Le maillot a changé. Mais pas le gars. Même à New York, même au son de ce tapage médiatique qui ne veut pas cesser, Brett Favre demeure Brett Favre: celui qui ne s'en fait pas trop, celui qui reste calme quand tout le monde s'énerve. La pression, les méchants médias, les partisans qui veulent un Super Bowl tout de suite? Le quart-arrière de 38 ans n'y pense pas.

En fait, il pense plutôt à faire gagner son équipe. Il pense à ne pas perdre. Comme d'habitude

«Ce qui me motive, c'est ma crainte de l'échec, a dit le Broadway Brett avant l'entraînement des Jets, hier au New Jersey. Pour moi, c'est comme ça avant chaque saison, avant chaque match. Ça n'a pas changé.»

Voilà en plein ce que les fans des Jets, assoiffés de Super Bowl depuis 40 ans (rien de moins), veulent entendre. Car si monsieur Favre ne change pas trop et s'en tient à ce qu'il fait de mieux, les Jets vont assurément retrouver le sentier de la gloire. Du moins, c'est ce que tout le monde espère par ici.

Hier en tout cas, Brett Favre avait l'air du même gars calme et confiant que l'on a connu à Green Bay. Barbe grise pour aller avec son t-shirt gris, monsieur s'est même permis de pousser quelques blagues pour détendre l'atmosphère, avouant, entre autres, ne pas tout savoir du livre de jeux des Jets à trois jours du début de la saison. «De toute façon, on ne va pas utiliser la moitié de ces jeux-là!» a-t-il expliqué en provoquant l'hilarité générale chez les membres des médias.

Les Giants, en ouverture

Aucun doute, l'étoile du Broadway Brett scintille plutôt fort dans le ciel new-yorkais. Hier, c'était sa photo qui ornait la première page d'un populaire tabloïd local, même si cet honneur aurait pu revenir à Eli Manning, dont les Giants ont tout de même remporté le dernier Super Bowl, un léger détail qui semble avoir échappé à certains. Les Giants vont entreprendre la défense de leur titre ce soir au Giants Stadium, en accueillant les Redskins de Washington dans le cadre de la grande soirée d'ouverture de la NFL. Mais hier à New York, c'était Brett, Brett et encore Brett.

Dans les journaux de la ville, on parle déjà de la «Bataille sur Broadway», façon un peu exagérée de souligner tout l'intérêt provoqué par Favre et par «l'autre équipe» (ça, c'est les Giants) dans la région. Un chroniqueur vedette de la presse locale s'est même permis d'évoquer la possibilité d'une grande finale Jets-Giants au prochain Super Bowl

Brett Favre, lui, s'est bien gardé de faire de grandes déclarations. «Je mentirais si je disais que je suis totalement confortable mais je dois dire que je suis très confiant en l'équipe que nous avons présentement.»

Déjà capitaine...

Il n'y a pas que les médias et les fans qui bavent d'admiration devant monsieur; ses nouveaux collègues aussi. Ainsi, le vétéran a été nommé parmi les capitaines en attaque chez les Jets même si son expérience à titre de quart de cette équipe se limite à deux matchs préparatoires!

«J'en suis honoré, a-t-il répondu. Mais ça me rend aussi un peu inconfortable. J'ai l'impression qu'il s'agit de quelque chose que je dois mériter.»

Ça veut donc dire que les joueurs des Jets, en votant pour Favre, ont jugé que leur nouveau quart a suffisamment impressionné depuis qu'il est avec eux. Sa fiche en deux sorties préparatoires: 14 en 18, 144 verges de gains et une passe de touché.

«Je ne veux pas qu'on se base sur mes performances du passé ou sur ma longévité, a ajouté Favre. Toutes ces choses sont importantes, mais ce qui est important, c'est ce que je fais ici, comment je vais me comporter comme coéquipier, quelle sorte de leader je suis.»

Le principal intéressé a vu neiger. Il sait que la lune de miel va être assez brève si les bonnes performances ne suivent pas. Il sait aussi que tout le monde l'aura à l'oeil lors du premier match de la saison des Jets, dimanche après-midi à Miami. «Je ne suis pas ici pour être un dieu, et je ne suis pas ici pour me faire malmener non plus, a-t-il dit. Je suis ici pour aider l'équipe à gagner.»

Comme d'habitude, quoi.