Même si son attention était principalement tournée vers les Jeux olympiques cette saison, Amélie Kretz était impatiente de concourir devant famille et amis au Triathlon Mondial Groupe Copley, ce week-end, à Montréal. Une blessure l’a toutefois forcée à se retirer dès les qualifications, vendredi après-midi.

Amélie Kretz est revenue de Tokyo le 1er août, après une impressionnante performance aux Jeux olympiques. À peine six jours plus tard, elle a dû se conformer à une quarantaine stricte à l’hôtel en vue de l’épreuve de la Série mondiale de triathlon, qui se tient toute la fin de semaine au Grand Quai du port de Montréal.

Sauf que la triathlonienne avait déjà une « petite blessure au tendon d’Achille » à son retour des Jeux, explique-t-elle. Et comme elle était en quarantaine, elle n’a pu consulter son physiothérapeute. Avec le nouveau format de sprint, elle devait parcourir 300 m de natation, 6,6 km de vélo et 2 km de course.

« Je pensais être capable de pouvoir courir dessus, mais la transition entre la natation et le vélo était vraiment longue. On courait évidemment nu-pieds sur du ciment, donc ça a vraiment irrité mon tendon, ça a vraiment empiré, et je n’étais pas capable de courir après le vélo, malheureusement. »

Après les Jeux de Rio, en 2016, Kretz s’était pourtant promis qu’elle n’allait jamais faire de compétition après avoir pris part à des Jeux olympiques, pour prendre le temps de se rétablir.

La seule raison pour laquelle je voulais faire ces deux courses, c’est que c’était au Canada, dont une à la maison, à Montréal. C’était important pour moi d’être là.

Amélie Kretz

En se retirant de la course, vendredi, elle a du même coup décidé de mettre fin à sa saison, qui devait se terminer le week-end prochain avec la finale du Championnat mondial de triathlon, à Edmonton. Y participer nécessitait de rester dans la « bulle » et, donc, de ne pas encore pouvoir consulter son physiothérapeute.

« C’était un autre risque, et je n’étais pas prête à le prendre », explique-t-elle.

Naturellement, elle est déçue de la tournure des évènements, elle qui concourait devant sa famille et ses amis pour la première fois depuis des années.

« J’aurais meixu aimé finir ma saison sur une note positive, mais mon focus pour cette saison, c’était vraiment Tokyo. La course de Montréal et les Championnats du monde, ç’allait être un bonus. »

« J’ai fait ce que j’avais à faire cette année, ajoute-t-elle. Là, je vais prendre un peu de repos. »

Véritable bataille

Si l’objectif saisonnier d’Amélie Kretz était de faire bonne figure à Tokyo, elle peut dire : mission accomplie. En s’emparant de la 15e place du triathlon féminin, elle a réalisé la meilleure performance canadienne de l’histoire dans cette épreuve. À Rio, elle avait terminé au 34e rang.

En bonne athlète, toutefois, elle visait « un peu plus » que la 15e place.

« Avec une meilleure natation, j’aurais pu avoir un meilleur résultat, soutient-elle. J’ai bien couru et j’étais en bonne forme, donc je pense que j’aurais pu compétitionner à l’avant, mais je n’ai pas eu une très bonne nage, donc je me suis battue pour la 15place. »

« Mais je suis vraiment fière de la façon dont je me suis battue, précise-t-elle. J’ai vraiment tout donné ce que j’avais, donc c’est difficile d’être déçue dans ce temps-là. »

D’autant que l’athlète de 28 ans a dû livrer une véritable « bataille » contre sa propre fédération pour prendre part à l’épreuve individuelle à Tokyo, révèle-t-elle.

« En me qualifiant chez les femmes, j’ai qualifié automatiquement le relais pour le Canada, relate-t-elle. La fédération nationale m’a sélectionnée seulement pour faire le relais à Tokyo, même si j’avais gagné ma place à l’individuel. »

PHOTO LEAH HENNEL, LA PRESSE CANADIENNE

Tyler Mislawchuk

En d’autres mots, Triathlon Canada demandait aux deux Canadiennes, Kretz et Joanna Brown, de ne prendre part qu’à l’épreuve du relais mixte avec Tyler Mislawchuk et Matthew Sharpe, et de laisser tomber celle individuelle, selon Kretz. Les deux hommes, eux, pouvaient prendre part aux deux épreuves.

Pourquoi ?

Je pense qu’ils ont juste arrêté de croire en les femmes au Canada en triathlon. Ils ont vraiment tout misé sur Tyler [Mislawchuk] et ils ont décidé que, nous, on n’était peut-être pas assez bonnes pour faire l’individuel.

Amélie Kretz

Mais les deux femmes ne se sont pas laissé faire : elles ont fait appel de cette décision, engagé de bons avocats et remporté leur cause. Non sans débourser beaucoup de dollars, cependant. Le coût de la facture : 12 000 $.

« Ça a valu la peine de se battre, mais ce n’est pas une préparation idéale, dit-elle. À cause de la COVID-19, la qualification s’est faite tellement tard. On se battait à cinq semaines des Jeux pour avoir notre place pour la course individuelle… »

Repos

Amélie Kretz prendra les deux ou trois prochaines semaines pour souffler et traiter sa blessure. Qu’est-ce que ça fait, une triathlonienne au repos ?

« Pas grand-chose ! », lance-t-elle en souriant.

« Je ne penserai pas au triathlon, je ne m’entraînerai pas de façon structurée, ajoute-t-elle. C’est sûr que j’ai toujours beaucoup d’énergie, donc c’est bien pour moi de sortir et de bouger, mais rien de structuré. Ensuite, je vais m’asseoir avec mon entraîneur, et on va décider du plan pour les prochains mois et les prochaines années. Je pense que j’ai montré une belle progression cette année. »

Une progression qu’elle entend bien poursuivre dans les prochaines années. Elle a d’ailleurs de « gros objectifs » pour les Jeux de Paris, en 2024. Au triathlon, les qualifications commenceront en mai prochain. Déjà, oui.

« C’est sûr que j’ai toujours visé une médaille aux Jeux olympiques, évoque-t-elle. Ce rêve n’est pas encore accompli, donc c’est sûr que je vais avoir ça en tête dans les prochaines années. »

L’épreuve de la Série mondiale se poursuit tout le week-end à Montréal. Les finales de l’épreuve par élimination ont lieu samedi après-midi, tandis que le relais par équipes mixte se tiendra dimanche.

À noter que l’autre Québécois, Jérémy Briand, n’a pu, lui non plus, se qualifier pour la finale individuelle chez les hommes, vendredi. Il sera toutefois du relais mixte, dimanche.