La randonnée a été particulièrement plaisante, avec les arbres qui verdissent enfin et les fleurs sauvages qui pointent la tête. Mais quel est ce gros point noir sur la peau du randonneur, en haut de la cuisse? Zut! Une tique! Que faire?

Il existe beaucoup d’information sur les tiques et la maladie de Lyme sur l’internet. Un site, etick.ca, conçu et mis en place par une professeure de l’Université Bishop’s, est particulièrement utile. On explique comment retirer l’affreuse bibitte, comment la photographier et comment la soumettre au site pour la faire identifier.

La photo rejoint une base de données et vient enrichir une carte interactive qui permet aux citoyens et aux scientifiques de savoir dans quel coin se cache la vilaine bestiole.

«J’avais envie de développer quelque chose qui donnerait de l’information spécifique aux gens et qui permettrait d’ajouter des milliers de nouveaux techniciens de terrain afin de suivre l’évolution des changements de distribution», explique Jade Savage, professeure de biologie à l’Université Bishop’s.

La distribution des tiques a effectivement beaucoup changé au cours des années. Il y a une vingtaine d’années, on ne trouvait pas de tiques à pattes noires dans l’est du Canada. C’est cette espèce de tique, Ixodes capularis, qui peut transmettre la maladie de Lyme.

Une autre espèce de tique, la tique étoilée, qui peut provoquer d’étranges allergies, n’est pas encore présente au pays, mais elle pourrait un jour s’y installer.

«On ne s’énerve pas, mais on la garde à l’œil, indique Mme Savage. Etick.ca nous permet de faire ça parce que nous avons des gens qui ont les yeux ouverts partout. C’est plus efficace en termes de capacité à ratisser le terrain que lorsqu’on doit utiliser des équipes du gouvernement ou du milieu académique. Nous n’avons pas les fonds pour faire ça.»

Le téléphone à la rescousse

Mme Savage enseigne surtout l’entomologie et la biologie des invertébrés. Il y a quelques années, elle a réalisé qu’il y avait peu d’informations spécifiques sur les tiques et la maladie de Lyme au Québec.

«En ayant des discussions avec des collègues à la Santé publique, j’ai suggéré de créer un projet de sciences citoyennes, comme ebutterfly et ebird, des projets basés sur des recensements effectués par le grand public, qui nous permettrait de faire des suivis très serrés de certaines espèces», dit-elle.

Les collègues ont toutefois douté qu’il soit possible d’identifier des tiques avec des photos prises par des téléphones cellulaires.

«Je leur ai dit de me donner encore un an, que ça s’en venait. J’avais raison : on peut maintenant prendre de très bonnes photos avec un iPhone.»

Dans certaines provinces, il est possible d’envoyer les tiques à la Santé publique pour les faire identifier, mais c’est un processus qui peut prendre plusieurs semaines.

«Ça peut être pas mal stressant quand on pense qu’on aurait pu contracter la maladie de Lyme.»

Les équipes du site etick.ca, situées au Québec, en Ontario et au Nouveau-Brunswick, peuvent généralement identifier les tiques en moins de 24 heures. Elles fournissent de l’information sur la marche à suivre, sur les ressources propres à chaque province.

«La réponse étant très rapide, nous pouvons orienter les gens, indique Mme Savage. Par exemple, au Québec, on offre dans plusieurs régions une prophylaxie post-exposition, soit une dose d’antibiotique qui doit être prise dans les 72 heures suivant la piqûre.»

Ainsi, les gens peuvent prendre une décision appropriée s’ils apprennent qu’ils ont été piqués par une tique à pattes noires.

«Et s’ils apprennent que ce n’est pas cette tique-là, ils peuvent dormir tranquille.»

En effet, à l’heure actuelle, on considère que la tique à pattes noires est la seule tique de l’est du pays qui peut transmettre la maladie de Lyme.

La carte géographique est particulièrement intéressante: elle permet de voir que les tiques se retrouvent surtout dans le sud du Québec et de l’Ontario, mais on a quand même trouvé des tiques à pattes noires au Saguenay, à Sudbury et près de Moncton.

«Les gens pensent qu’il y a peu de tiques dans leur cour, dans leur rue, que ça vient d’ailleurs, souligne Mme Savage. Ce n’est pas vrai, ça commence à se rapprocher.»

Ce n’est pas une mauvaise idée de consulter la carte avant une randonnée ou un voyage de camping.

«Notre but, ce n’est pas de faire peur, mais d’informer et de mieux se préparer. On encourage les gens à continuer à aller dehors. On ne veut surtout pas qu’ils réduisent leurs activités, mais simplement qu’ils s’examinent davantage.»

Pour éviter les piqûres de tiques, on peut privilégier les vêtements longs et mettre du chasse-moustiques sur les parties exposées du corps.

Le risque de contracter la maladie de Lyme est faible si la tique reste accrochée à la peau moins de 24 heures. Ça donne le temps de détecter la bestiole et de l’enlever délicatement avec une pince à sourcils. On place celle-ci le plus près possible de la peau et on tire la tique sans la tourner ou l’écraser. L’affreuse bibitte est alors prête pour une séance photo.

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Le chiffre de la semaine: 57

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