Si les Nationals de Washington décidaient de ne pas recommencer à jouer après la pause du match des étoiles, y aurait-il quelqu'un pour s'en plaindre?

Sûrement que le monde du baseball y survivrait, et s'en porterait peut-être même mieux, si la pire équipe n'était pas là. Car il n'y a pas de quoi pavoiser quand on a une fiche de 36-60, qu'on conserve une moyenne au bâton collective de ,239 et qu'on a subi 12 blanchissages jusqu'ici cette saison, un sommet dans les majeures.

Les anciens Expos de Montréal sont une équipe sans super-vedette, qui commence à manquer de joueurs en santé et qui n'a pas beaucoup de personnalité. Une formation si fade qu'un maigre total de 9000 foyers en moyenne - les pires cotes d'écoute au pays et de loin - regardent ses matchs à la télé locale.

Ce sont les anonymes Nationals, une médiocre équipe en reconstruction qui est loin de frapper l'imagination des gens.

«Si je regarde les choses dans leur ensemble, je me sens bien. Pour ce qui est des perspectives à long terme, je me sens bien, a déclaré le président de l'équipe Stan Kasten. Mais il reste encore des bosses et des bobos sur une base quotidienne, et c'est ça qui fait mal.»

Kasten parlait au sens figuré, mais quand il évoque les bosses et les bobos, c'est également vrai au sens propre. Car les blessures ont contribué à la médiocre première moitié de campagne de l'équipe. Les Nationals ont alors fait 20 inscriptions sur la liste des blessés, impliquant 15 joueurs. L'arrêt-court étoile Cristian Guzman a été le seul joueur de la formation partante du match d'ouverture à ne pas voir son nom se retrouver sur la liste des blessés. Le gérant Manny Acta a pondu 82 alignements différents en 96 matchs.

«La série de malchances dont on a été victime est tout simplement effarante, a indiqué le Dr Ben Shaffer, le très occupé orthopédiste de l'équipe. Mais la réalité, c'est qu'il s'agit de différents incidents qui n'ont aucun lien entre eux, et la plupart d'entre eux sont traumatisants et inévitables.»

Le niveau de jeu des joueurs a également fait défaut. Les voltigeurs Austin Kearns et Wily Mo Pena, qui devaient donner du punch aux Nationals, ne frappent tous deux que pour ,205 et ils n'ont que six circuits à eux deux. Ronnie Belliard, imaginez, est le meneur de l'équipe avec neuf circuits. Les lanceurs partants ont été pas mal, mais la moyenne de points mérités de l'équipe est parmi les pires des majeures.

La deuxième moitié de saison n'ayant aucun enjeu, les Nationals ont déjà commencé à mousser les qualités de leurs espoirs des mineures, des joueurs qui font partie intégrante du plan de reconstruction de Kasten. Il y a raison d'être optimiste puisque les trois premiers clubs-écoles de l'organisation ont tous des fiches gagnantes.

«Nous avons clairement fait des progrès extraordinaires en seulement deux ans, a affirmé Kasten. C'est un laps de temps relativement court, et pourtant ça s'est fait vite, et il ne pouvait rien arriver de bon tant qu'on ne commence pas à en ressentir les effets.»

Reste que les quelques manchettes dont profitent les Nationals ne sont pas très positives.

La semaine dernière, deux amateurs sont décédés pendant qu'ils se trouvaient sur l'étage supérieur d'un autobus que l'équipe avait réservé pour amener ses partisans au stade depuis un stationnement lointain.

Le nom du directeur général Jim Bowden a été le premier à être mentionné dans une enquête du FBI ayant pour but de déterminer si des clubs ont empoché une partie des bonis attribués à des espoirs de la République dominicaine.

Le propriétaire Ted Lerner, lui, a retenu des millions de dollars en loyer pour le nouveau stade et il demande 100 000 $ US par jour en dommages et intérêts parce qu'il prétend que le stade n'a pas été complété à temps. Une chose que le public voit d'un très mauvais oeil, compte tenu que le bâtiment de 611 millions $ - et payé par les contribuables - a accueilli son premier match à la date prévue.

Reste qu'après une demi-saison, il est devenu évident que le nouveau stade, Nationals Park, est aussi incolore, inodore et sans saveur que l'équipe elle-même.

La moyenne de l'assistance se situe quelque part dans la moyenne, à raison de 30 000 spectateurs par match. Et ce, malgré le fait que les foules sont toujours plus importantes la première année suivant l'inauguration d'un nouveau stade - les amateurs étant curieux de voir de quoi a l'air la nouvelle construction.

Même le gérant est fade dans ses déclarations quand on lui demande de commenter la situation de l'équipe.

«Nous ne sommes pas frustrés. Nous adorons ce que nous faisons, a dit Acta. Nous avons simplement connu une première moitié de saison difficile. Nous avons hâte d'entreprendre la deuxième moitié - de voir à quel point l'attaque va s'améliorer, la défensive va s'améliorer et notre fiche va s'améliorer.»

Et peut-être inciter plus de gens à leur accorder plus d'attention.