Un mur bombé haut de 16,7 mètres (55 pieds) surplombant une piscine olympique. Des grimpeurs sans corde, sans harnais, sans protection. Des duels risqués vers le sommet. D'innombrables chutes pouvant atteindre une vitesse de 65 km/h. La compétition d'escalade extrême Psicobloc Open Series se déroule à compter d'aujourd'hui et jusqu'à samedi au parc Jean-Drapeau de Montréal. Il s'agit d'une première au Canada.

«La compétition est spectaculaire parce qu'il s'agit d'un format de courses en duel. Les athlètes qui grimpent par deux veulent atteindre le haut de la paroi avant leur adversaire afin de passer à la ronde suivante. Ça crée une pression de faire vite et ça augmente les risques de faire des erreurs. On prévoit beaucoup de chutes», dit Sophie Claivaz-Loranger, coorganisatrice de l'événement. Le côté «ninja warrior» permettra, espère-t-on, de créer un engouement pour l'escalade chez tout un chacun. On attend sur place 1000 spectateurs par jour, vendredi et samedi.

Le psicobloc (ou deep-water soloing) est une forme d'escalade habituellement pratiquée en milieu naturel, en solo et sans sécurité, sur des falaises donnant sur des plans d'eau. La pratique a été popularisée dans les années 70, mais compte peu d'adeptes, probablement en raison de son caractère extrême et des contraintes géographiques.

Le célèbre grimpeur californien Chris Sharma en est une figure de proue.

C'est d'ailleurs Sharma qui a eu l'idée d'organiser une première compétition sur mur artificiel inspirée du psicobloc. Un événement regroupant plusieurs grimpeurs vedettes a d'abord été présenté en 2013, à Salt Lake City. « Au Canada, c'est une première édition. Ce type de compétition est encore rare, pas très connu, mais on sent l'intérêt grandissant. Plusieurs grimpeurs disent que c'est la manière la plus pure de grimper, de faire de l'escalade dehors, en nature et sans corde », dit Mme Claivaz-Loranger.

Quelque 200 grimpeurs avancés et professionnels venant d'Amérique du Nord, d'Amérique du Sud et d'Europe sont attendus. Une bourse totalisant 20 000 $ sera partagée entre les gagnants de chacune des catégories.

La grimpeuse québécoise Babette Roy, 16 ans, participera à l'événement. «J'y vais entièrement pour le plaisir! Je suis vraiment excitée, c'est un gros événement. J'aurai assurément une bonne dose d'adrénaline», dit-elle. L'athlète, qui vise une participation aux Jeux olympiques de 2024, est championne de l'épreuve de blocs au Championnat panaméricain junior 2017.

Enfant, elle grimpait partout: dans les arbres, sur les poteaux et même sur les cadres de porte. Sur un mur bombé au-dessus de l'eau? C'est la première fois et ça ne l'inquiète pas outre mesure. «L'aspect duel sera davantage stressant, confie-t-elle. Voir la grimpeuse à côté de moi pourrait m'inciter à aller trop vite. J'ai vu le mur, il est haut, mais ça ne m'effraie pas de tomber. Peut-être parce que je ne m'en rends pas encore compte? Quand je serai là-haut, ce sera peut-être une autre histoire...»

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