Pour Audrey Villeneuve-Alain et son conjoint, le temps est venu de fonder une famille. Avant de se lancer, le couple aurait bien aimé faire un voyage pour profiter de ces derniers moments à deux.

À l'hiver, une occasion intéressante s'est présentée: ils ont reçu une invitation pour aller assister au mariage d'une amie, dans le Sud, à la fin de l'été. Sauf que... sauf qu'il y a le virus Zika.

À l'époque, l'hypothèse selon laquelle le virus Zika est responsable des cas de microcéphalies observés au Brésil devenait de plus en plus probable. À la mi-janvier, l'Agence de la santé publique du Canada a recommandé aux femmes enceintes ou qui envisagent de le devenir de remettre à plus tard un voyage dans les régions touchées.

Plus récemment, à la fin de mai, l'Organisation mondiale de la santé a «fortement conseillé» aux voyageuses revenant des zones affectées d'attendre au moins huit semaines avant de tomber enceintes, et non quatre, comme c'était d'abord le cas.

«Finalement, le voyage pour assister au mariage a été annulé, mais si ça n'avait pas été le cas, c'est nous qui aurions dû l'annuler», indique Audrey Villeneuve-Alain, éducatrice spécialisée de Québec.

D'autres invitations tentantes leur ont été faites depuis: un voyage au Panamá avec les soeurs d'Audrey, un road trip au Mexique avec un couple d'amis... Chaque fois, Audrey et son conjoint ont décliné les propositions, non sans regret.

«On aurait vraiment aimé faire le road trip, mais on vient de commencer à essayer de faire un bébé. C'est vraiment juste à cause de Zika qu'on n'y va pas: on avait nos vacances, on avait nos sous. Tout marchait, sauf ça.»

La jeune femme de 29 ans cherche toujours une destination vacances pour cet été.

La collègue d'Audrey, Kim, vit une situation similaire. La conjointe de Kim est tombée enceinte le 13 décembre, à la suite d'une insémination artificielle.

Le couple envisageait d'aller se reposer une semaine à Zipolite, à l'ouest du Mexique, en février. Lorsqu'elles ont appris que le virus se propageait aussi au Mexique, Kim et sa conjointe, qui ne voulaient courir aucun risque, se sont mis à chercher un plan B.

«On suivait au jour le jour la liste des pays affectés. On a regardé vraiment partout, mais il y avait toujours quelque chose qui ne marchait pas: Zika, instabilité politique, prix trop élevé...

Le couple a finalement déniché une aubaine pour aller une semaine à Barcelone.

Ç'a été un mal pour un bien, donc? «Chaque fois qu'on raconte notre voyage, on dit: oui, c'était super le fun à Barcelone, mais ce n'est pas ça qu'on voulait. On voulait se reposer dans le Sud!», rigole Kim, 40 ans.

De Cancún au Lac-Saint-Jean

Le virus Zika a aussi bouleversé les plans de Julie Descôteaux. La première semaine de mars, la Montréalaise de 34 ans avait prévu finir l'hiver en beauté à Cancún avec son fils de 2 ans et sa meilleure amie. Du soleil, du repos.

«Quand on a acheté nos billets, décembre ou début janvier, on essayait toutes deux de tomber enceinte, mais à ce moment-là, ce n'était pas encore connu que le Zika était nocif pour les femmes enceintes.»

Début février, Julie Descôteaux a passé un test de grossesse, qui s'est avéré positif. Sachant désormais que le virus peut nuire à la santé des enfants à naître, les deux amies ont donc annulé leur voyage.

«Au lieu de se retrouver à 30˚C à Cancún, on s'est loué de quoi au Lac-Saint-Jean. Et il a fait environ -40.»

Elle s'estime néanmoins chanceuse que la nouvelle soit sortie avant son départ prévu pour le Mexique.

Dans la foulée, les autorités ont annoncé que le virus Zika était transmissible sexuellement, et que les hommes qui avaient séjourné dans les régions touchées devaient porter un préservatif jusqu'à la fin de la grossesse de leur conjointe. Et pour bien faire, le conjoint de Julie Descôteaux et leur fils avaient prévu un voyage au Honduras, à la mi-mars...

«Ils y sont allés, et depuis qu'il est revenu du Honduras, on est le seul couple qui attend un enfant et qui met un condom», rigole Julie Descôteaux, heureuse, encore une fois, d'avoir appris la nouvelle à temps.

Selon l'Agence de santé publique du Canada, il y a transmission locale continue en Asie du Sud, dans les îles de l'océan Pacifique, en Amérique du Sud, en Amérique Centrale, dans les Caraïbes et au Mexique.