« Ce que j’ai envie de dire, c’est qu’il faut foncer. » C’est ainsi qu’Annie Larouche, vice-présidente de l’Alliance de Montréal, nouvelle équipe de la Canadian Elite Basketball League (CEBL), a résumé la raison de sa présence à la conférence Elle & Sport, mercredi soir, à Montréal.

Cet évènement, qui en était à sa troisième édition, visait à mettre en lumière la place des femmes dans le monde des affaires et du sport.

Elles étaient sept sur scène à discuter de leur parcours. À eux seuls, leurs CV auraient suffi à retenir l’attention de la salle.

« Isabelle le dit, on cogne à la porte, et si la porte ne s’ouvre pas, on cogne à l’autre à côté, ajoute Annie Larouche, citant la ministre Isabelle Charest, aussi présente à la soirée. Il faut croire en nous. Il y a de la place pour tout le monde. »

Les deux femmes ont expliqué à l’auditoire de l’Ausgang Plaza leur parcours hors norme. Ironiquement, l’anormalité était la norme pour les invitées de cette soirée. L’ancienne joueuse de tennis et entrepreneure Aleksandra Wozniak, l’entraîneuse adjointe des BlackJacks d’Ottawa en CEBL Fabienne Blizzard, l’arbitre internationale de la FIFA à la retraite Carol Anne Chénard, la fondatrice de la série balado Femme d’hockey et directrice marketing et communications de la Ligue M18AAA du Québec Isabelle Éthier ainsi que la journaliste sportive et fondatrice de la balado Elles brillent Geneviève Tardif étaient aussi de la partie.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

De gauche à droite : Isabelle Charest, Alex Laganière, Isabelle Éthier, Geneviève Tardif, Aleksandra Wozniak et Carol Anne Chénard

« C’est drôle, parce que plusieurs de ces femmes-là, je les connais depuis de nombreuses années », souligne Isabelle Charest.

Je pense que ce qu’elles ont toutes en commun, c’est vraiment leur parcours complètement atypique par rapport à ce qu’on entend dans le milieu des affaires. Il faut en être conscient et en même temps voir ce que l’expérience sportive peut apporter à ce changement de paradigme.

Isabelle Charest, ministre déléguée à l’Éducation et responsable de la Condition féminine

Selon l’organisateur de l’évènement Alexandre Kénol, ce changement de paradigme passe par la « dualité » des voix.

« Les hommes, nous faisons partie de la solution, on n’a pas le choix », explique-t-il.

« Je suis très fier que ce soit un homme qui est derrière [cet évènement]. Habituellement, quand il y a des conversations comme ça, c’est toujours un homme ou une femme qui mène la conversation. Maintenant, il faut qu’il y ait une dualité pour qu’on soit en mesure de travailler ensemble. »

« Un discours inspirant »

Kénol se dit par ailleurs « fier » des « modèles de persévérance et de courage » que représentent les invitées.

Au Québec, ce n’est pas parfait, mais on a des femmes qui sont des leaders, des modèles, et pas seulement pour des femmes. Ce sont des modèles pour tout le monde. […] Pour moi, c’est un discours qui est inspirant.

Alexandre Kénol, organisateur de l’évènement

Le thème de la persévérance est revenu souvent lors des discussions de type table ronde.

Annie Larouche, qui a commencé sa carrière chez les Alouettes comme meneuse de claque avant d’occuper plusieurs postes à la direction dans l’organisation, a dû persister pour surmonter les préjugés, puisqu’elle était « juste la fille du cheer ». « Pour monter, ils voulaient que je lâche le cheerleading. Et je ne l’ai pas fait. »

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Annie Larouche, vice-présidente de l’Alliance de Montréal, nouvelle équipe de la Canadian Elite Basketball League

L’ascension de Fabienne Blizzard jusqu’au basketball professionnel s’est d’abord faite dans la collectivité. Elle a entraîné les jeunes, comme les moins de 10 et les moins de 12 ans, puis a gravi les échelons à l’Université d’Ottawa. Son nom a ensuite été mentionné à l’équipe en CEBL de la capitale, les BlackJacks. Sa persévérance et ses contacts dans la collectivité l’ont donc aidée à poursuivre sa route.

Laisser sa marque

Pour l’arbitre à la retraite Carol Anne Chénard, « c’est super important de partager » son expérience dans une soirée comme celle-ci.

« Souvent, on pense à notre carrière et on ne se rend pas compte de l’inspiration qu’on peut laisser à une seule fille, à une seule femme, dit-elle. Notre expérience peut aider quelqu’un. »

Annie Larouche y va même de quelques conseils.

« Depuis ma nomination, j’ai beaucoup de jeunes qui m’ont écrit : “Qu’est-ce que je peux faire ? Comment je peux prendre ma place ?” Je leur dis : “Continue à l’école, va te chercher un diplôme, c’est important. Mais après, implique-toi.” »

« Il n’y a personne qui va venir te chercher. Il faut que tu fasses tes preuves. Il faut que tu sois bon, que tu sois bonne. Il y a de la place. Si tu veux, tu peux. »