Le boxeur canadien George Chuvalo passe pour avoir été le poids lourd le plus endurant de l'histoire. Il a remporté 73 de ses 93 combats, mais on se souvient surtout de ses défaites honorables contre des champions de la trempe de Muhammad Ali, Joe Frazier, George Foreman ou Floyd Patterson, atteignant toujours la limite du combat contre ces redoutables boxeurs.

Il assure d'ailleurs n'avoir jamais été envoyé au tapis, même si sa fiche officielle indique deux knock-out. «La première fois [contre Oscar Bonavena], j'ai simplement glissé et j'ai mis la main au tapis pour retrouver mon équilibre, a-t-il expliqué en entrevue. La deuxième fois [contre Mike DeJohn], c'est moi qui l'ai envoyé au tapis!»

Chuvalo estime candidement avoir été doué pour recevoir des coups. «Mon physique m'avantage, a-t-il raconté en riant. J'ai une grosse tête, une mâchoire solide, un cou très court, des épaules larges et rondes.

«Sur le ring, j'étais un bien meilleur boxeur défensif que les gens le croyaient. En fait, je n'ai pratiquement pas reçu de coups vraiment dangereux au cours de ma carrière et, pour un boxeur, je ne porte pas trop les traces de ma carrière. Je peux parler à peu près normalement et j'ai toute ma tête, enfin presque...»

Chuvalo était à Las Vegas récemment pour une cérémonie entourant le 70e anniversaire de Muhammad Ali. Ce dernier, on le sait, souffre de la maladie de Parkinson et ne peut plus se déplacer qu'en fauteuil roulant. De quatre ans son aîné, Chuvalo cache mieux ses blessures.

Tragiquement, c'est hors des rings que Chuvalo a encaissé ses coups les plus durs. Pendant toute sa carrière, Chuvalo n'a pas toujours été bien entouré, ni toujours très présent auprès d'une famille de cinq enfants dans l'un des quartiers les plus durs de Toronto.

Ses fils Jesse, George Lee et Steven sont morts d'une surdose de drogue; sa femme s'est suicidée quelques jours après la mort de George Lee... «Je n'ai survécu que grâce à l'amour de mes deux autres enfants, a-t-il expliqué. Je n'ai pas vraiment dormi pendant des mois. Je me suis demandé comment j'aurais pu éviter tout cela.

«Aujourd'hui, je crois que mes fils et ma femme aimeraient voir que je vais dans les écoles, dans les prisons, un peu partout, pour parler aux gens et les mettre en garde contre les dangers de la drogue. C'est si facile de gâcher sa vie, si facile de succomber...»