Chaque semaine, les journalistes des Sports de La Presse répondent à une question dans le plaisir, et un peu aussi dans l’insolence

Mathias Brunet

PHOTO FOURNIE PAR MATHIAS BRUNET

Muni de sa dactylo, Mathias regardait les matchs du Canadien de Montréal et « montait » une édition spéciale du lendemain, comme s’il était déjà journaliste.

Je ne sais pas d’où cette idée folle m’est venue. Mais à 12 ans, j’avais un seul but en tête : couvrir le Canadien de Montréal pour le compte de La Presse. Mes grands-parents, Jean et Thérèse Grégoire, m’avaient transmis leur passion pour le hockey, lorsqu’ils m’accueillaient une fois ou deux par mois les samedis soir. C’est à ces occasions que je pouvais regarder les matchs au complet, après avoir avalé mon macaroni au fromage maison, et deux ou trois Whippet. Dryden, Lafleur, Savard, Robinson dominaient encore le reste de la Ligue nationale de hockey. Dès lors, je me suis mis à l’entraînement, comme un athlète le ferait pour son sport, mais dans mon cas pour le journalisme. L’internet n’était évidemment pas encore inventé en 1984. Alors, muni de ma machine à écrire, je regardais les matchs du Canadien et je « montais » mon édition spéciale du lendemain. Et chaque fois qu’il m’arrivait de passer devant l’édifice de La Presse, rue Saint-Antoine, je poussais un soupir d’espoir en me disant qu’un jour, j’y serais. J’ai encore ce souvenir vif, en voyant les gratte-ciel de la Big Apple apparaître, de l’autobus du Canadien dirigé par Jacques Demers, en janvier 1995, à la veille du match d’ouverture, mon premier en carrière, après le lock-out, de sentir qu’une grande aventure commençait. Merci, grand-moms et grand-pops, où que vous soyez, pour l’inspiration…

Miguel Bujold

J’avais 6 ou 7 ans lorsque j’ai commencé à me rendre au dépanneur du coin pour acheter des journaux. À l’époque, c’était surtout pour obtenir les résultats et les statistiques de la LNH et des autres grandes ligues de sport professionnel. Le couple à qui appartenait le dépanneur s’émerveillait qu’un enfant de cet âge puisse s’intéresser autant à des statistiques sportives. Ils ne manquaient d’ailleurs pas de préciser aux autres clients dans le dépanneur que j’achetais les journaux pour moi-même. Avant longtemps, je dévorais à peu près tous les textes de la section des Sports en plus des chiffres. Dans les tournois de hockey auxquels je participais, je restais toujours dans les gradins après les matchs de mon équipe pour voir les autres qui allaient être disputés, et c’était pas mal la même chose durant la saison et les éliminatoires. Je suivais ce qui se passait dans TOUTES les catégories. Vers 11 ou 12 ans, j’ai commencé à rédiger des revues de sport qu’à peu près personne ne lisait, mais qui me passionnaient au plus haut point. Qu’il s’agisse de la LNH, de la NFL, du baseball majeur, de la LCF, des Jeux olympiques, du tennis ou même de la boxe, je m’intéressais déjà à la plupart des sports au début des années 1980, alors que j’étais en première ou en deuxième année. Il était donc déjà assez clair dès cet âge que le sport occuperait une grande partie de ma vie. Lorsque le goût de l’écriture est apparu quelques années plus tard, il n’y avait plus vraiment de doute. Avant même d’arriver à l’école secondaire, je savais que je voulais être journaliste sportif.

Férédérick Duchesneau

J’ai toujours adoré le sport. Chaque matin, à partir de l’âge de 5 ans, je crois, j’allais acheter le Journal de Montréal au dépanneur le plus près de chez moi. J’y dévorais les sports et je terminais avec les pages de statistiques que j’apprenais par cœur. Littéralement. Mon amour du sport n’a donc jamais fait de doutes. Il est inné. Parallèlement, d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé écrire. Malgré le fait que ces deux éléments semblent pointer vers le journalisme sportif écrit, le lien entre les deux ne s’est pas établi instantanément. J’ai d’abord pris de nombreux détours universitaires, du droit aux études cinématographiques en passant par les sciences de l’activité physique. Tout m’intéressait, mais jamais au point de décider de m’y « caser ». Donc, le journalisme allait me permettre de toucher à tout. Ça allait pourtant de soi. Mes amis vous le confirmeraient. À certains égards, je peux être lent… Et puis, après une quinzaine d’années dans le métier, la porte des Sports s’est ouverte à La Presse. Ça ne s’est pas fait en un claquement de doigts. Mais, comme en voyage, le trajet scolaire et professionnel peut être au moins aussi intéressant que la destination. En plus, dans ce cas-ci, la destination valait vraiment le coup.

Richard Labbé

Vers l’âge de 9 ou 10 ans, mon plan de carrière était très défini, et très clair aussi : devenir guitariste pour KISS (à ce jour, j’estime que c’est encore possible, mais bon, ce sera une histoire pour une autre fois). Je pense que c’est vers l’âge de 13 ans que j’ai écrit mes premières « chroniques » dans Le Jacasseur, le très célèbre « journal » de la bibliothèque Langelier. Le Jacasseur était très lu dans tout le quartier (OK, il était lu par environ quatre personnes), mais je me souviens à quel point mes « chroniques » provoquaient la discussion dans le local d’impro, et je me souviens surtout de la fierté de tenir ça dans mes mains quand c’était enfin publié. C’est comme ça que ça a commencé pour moi. Comme ça, et aussi parce que mon grand cousin Francis, qui s’était naguère improvisé médium, m’avait prédit une carrière de journaliste, malgré mes aspirations de rock star. Il a eu raison, un peu à mon grand désarroi.

Guillaume Lefrançois

Difficile d’identifier un moment en particulier, mais je dirais que cette tendance à retenir beaucoup, beaucoup d’informations inutiles sur le sport était un signe avant-coureur assez clair. Probablement à force de regarder mes albums d’autocollants Panini, j’en suis venu à être assez fort sur les dates d’anniversaire. Par exemple, je vais toujours me rappeler que Kal Daniels partage sa date de fête avec moi, et que celle de Shayne Corson est exactement une semaine avant la mienne. J’avais toutefois des failles, comme ce matin du 14 décembre, jour de la fête de ma marraine Nicole. Pierrette me demande donc : sais-tu c’est la fête de qui aujourd’hui ? Et moi de lui répondre : Bob Gainey ? J’étais finalement une journée en retard, la fête de Gainey était le 13. Désolé, Bob !

Simon-Olivier Lorange

ARCHIVES LA PRESSE

Page du cahier des Sports de l’édition du 15 mai 1996

Le déclic de ma fibre du journalisme sportif ? Simplement la toute première entrevue que j’ai menée pour le journal étudiant de l’université en 2005. Mais des indices remontent à bien plus loin. J’ai en tête ces piles de papier à imprimante – celui troué sur les côtés – que mon père rapportait du bureau pour qu’on puisse dessiner sur la face sans encre. Chaque printemps, je m’empressais d’aiguiser mes Prismacolor et de dresser mon propre tableau des séries éliminatoires de la LNH, ouvertement inspiré (copié) de celui publié dans le tabloïd des Sports de La Presse. Les logos des clubs étaient épouvantables. Or, chaque matin, je me faisais néanmoins un devoir de remplir les cases avec les pointages du jour en écoutant les faits saillants à la télévision. Avec la case noircie pour l’équipe gagnante et le petit « p » pour une victoire en prolongation, s’il vous plaît ! Un exercice futile, puisque j’aurais pu simplement découper le tableau du journal, mais auquel je tenais néanmoins afin de demeurer le plus à jour possible sur l’avancement des séries. Était-ce un prélude aux heures que je passe aujourd’hui à compiler et croiser des statistiques sur Excel ? Allez savoir.