De son propre aveu, Anthony Calvillo n'était pas le plus efficace des passeurs lorsqu'il a fait ses débuts dans la Ligue canadienne de football, avec le Posse de Las Vegas, en 1994. Quatorze ans plus tard, Calvillo s'est fait une niche parmi les plus grands quarts de l'histoire du circuit, une épithète qu'il solidifiera avec sa prochaine passe de touché, qui sera la 300e de sa carrière.

Comble du hasard, cet exploit risque fort de se produire devant ses partisans jeudi soir lors de la visite des Tiger-Cats de Hamilton, l'équipe qui l'a libéré en mars 1998. Et lorsqu'il rejoindra l'un de ses coéquipiers dans la zone payante, jeudi ou lors d'un match suivant, Calvillo deviendra seulement le quatrième quart dans l'histoire du circuit à atteindre le plateau des 300 passes de touché, derrière Damon Allen (394), Ron Lancaster (333) et Matt Dunigan (306).

Conscient du fait d'armes qui est à sa portée, comme les nombreux autres qu'il a réalisés lors des saisons précédentes, Calvillo choisit de rendre hommage à ses coéquipiers quand vient le temps d'expliquer un tel rendement. Et il préfère se rappeler des succès collectifs plutôt que de ses réussites individuelles.

«Je me considère chanceux d'avoir pu jouer avec de grands joueurs, ici à Montréal, a-t-il dit avec humilité. C'est ici que ma carrière a véritablement pris son envol, il y a eu beaucoup de talent autour de moi et c'est ce qui m'a aidé le plus. Ce fut un plaisir que d'avoir contribué à autant de victoires et d'avoir participé à tant de matchs de championnat. Je veux continuer dans cette veine.»

Des statistiques stupéfiantes

Lorsque Calvillo a fait ses premiers pas dans la LCF, il avait feuilleté le livre des records de la ligue. Il y avait vu le nom de Lancaster, l'ancienne grande vedette des Roughriders de la Saskatchewan dans les années 60 et 70. Calvillo était resté abasourdi devant les chiffres qu'avait amassés Lancaster au cours de sa glorieuse carrière.

«Je trouvais incroyable qu'un quart puisse accumuler plus de 50 000 verges par la passe et jouer pendant 19 saisons, et je me demandais s'il était possible de s'approcher de tels exploits, raconte Calvillo qui occupe aujourd'hui le deuxième rang dans l'histoire du football canadien avec plus de 54 000 verges de gains aériens en carrière. Quinze ans plus tard, je dois admettre que je n'avais jamais pensé atteindre un tel niveau.

«Au début de ma carrière, ajoute Calvillo, j'étais très irrégulier et il m'est arrivé de me demander si je parviendrais à tenir mon bout dans cette ligue. Tout a changé ici à Montréal, grâce au système de jeu qui était en place et aux joueurs de talent qui m'ont entouré. Tout est devenu beaucoup plus facile pour moi.»

Lorsqu'il jette un survol sur sa belle carrière avec les Alouettes, Calvillo ne considère pas qu'un élément marquant a servi de déclencheur. Il croit s'être hissé dans les hautes sphères des passeurs de la ligue en gagnant ses galons, graduellement.

«Lorsque je suis arrivé ici après deux mauvaises saisons à Hamilton, je devais d'abord gagner le respect de mes coéquipiers, m'assurer qu'ils se sentent à l'aise et aient confiance en mes habiletés à mener l'équipe à la victoire. Chaque fois que j'ai eu la chance de jouer, j'ai pu aider l'équipe à remporter des matchs. Lors de ma première saison, j'ai amorcé six rencontres et nous en avons gagné quatre. A chaque fois que j'ai eu l'occasion de sauter sur le terrain, j'ai pu bâtir ma confiance, et obtenir celle de mes coéquipiers et de toute l'organisation en même temps.»

L'un des joueurs talentueux auxquels Calvillo fait allusion est Ben Cahoon. Le receveur canadien a fait ses débuts avec les Alouettes en 1998, tout comme Calvillo, et les deux hommes sont devenus de grands complices. D'ailleurs, des 299 passes de touché en carrière de Calvillo, 52 ont abouti dans les mains de Cahoon.

«Sa régularité, sa longévité et son professionnalisme sont les points saillants de sa carrière, soutient Cahoon. Anthony a toujours accordé beaucoup d'importance à sa façon de se préparer, semaine après semaine. Il a toujours mis l'accent sur le travail, et même s'il a acquis beaucoup d'expérience, il continue de faire ses devoirs. Encore aujourd'hui, il a la même routine qu'à ses débuts. Il consacre autant d'heures à sa préparation qu'il y a dix ans.»