Après un premier week-end de Coupe du monde difficile en Finlande, la slalomeuse Laurence St-Germain espère se relancer dimanche à Killington

(Killington) La dame de la réception à notre motel n’avait pas menti : il a neigé à plein ciel presque toute la journée à Killington. De gros flocons mouillés ont fait virer les pistes du vert au blanc. En fin d’après-midi, Martin, le photographe, a dû attendre la déneigeuse pour réussir à gravir la côte menant au pied de la montagne et ne pas rater sa réunion d’avant-course.

Le ski a repris ses droits pour cette première Coupe du monde féminine disputée sur le sol nord-américain depuis deux ans. Le slalom géant sera présenté ce samedi, suivi du slalom dimanche.

Vendredi soir, Laurence St-Germain a accueilli son grand frère William, lui-même ancien membre de l’équipe nationale, dans le hall du Grand Resort Hotel. La troupe du cirque blanc se mêle à quelques touristes japonais et des visiteurs américains nantis (la bière IPA locale est à 13 $ au bar de l’hôtel).

Malgré des conditions plutôt molles, St-Germain a connu un bon entraînement sur la piste voisine du parcours de compétition, fermé pour préserver son intégrité. Puisqu’elle fait partie des 15 mieux classées au monde, la slalomeuse a eu droit à la séance du groupe 1 à 8 h avec les Mikaela Shiffrin, Petra Vlhová et autres Katharina Liensberger.

En fin d’après-midi, St-Germain analysait des vidéos avec son entraîneur italien Luca Agazzi. Un logiciel permet de mettre en contraste la descente de plus d’une skieuse.

La native de Saint-Ferréol-les-Neiges s’est comparée notamment à Shiffrin, qui a remporté les quatre slaloms présentés à Killington depuis 2016.

« Au début, je suis bien partie. J’étais donc proche d’elle, mais ça a pris deux virages et elle m’a mis presque une porte. Moi, j’ai fait de petites erreurs ici et là. Elle, c’est constant à chaque porte. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Laurence St-Germain en action

Depuis l’hiver dernier, St-Germain n’avait pas eu l’occasion de se mesurer aux meneuses des autres nations. Les chronos l’ont mise en confiance après un début de saison difficile en Finlande, la semaine dernière. Elle a terminé 17e du premier slalom et chuté lors du second.

C’est toujours difficile de dire si les autres sont à 100 % ou à 50 %, mais je suis dans les temps que je voulais. Même s’il fait doux et que les conditions ne sont pas optimales, je suis satisfaite de mes entraînements ces deux derniers jours. Je pars plus positive qu’avant Levi, où j’ai eu des journées d’entraînement un peu plus difficiles. Je suis contente. Je me sens davantage moi-même.

Laurence St-Germain

Selon l’entraîneur-chef Manuel Gamper, les skieuses canadiennes ont eu « de 10 à 12 jours » d’entraînement de moins que leurs rivales des principaux pays. « C’est une décision qu’on a prise dans l’optique d’atteindre notre apogée un peu plus tard aux Jeux olympiques », a expliqué l’Italien vendredi soir.

St-Germain a donc eu moins de temps pour tester et choisir son équipement. Suivant une tendance lancée par Vlhová, elle utilise maintenant des skis de 160 cm plutôt que 157. La différence peut paraître minime, mais à ce niveau, chaque changement se fait sentir. « Les skis sont plus stables, mais ça demande un peu plus d’énergie pour les faire plier », a-t-elle relevé.

Après deux top 10 au même endroit l’hiver dernier, la Québécoise de 27 ans s’est donc élancée à Levi sans être en grande confiance.

« C’est sûr que j’étais vraiment déçue, mais quand j’y repense, j’étais 11e après la première manche, 17e après la deuxième, avec du ski qui n’est pas du tout à mon image. Avec le recul, j’essaie de me concentrer sur le positif. Beaucoup de gens me disent d’oublier ces courses-là, mais ce n’est pas de cette façon que je pense. Au contraire, c’est important d’apprendre. Qu’est-ce qui pourrait être mieux au niveau de la concentration, du mental, de la technique ? »

Chercher le « petit surplus »

À ce chapitre, elle aime observer Shiffrin à l’entraînement : « En Coupe du monde, tout le monde est bon et solide, essaie d’aller chercher ce petit surplus qui amène de la constance, de la combativité, de la prise de risques. Au bout du compte, tout ça vient du mental. L’éthique de travail de Shiffrin est impeccable. Je n’apprends pas d’elle qu’en la regardant skier dans le tracé. Je suis tout ce qu’elle fait autour, sa préparation avant chaque descente, sa précision. Je pense qu’elle ne se donne pas le droit à l’erreur. C’est pour ça qu’elle est aussi bonne. »

St-Germain compte sur le slalom de dimanche pour se relancer. L’ancienne des Catamounts de l’Université du Vermont, qui en sera à son 50départ en Coupe du monde, se sent chez elle depuis son arrivée à Killington.

En plus de son frère, ses parents, « beaucoup d’amis et des coéquipiers de l’équipe du Québec » viendront l’encourager au milieu de la dizaine de milliers de spectateurs attendus.

« Ça rajoute un petit stress quand la famille est là. Un bon stress le fun qui donne de la volonté. Souvent, je suis un peu trop au neutre et j’aime ça les sentir là. Je suis capable d’utiliser cette adrénaline pour pouvoir performer. »

Shiffrin « plus agressive »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

L’Américaine Mikaela Shiffrin à l’entraînement

Ses principales rivales ont beau s’être rapprochées, Mikaela Shiffrin continue d’accumuler victoires (70) et podiums (109) à un rythme inédit. Après sa victoire au géant de Sölden, elle a fini deux fois deuxième à Levi derrière la Slovaque Petra Vlhová, avec qui elle partage la tête du classement de la Coupe du monde. « En général, je sens que j’apporte une mentalité plus combative dans le portillon de départ que je ne l’ai fait de toute la saison dernière et même depuis février 2020 », a-t-elle affirmé. Des soucis au dos, un problème récurrent chez l’Américaine de 26 ans, ont cependant ralenti son entraînement en slalom géant. Ce samedi, elle visera une première victoire dans cette discipline à Killington après des podiums en 2017 et 2019.