« Maintenant, je ne dis plus que je vais jouer, je dis que je vais étudier ! » Claudine Douville peut ainsi, depuis un an, se « justifier » auprès de son mari lorsqu’elle va s’installer à sa PS5.

C’est que la descriptrice du Réseau des sports (RDS) a entamé, en janvier 2021, une mineure en études du jeu vidéo à l’Université de Montréal.

En apprenant la chose, on se demande en premier lieu si la volonté vient ici de RDS, qui a déjà diffusé des compétitions de jeux vidéo sur ses plateformes. La chaîne serait-elle tentée de se lancer plus loin dans cette aventure en offrant de la formation aux voix de son réseau ?

Ce n’est pas le cas, nous assure Claudine Douville. L’idée est bel et bien de son cru.

« Je ne fais même pas ça pour le diplôme, lance-t-elle au bout du fil. Je fais vraiment ça par intérêt personnel.

« Maintenant qu’ils savent [que je suis passionnée de jeux vidéo], peut-être que je peux devenir une option. Mais sincèrement, je ne l’ai pas fait dans ce but-là. »

La journaliste sportive, qui exerce son métier depuis 1980, est au service de RDS depuis les débuts de la chaîne. On reconnaît notamment sa voix à la description des matchs de soccer.

Claudine Douville est aussi l’auteure de six romans d’aventures, dont la trilogie Mission sacrée. Lors de notre entretien téléphonique, elle nous révèle un petit secret.

Il y a un petit projet que je caresse. Je ne sais pas si je vais être capable de le faire un jour, mais j’aimerais faire de la scénarisation. […] J’ai écrit une série qui s’appelle Mission sacrée. J’aimerais l’adapter en jeu vidéo.

Claudine Douville

C’est donc une des raisons qui l’ont poussée à s’inscrire à ce programme, qu’elle suit à raison d’un cours par session. « Je veux me donner des outils », explique-t-elle.

Mais ne lui parlez pas de programmation. Ce qui l’intéresse, « c’est le côté histoire, le scénario ».

« L’ordinateur, c’est un mal nécessaire. Je n’ai pas la curiosité de commencer à aller chercher des codes et tout ça.

« En faisant ces cours-là, il y a plein de choses que tu vois et que tu comprends différemment. C’est super intéressant. »

« J’ai toujours joué »

La passion de Claudine Douville pour les jeux vidéo ne date pas d’hier.

J’ai toujours joué. J’ai toujours aimé ça. Le premier Nintendo qui est rentré dans la maison, c’est parce que c’est moi qui en voulais un.

Claudine Douville, journaliste sportive à RDS

« J’ai joué au premier Zelda, j’ai joué avec les petits requins d’Intellivision », ajoute-t-elle en riant. Les petits requins sont ceux du jeu Shark! Shark!, sorti en 1982 : le joueur incarnait un poisson et devait avaler les créatures plus petites que lui, tout en évitant le requin noir qui rôdait dans l’écran.

CAPTURE D’ÉCRAN TIRÉE DU COMPTE YOUTUBE HIGHRETROGAMELORD

Une scène du jeu Shark!, Shark!

Mais elle concède que « le réel a rattrapé le virtuel » dans les années 2000. Avec le travail, les jeunes enfants et ses nombreuses expéditions de par le monde, elle ne jouait plus que « sporadiquement ».

Jusqu’à ce que ses fils commencent à discuter, entre eux, de Dark Souls, un des jeux les plus influents de sa génération. On est au début des années 2010.

« Ils avaient des conversations totalement hermétiques », se rappelle-t-elle.

« If you can’t beat them, join them. C’est exactement ce que j’ai fait. Je me suis mise à jouer pour participer à la conversation. Et là, c’était mon mari qui trouvait ça plate, parce que c’est lui qui était à l’extérieur. J’ai vraiment embarqué. »

Les jeux Dark Souls – il y en a trois, suivis d’un dérivé intitulé Bloodborne – sont de type RPG (jeu de rôle) et campés dans un univers fantaisiste lugubre. Ils se démarquent par un niveau de difficulté presque inaccessible pour l’aventurier vidéoludique moyen, et par des mécaniques de combat profondes et complexes.

L’auteur de ces lignes se considère aussi comme un gamer, et estime que la patience est une vertu. Mais il a bien failli détruire sa console de frustration en jouant à Bloodborne. Inutile de dire qu’il a abandonné le jeu.

Mais pas Claudine Douville. Elle est passée au travers de toute la série. Et en redemande : elle attend « avec impatience » le jeu Elden Ring, du même genre et conçu par la même entreprise. La sortie est prévue pour la fin de février.

« GoldenEye, je n’ai pas super tripé »

En attendant, elle doit agencer son travail à temps plein et ses cours à l’université.

Dans le cadre du cours Jeux vidéo et cinéma, un de ses travaux consistait à analyser deux œuvres. Elle a fait son travail de fin de session sur son « jeu préféré », Red Dead Redemption 2, une aventure western dans un monde ouvert.

Et son autre exercice portait sur GoldenEye 007, classique du Nintendo 64. « J’ai tellement souffert ! », pouffe-t-elle.

« C’est horrible ! La jouabilité s’est tellement améliorée, c’est incroyable. J’ai trouvé ça très difficile d’y retourner. […] Je n’ai pas super tripé. Le jeu est intéressant, mais c’est la jouabilité que je trouvais difficile. »

N’empêche : lorsque Claudine Douville entreprend quelque chose, elle le mène à terme.

« Même si ce n’est pas super important, moi, je veux des bonnes notes. Il n’est pas question que je coule, et il n’est pas question que j’aie une note poche. »