Le ministre des Sports de la Russie, Vitaly Mutko, a nié les allégations avancées dans un documentaire allemand à savoir qu'il serait intervenu afin de camoufler le test antidopage positif d'un proéminent joueur de soccer.

Ses propos ont été rapportés par des agences russes, jeudi. Mutko a rejeté ces allégations et prétend que le documentaire était biaisé, ayant pour objectif de démontrer que les efforts de lutte au dopage de la Russie ne sont pas sincères.

Le documentaire, présenté par la chaîne allemande ARD, montre un document portant les initiales de Mutko. Selon la chaîne, il s'agit d'une preuve que le ministre a aidé à camoufler le test positif d'un joueur non-identifié de l'équipe de Krasnodar. Mutko a pour sa part indiqué que cette preuve était risible.

«Les initiales pourraient être celles de quelqu'un d'autre, a dit Mutko dans des propos rapportés par l'agence TASS. Des milliers de personnes m'utilisent comme référence. Comment puis-je aider quelqu'un à cacher des choses? En les détruisant moi-même? C'est risible et invraisemblable.»

La présentation du documentaire est survenue alors que la Russie espère voir la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) lever la suspension de ses athlètes à temps pour leur permettre de participer aux Jeux olympiques de Rio.

Mutko a blâmé les accusations sur Grigory Rodchenkov, l'ancien dirigeant du laboratoire antidopage de Moscou qui habite maintenant à Los Angeles et qui a dévoilé les détails du système de dopage russe dans une entrevue accordée au New York Times le mois dernier. Rodchenkov a mentionné qu'il avait lui-même changé les échantillons d'urine positifs pour des échantillons propres au laboratoire utilisé pendant les Jeux olympiques d'hiver de Sotchi, en 2014, avec l'aide de personnes qu'il croyait être des agents du service de sécurité russe.

«Il a une cible - moi, a dit Mutko au sujet de Rodchenkov. Je ressens dans chacune de ses entrevues qu'il me déteste. C'est une attaque ciblée contre la Russie, une attaque calculée et bien organisée. M. Rodchenkov travaille pour les gens qui lui ont offert un refuge.»

Dmitry Peskov, porte-parole du président Vladimir Poutine, a indiqué jeudi que le Kremlin traitait les allégations de ARD comme diffamatoires et appuyait Mutko.

«Les allégations ne sont pas convaincantes et ne sont pas appuyées par des preuves substantielles», a-t-il dit, accusant les dénonciateurs russes, qui ont aidé à faire lumière sur les programmes de dopage après avoir fui la Russie pour «quelques pièces d'argent».

Le ministre des Sports a mentionné dans un communiqué publié plus tard jeudi que Rodchenkov avait été congédié du laboratoire antidopage de Moscou quand les autorités ont découvert qu'il «trompait la communauté antidopage».

«Il a prétendu être un spécialiste antidopage réputé et a reçu une reconnaissance internationale du mouvement antidopage pour son travail, a dit Mutko. Mais dans les faits, Rodchenkov a été impliqué dans des activités illégales qui violent l'esprit des sports depuis plusieurs années, ce qu'il a lui-même admis après son congédiement. On doit toujours penser à ça quand on prend connaissance de ses propos.»

Le documentaire de l'ARD a également mentionné avoir appris de la bouche d'un athlète que l'ancien entraîneur russe de marche athlétique, Viktor Chegin, qui a été banni à vie, a été aperçu entraînant des athlètes en secret à Adler, près de Sotchi.

Mutko a déclaré jeudi que Chegin avait été congédié, mais qu'il n'était pas impossible que quelqu'un l'ait approché pour l'entraîner de manière informelle.

Le documentaire accuse aussi la conseillère de Mutko en matière de dopage, Natalia Zhelanova, d'avoir négocié les paiements et les pots-de-vin à l'IAAF pour fermer les yeux sur les résultats positifs d'athlètes russes et d'avoir constamment nui au travail du laboratoire de Moscou.

«Ces allégations sont fausses et sont faites par une personne déchue, qui était en désaccord avec moi sur l'importance du sport juste et propre», a déclaré Zhelanova sur Twitter.