Joachim Alcine a beaucoup de respect pour Daniel Santos, qui sera son adversaire ce vendredi au stade Uniprix du parc Jarry à l'occasion de la deuxième défense de son titre de champion du monde WBA des super mi-moyens, sa première contre un aspirant obligatoire. Il ne cache pas que le Portoricain de 32 ans sera l'adversaire le plus formidable de sa carrière.

Mais ça ne l'empêchera pas d'être motivé comme il ne l'a jamais été.

Car Alcine (30-0-0, 19 K.-O.) veut faire taire ses détracteurs. Il sait que Travis Simms, à qui il a ravi la ceinture l'an dernier au Connecticut, n'était pas considéré comme un grand champion. Il veut aussi faire oublier son dernier combat, celui du mois de décembre dernier au Centre Bell, alors qu'il a peiné pendant 11 rounds avant de parvenir à trouver la clé de l'énigme devant Alfonso Mosquera, pour finalement l'emporter par K.-O. technique au 12e et dernier round.

Pour ce faire, le Lavallois d'origine haïtienne compte bien vaincre Santos (31-3-1, 22 K.-O.), un boxeur qui a une excellente réputation aux États-Unis - après tout, il a été champion du monde WBO des mi-moyens en 2000-01 et champion des super mi-moyens de 2002 à 2005, en plus d'avoir une fiche à vie de 8-2 en combats de championnat du monde. Alcine compte ainsi impressionner les instances de la boxe au pays de l'Oncle Sam, mais aussi faire taire ceux qui doutent encore de lui de ce côté-ci de la frontière, qui affirment qu'il «n'a jamais affronté personne» de bon jusqu'ici au cours de sa carrière... malgré la ceinture qu'il détient.

«Ça va changer parce qu'il (Santos) a été un champion, tout le monde sait qu'il a été un grand champion, estime Alcine. Que je sois le favori ou qu'il soit le favori, ça m'importe peu, tout ce que je sais, c'est que c'est le gars qui va me mettre sur la carte. Après, financièrement, les promoteurs mettront plus d'argent sur la table et voudront que j'affronte les meilleurs au monde. Je sais que je suis prêt à affronter les meilleurs. Je suis prêt à les affronter tous, je n'ai peur de personne.»

La catégorie des super mi-moyens compte plusieurs des grands noms de la boxe, tels qu'Oscar de la Hoya, Ricardo Mayorga, Vernon Forrest, Cory Spinks et Antonio Margarito.

«S'il parvient à passer l'aspirant obligatoire, il y a des grandes choses qui s'en viennent», affirme Yvon Michel, copromoteur du combat en compagnie de Don King, en pensant notamment à Kelly Pavlik et à Sergio Mora, qui a enlevé la couronne du WBC à Forrest, le week-end dernier. Et aussi à John Duddy, un Irlandais fort populaire à New York.

Sauf que Santos cherchera également à se servir de ce combat pour se remettre «sur le radar», lui qui est un protégé de Don King. Le roi des promoteurs américains aimerait bien, on s'en doute, que le Portoricain se refasse une renommée et passe à la caisse ces prochaines années avant de prendre sa retraite.

«Le combat que je suis prêt à livrer (vendredi), je pense que bien des gens vont aimer, affirme Santos. Après ça, les gros combats vont s'enchaîner d'eux-mêmes.

«Ce qui arrive si je perds n'entre même pas dans mes pensées. Je suis venu pour reprendre le titre et c'est tout. Je me fous qu'il (Alcine) soit plus grand ou plus petit que moi, s'il a de l'expérience ou non, à chaque combat je me contente de m'entraîner le plus fort possible, peu importe que le boxeur soit bon ou non.»

Pas d'excuses

«Je suis prêt pour ce combat (contre Santos), insiste de son côté Alcine. La dernière fois (contre Mosquera), j'avais cherché des excuses. Mais cette fois, il n'y aura aucune excuse. Ma main est parfaite, et je me suis vraiment préparé de la façon qu'il fallait.

«Contre Mosquera, je n'ai réussi à m'ajuster à lui qu'au 11e round. À m'ajuster aux choses que j'aurais dû apprendre à son sujet dans le gym, à l'entraînement. Mais je n'avais pas eu le bon partenaire d'entraînement lors de ma préparation.»

«C'est vrai que Joachim n'a pas donné sa meilleure performance dans ce combat-là, reconnaît Michel. Il cherchait davantage à faire plaisir à la foule qu'à se concentrer sur la tâche à accomplir. Cette fois, il sait que la foule sera là pour le soutenir, mais il sera concentré sur ce qu'il faudra faire pour faire un petit peu mieux que Daniel Santos à chaque round.»

Cette fois, Alcine dit avoir profité du partenaire d'entraînement idéal en Adonis Stevenson, un gaucher et un gros cogneur comme Santos. Un membre de l'écurie GYM qui boxe chez les super-moyens.

«Il est deux fois plus gros que moi et je parvenais à le repousser. Comparé à lui, je vais avoir l'impression que Santos est léger devant moi», lance Alcine.

«Joachim a faim, ce qui me fait croire qu'il va livrer sa meilleure performance à vie vendredi», a ajouté Michel.