Nous vous avons invités à nous envoyer vos questions, vos doutes, vos commentaires, sur tous les sujets sportifs possibles. Nous avons été servis, et pas à peu près. Voici une première ronde de réponses de nos experts. Bienvenue dans Le Club !

Maintenant, on fait tourner la roue. Envoyez-nous d’autres questions.

Q : J’émets l’hypothèse que lorsqu’une équipe en fin de match tire de l’arrière, il est tout à fait inutile et même contre-productif de retirer son gardien pour le remplacer par un attaquant supplémentaire. Y a-t-il déjà eu une démonstration objective de la valeur réelle de cette stratégie ? Des statistiques concrètes ? – PE Caron

Réponse d’Alexandre Pratt : Un professeur de statistiques de l’Université Harvard, Andrew Thomas, s’est penché sur la question. Il a analysé toutes les parties de la LNH entre 2002 et 2007, puis isolé toutes celles dans lesquelles une équipe avait retiré son gardien dans les 150 dernières secondes de la rencontre. Ses constats ?

Dans 34 % de ces situations, une équipe marque un but ; le club face au filet désert marque 2,4 fois plus souvent que l’équipe qui retire son gardien.

Concrètement, cette stratégie fonctionne donc environ une fois sur dix. Ce n’est pas énorme. Sauf que c’est quoi, le plus gros risque ? Perdre par deux buts plutôt qu’un ? Une défaite reste une défaite. Considérant que les chances de marquer sont supérieures en surnombre qu’à forces égales, c’est une stratégie qui se défend.

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Q : Je suis assez vieux pour me rappeler que Montréal a déjà flirté avec les gens de la NFL dans les années 70, mais depuis ce temps, niet. Je me rappelle avoir assisté à des matchs des Alouettes devant plus de 60 000 spectateurs au Stade aussi. Alors voici ma question : avec l’intérêt et la population de Toronto et de Montréal, pourquoi la NFL n’ose-t-elle pas traverser au Canada ? Je suis convaincu qu’il y a un marché ! – François Giuristante

Réponse de Miguel Bujold : Selon mes informations, des représentants de la NFL ont visité Montréal et le Stade olympique afin d’évaluer la possibilité d’y présenter un ou des matchs il y a quelques années. Mais pour le moment, rien de tel n’est prévu. Le circuit Goodell présente occasionnellement des matchs préparatoires au Canada et au Mexique, de même que des parties du calendrier à Londres depuis plusieurs années déjà. On peut donc rêver de voir la NFL débarquer à Montréal pour y présenter une rencontre, qui aurait toutefois fort probablement lieu en août, durant le calendrier préparatoire. La surface de jeu au Stade olympique pourrait toutefois être un obstacle… Aucune équipe ne voudrait risquer de perdre des joueurs en jouant sur une surface inadéquate, et la NFL est pointilleuse à ce sujet. Pour ce qui est d’avoir une équipe en permanence à Montréal, ne retenez pas votre souffle. Si la NFL décide d’ouvrir ses frontières, Londres, Mexico et même Toronto passeraient avant Montréal.

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Q : Marc Bergevin a laissé partir Phillip Danault et Tomas Tatar à la fin de leur contrat sans rien obtenir en retour. S’agit-il d’une grosse gaffe qu’il aurait pu éviter en planifiant dès l’année dernière, ou bien était-il dans une situation sans issue ? – Jean-Luc Taschereau

Réponse de Simon-Olivier Lorange : Il est encore beaucoup trop tôt pour parler de « gaffe ». Si Phillip Danault gagne le trophée Selke à Los Angeles, Marc Bergevin aura l’air fou. Mais si Tomas Tatar marque 12 buts au New Jersey, on dira que le DG a vu juste. Il s’agit par ailleurs de deux dossiers distincts. Dans le cas de Danault, il y avait manifestement un fossé entre l’évaluation que faisait le Canadien de son joueur de centre et celle que dressait lui-même le principal intéressé. Le Québécois a refusé une offre du CH qui lui aurait rapporté 5 millions annuellement, estimant sans doute que ses services valaient davantage et qu’une autre équipe le reconnaîtrait – ce qui est arrivé. À Montréal, on suivait l’ascension de deux jeunes centres (oups !), si bien qu’on voyait Danault, à moyen terme, piloter un deuxième, voire un troisième trio. Seul l’avenir dira qui, de Bergevin ou de Danault (ou de sa nouvelle équipe), a fait le meilleur pronostic. Quant à Tatar, ce sont certainement ses performances ternes en séries éliminatoires qui l’ont éloigné des bonnes grâces de la direction. On parle ici d’un ailier ayant réussi six saisons consécutives de 20 buts ou plus, mais qui n’a que 6 buts et 12 points en 40 matchs de séries en carrière.

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Q : Pourquoi dit-on toujours, lors d’un lancer sur le poteau, que le tir a battu le gardien alors que ce n’est même pas comptabilisé comme un tir au but ? Ne pourrait-on pas tout simplement affirmer que le gardien a réellement bien couvert ses angles ? – André Beaudoin

Réponse d’Alexandre Pratt : Alléluia ! En effet, le gardien n’a pas la responsabilité de protéger ses poteaux. Seulement l’aire de jeu comprise entre la ligne des buts et le fond de son filet. À l’opposé, un attaquant qui tire constamment sur le poteau n’est pas seulement malchanceux. Il devrait plutôt mieux cadrer ses tirs.

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Q : Qu’arrive-t-il avec Laurent Duvernay-Tardif ? Encore blessé ? – Jean Careau

Réponse de Miguel Bujold : Lorsque l’un de ses joueurs est blessé, une équipe de la NFL doit obligatoirement l’indiquer en désignant sa participation au prochain match comme étant douteuse ou incertaine. Duvernay-Tardif n’a reçu aucune désignation de la sorte pour les deux premiers matchs des Chiefs. Selon le site officiel du club, il s’est entraîné avec l’équipe sans aucune limitation dans les jours qui ont précédé chacun des deux matchs. La blessure à une main qu’il a subie au camp ne semble donc plus être un facteur dans l’équation. C’est actuellement la recrue Trey Smith, un choix de sixième tour en avril, qui est le partant comme garde à droite. Dans la charte des joueurs des Chiefs, Duvernay-Tardif est le réserviste de Smith, mais a été laissé de côté par l’entraîneur-chef Andy Reid lors des deux premiers matchs, étant l’un des cinq joueurs n’ayant pas revêtu l’uniforme. Alors à moins que Smith en arrache ou qu’il y ait des blessures, Duvernay-Tardif semble destiné à être un réserviste cette saison. Le journaliste Albert Breer, de Sports Illustrated, a rapporté il y a quelques semaines que le nom de Duvernay-Tardif était revenu dans des discussions quant à une possible transaction, mais le joueur de ligne offensive possède une clause de non-échange.

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Q : La loi interdit d’identifier l’auteur d’un acte criminel lorsque celui-ci est mineur. Comment se fait-il que Logan Mailloux n’ait pas profité de ce droit, alors que le fait reproché a été commis alors qu’il avait 17 ans ? – C. Fortin

Réponse de Simon-Olivier Lorange : Au lendemain du plus récent repêchage, quelques lecteurs ont été choqués que les médias, dont La Presse, associent les détails du crime de Mailloux à son nom, puisqu’il était mineur au moment des évènements. Si le crime avait été commis au Québec, son identité serait en effet protégée par la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents. Or, comme son crime a été commis en Suède et qu’il a été traité par le système de justice local, c’est la loi suédoise qui s’applique. Même si un avis de non-divulgation de son identité avait existé là-bas, il n’aurait pas de portée extraterritoriale. Mentionnons, en outre, que Mailloux a lui-même participé à la médiatisation de l’affaire, reconnaissant publiquement les faits avant et après la séance de repêchage.

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Q : Jesperi Kotkaniemi sera de nouveau joueur autonome avec restriction l’été prochain à moins de signer une prolongation de contrat avec les Hurricanes de la Caroline. Quelles sont les particularités contractuelles futures pour une offre hostile valide pour un an seulement ? – David Lefrançois

Réponse de Simon-Olivier Lorange : Maintenant que Kotkaniemi est un membre à part entière des Hurricanes, la manière dont il a signé son contrat – ici par le truchement d’une offre hostile – n’importe plus. Les clauses de la convention qui s’appliquent à lui sont donc celles qui concerneraient n’importe quel autre joueur de son âge, entré dans la LNH au même moment et gagnant le même salaire. La solution la plus « économique » pour les Hurricanes serait de conclure avec lui, pendant la saison, une prolongation de contrat à moyen ou long terme à un salaire annuel plus faible que les 6,1 millions qu’il recevra cette année. Cela donnerait du sens à la manœuvre osée qu’est une offre hostile. Autrement, vu son salaire élevé, une offre qualificative pour conserver ses services devrait être minimalement de 85 % de ce qu'il gagne cette année, mais seulement si un arbitre permet aux Hurricanes de lui offrir moins que 6,1 millions. Car oui, le dossier pourrait cette fois se retrouver devant un arbitre l’été prochain. Si, d’aventure, les Hurricanes décidaient de ne pas lui soumettre d’offre qualificative, Kotkaniemi deviendrait alors joueur autonome sans restriction et pourrait s’engager avec l’équipe de son choix, sans contrainte salariale.

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Q : J’aimerais savoir : quelles sont les règles dans la LNH touchant les joueurs non vaccinés ou qui refusent d’être vaccinés ? – André Houle

Réponse d’Alexandre Pratt : Les hockeyeurs non vaccinés pourront jouer – mais ce sera plus compliqué. Surtout pour les parties au Canada. Chaque fois que ces joueurs traverseront la frontière en provenance des États-Unis, ils devront s’isoler pendant 14 jours. Oubliez ça ; ils resteront simplement aux États-Unis.

En parallèle, les équipes pourront suspendre sans salaire les joueurs « incapables de participer aux activités du club » (avec quelques exceptions pour des motifs médicaux ou religieux). Les joueurs non vaccinés seront testés tous les jours. Et sur la route, ils seront confinés à l’hôtel et à l’aréna. Avec tous ces incitatifs, la Ligue nationale a bon espoir que 99 % des joueurs seront adéquatement vaccinés d’ici le début de la saison.