Pour s'ouvrir la route d'un deuxième titre après celui de 1987, les All Blacks doivent écarter en demi-finale l'Australie, leur voisin, rival et bête noire en Coupe du monde, dimanche à l'Eden Park d'Auckland (21h locales, 4h heure du Québec).

Pour les All Blacks, les demi-finales mondiales sont souvent synonymes de malheur. Face aux Wallabies, elles sont synonymes d'élimination. Sur les cinq qu'ils ont jouées (1987, 1991, 1995, 1999, 2003), les Néo-Zélandais en ont perdu trois, dont deux face aux Wallabies (16-6 en 1991, 22-10 en 2003).

Aussi, dans le camp néo-zélandais, la sérénité a laissé la place à une «détermination silencieuse», selon l'entraîneur Graham Henry. «Les joueurs sont plus calmes que d'habitude, peut-être parce que c'est un match très important. C'est peut-être leur match le plus important depuis dix ans», souligne-t-il.

Les All Blacks abordent cette rencontre capitale sans la certitude qui les a guidés vers leurs cinq premiers succès dans la compétition.

Après leur maître à jouer Dan Carter le 2 octobre, ils ont perdu sur blessure sa doublure désignée, Colin Slade, et l'arrière aux 100 sélections Mils Muliaina. Et le capitaine Richie McCaw doit toujours composer avec son pied droit qui le fait souffrir et l'empêche de s'entraîner normalement.

Ce pied fait trembler tout un pays qui connaît l'importance du troisième ligne face à celui qu'on présente comme son héritier: l'Australien David Pocock.

En quart de finale, sans «leur» troisième ligne-gratteur Heinrich Brussow, les tenants du titre sud-africains ont vu leur hégémonie territoriale et dans la possession du ballon réduite à néant presque par la seule activité du flanker australien de 23 ans. Ils ont été battus (11-9).

Les Wallabies ont trouvé la clé

Signe de méfiance, la presse locale et l'encadrement des All Blacks ont ressorti cette semaine les vieilles recettes utilisées jusque-là par leurs adversaires à l'encontre de McCaw, en soulignant que M. Lawrence, arbitre d'Australie - Afrique du Sud, avait été clément avec Pocock... Une façon de mettre la pression sur le Sud-Africain Craig Joubert, qui dirigera les débats dimanche.

David Pocock est le bras armé de la nouvelle génération australienne des Will Genia, Quade Cooper, James O'Connor et Kurtley Beale - dont la participation au match sera décidée samedi - qui pose problème aux All Blacks.

Aucune équipe ne les a autant battus depuis un an (deux fois en trois matches) que l'Australie... du Néo-Zélandais Robbie Deans, successeur désigné de Graham Henry après l'élimination historique des All Blacks en quart de finale en 2007, avant que la Fédération néo-zélandaise ne fasse marche arrière.

Le dernier succès des Wallabies sur leurs voisins, le 27 août à Brisbane (25-20), leur a offert le titre dans le Tri-Nations qu'ils n'avaient plus remporté depuis 2001. «On ne peut pas se reposer là-dessus, prévient le centre Pat McCabe. Les dernières rencontres nous ont beaucoup appris sur ce qui marche et ce qui ne marche pas face à eux, mais ce match sera complètement autre chose».

Depuis, les All Blacks ont réalisé, malgré quelques aléas, un parcours sans faute dans le Mondial alors que les Wallabies ont affiché certaines faiblesses au niveau du pack et dans la gestion incontrôlée du jeu par Quade Cooper, qui les notamment menés à une défaite lors de la phase de poules face à l'Irlande (15-6). Une défaite qui a contribué à avancer d'une semaine ce All Blacks - Wallabies, considéré par beaucoup comme une finale avant la lettre.