C’est pourquoi quelque part au début de l’année 2019, à la radio, j’avais prédit qu’elle allait atteindre au moins un quart de final en grand chelem au cours de l’année, qu’elle allait réintégrer le top 10 dans les trois années à venir et qu’elle allait gagner au moins un tournoi majeur au cours des cinq années suivantes. J’y ai été all in. Ne reste plus beaucoup de temps à Genie pour ne pas me faire perdre ma mise.

Jean-François Tremblay

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Noah Juulsen au cours d’un entraînement en juillet 2020

Ça s’est passé lors d’un webinaire au début de la saison 2018 de la LNH, à une époque où je couvrais le Canadien de Montréal. On nous avait demandé tout bonnement d’analyser la défense du club. J’avais dit avec une inébranlable confiance que Noah Juulsen allait d’une saison à l’autre supplanter Shea Weber comme défenseur numéro un. Il faut dire à l’époque que mon observation n’était pas si farfelue. Gros gabarit, habile manieur de rondelle, bonne première passe, capable d’engranger les minutes, tir efficace. Il avait bien fait dans le junior, il avait bien fait à sa première saison avec le Canadien et il connaissait un camp bien au-delà des attentes. Je le trouvais très impressionnant, en plus d’être un sympathique jeune homme. On se souvient tous de l’histoire : deux rondelles au visage, des maux de tête qui ne disparaissent plus, des mois d’absence. Il est ensuite passé aux Panthers, puis aux Canucks, où sa renaissance attend toujours. Sans les rondelles au visage, aurais-je écrit cette capsule aujourd’hui ? Je ne crois pas, non. Mais au fond, nous ne le saurons jamais.