Depuis le temps que son nom résonne sur toutes les sphères du globe, et avec tous ces honneurs et ces titres qu'il collectionne depuis au moins dix ans, on pourrait penser que la carrière d'Alexandre Despatie est à son crépuscule. Or, il n'y a rien de plus faux.

D'abord, à 24 ans, le Lavallois est encore bien jeune, et l'histoire recèle de plongeurs ayant monté sur le podium à l'aube de la trentaine (l'Italien Klaus Dibiasi et l'Américain Greg Louganis), et même passé ce cap (le Russe Dmitri Sautin).

Aussi, la compétition demeure son principal carburant et maintenant qu'il semble en mesure de maîtriser ses maux de dos, Despatie se sent d'attaque pour concrétiser les grands rêves qu'il caresse.

Il l'a clairement affirmé dimanche après-midi à son retour des Championnats mondiaux aquatiques de Rome, où il a mérité des médailles de bronze au tremplin de trois mètres et au tremplin synchronisé de trois mètres, avec Reuben Ross.

«Ce qui a été difficile pour moi, c'est de passer deux ans sans faire beaucoup de compétitions. Si je suis en amour avec le plongeon, c'est à cause de la compétition, des voyages et de la possibilité d'être avec mes amis. C'est hyper important pour moi», a confié le Lavallois.

«J'ai un gros horaire de compétitions l'année prochaine et je dois m'assurer d'être en santé. . Des gens me disent que j'ai tout gagné, mais je n'ai pas triomphé aux Olympiques. Ce n'est pas une question d'âge. Dmitri Sautin a gagné des médailles lors de cinq Jeux différents. À Londres (en 2012), je vais être pas mal plus vieux que la plupart des plongeurs, mais je suis un compétiteur et si l'entraînement continue de bien aller, ça (l'âge) n'enlève rien à mes chances de gagner.»

Un cran de plus

Pour concrétiser ses objectifs et damer le pion à ses rivaux de la Chine, Despatie sait qu'il lui faudra ouvrir la machine encore plus grande. Pour ce faire, il devra, en quelque sorte, se compliquer l'existence.

«Il me faudra apprendre de nouveaux plongeons, avec de plus hauts coefficients de difficulté. Même à notre niveau, on doit le faire pour suivre le rythme. Aujourd'hui, un Chinois peut se présenter à une compétition et effectuer un plongeon que tout le monde fait, en y ajoutant une vrille où en changeant de position, ce qui fait monter le coefficient de difficulté», a précisé Despatie, qui compte reprendre l'entraînement dans deux semaines.

Cela ne signifie pas que le Lavallois modifiera de fond en comble sa liste actuelle de plongeons, d'autant plus qu'il aura à expérimenter diverses figures afin de bien s'assurer qu'il n'aggrave pas ses malaises au dos.

«Je pense que si j'ajoute un seul plongeon doté d'un gros coefficient de difficulté, ce sera suffisant pour être compétitif», estime Despatie.

«La constance demeure la clé du succès, a-t-il ajouté, car plus tu effectues de plongeons à haut coefficient de difficulté, plus tu ajoutes du stress. L'important, c'est de rester sous contrôle. Quant au mal de dos, on va tester divers plongeons pendant les entraînements et on verra comment je réagis.»

S'il parvient à apprivoiser au moins un nouveau plongeon et si les ennuis physiques l'abandonnent enfin, Despatie se pense capable de gravir la plus haute marche du podium, entre autres à Shangaï qui sera le théâtre d'une épreuve de la Coupe du monde FINA en 2010, et des prochains Championnaux mondiaux aquatiques, l'année suivante.

«C'est vrai que le reste du monde commence à être tanné de voir les Chinois gagner tout le temps, mais ils sont de moins en moins dominants», affirme Despatie.

«On l'a vu à ces championnats. Ils ont gagné beaucoup de médailles, mais moins qu'aux Olympiques, et leurs performances étaient moins convaincantes. Ils ne sont pas invincibles, ils sont humains comme tout le monde, et je pense qu'ils commencent à ressentir la pression. Il faut travailler plus fort, puis plus fort encore pour les battre. Mais c'est vrai que ce serait incroyable de gagner en Chine.»