(Montréal) Près de 82 % des enfants qui ont eu besoin de soins pour une blessure subie en allant glisser avaient été blessés à la tête, prévient une nouvelle étude américaine quelques jours seulement avant le début du congé des Fêtes.

Le risque de blessure était plus élevé chez les enfants qui glissaient sur des chambres à air ou sur des disques que chez ceux qui utilisaient des luges ou des toboggans.

Au total, ce sont plus de 220 000 patients qui se sont rendus à l’urgence d’un hôpital américain entre 2007 et 2018 en raison de blessures survenues en allant glisser, selon l’enquête de l’hôpital pour enfants Nationwide de Columbus, dans l’Ohio. Près de 70 % d’entre eux avaient moins de 19 ans.

« Si je pense à mon expérience personnelle comme chirurgien depuis cinq ou six ans, sans parler de traumas graves où l’enfant est inconscient, je pense que j’ai opéré plus d’enfants pour des lacérations au cuir chevelu ou des fractures du crâne qui peuvent être complexes suite à des accidents de toboggan qu’à des accidents de ski ou de planche à neige », a réagi le docteur Alexander Weil, qui est neurochirurgien au CHU Sainte-Justine.

L’étude publiée par le Clinical Journal of Sports Medicine ajoute que 63 % des patients ont été blessés lors d’une collision : 47 % des victimes ont heurté un objet dans leur environnement, 16 % ont frappé le sol, 10 % sont entrés en collision avec quelqu’un d’autre et 7 % ont heurté un traîneau.

Le docteur Weil rappelle d’ailleurs que l’environnement structuré et encadré d’un centre de ski, où des règles précises doivent être respectées pour la sécurité de tous, est différent de celui du parc au coin de la rue.

« Une montagne de ski, il y un certain contrôle de l’environnement pour que ce soit plus sécuritaire, mais pour la glissade […] il peut y avoir des dangers, a-t-il dit. J’ai déjà vu des enfants qui avaient foncé dans une clôture ou dans un arbre, ou ils peuvent tout simplement se cogner la tête en tombant en bas de leur toboggan. »

Et si l’habitude semble prise de porter un casque (et d’en faire porter un aux enfants) quand on fréquente un centre de ski, le réflexe semble un peu moins présent quand on se rend au parc.

Risques d’un « impact significatif »

Le port du casque se retrouve pourtant au premier rang des facteurs qui détermineront si l’enfant subira ou non un traumatisme crânien lors d’une collision.

« (Aller glisser) est vu plus comme un loisir, comme un passe-temps inoffensif alors que le ski et la planche à neige sont des sports à plus haute vitesse, où le risque de chute est plus élevé et tout ça, mais il faut reconnaître que la vitesse qu’on peut atteindre sur une pente de glissade peut être assez impressionnante, surtout s’il y a de la glace », a rappelé le docteur Weil.

Les connaissances qui s’accumulent depuis quelques années au sujet des conséquences possibles des commotions cérébrales devraient pourtant inciter à la prudence, ajoute-t-il.

Les blessures à la tête n’ont rien d’insignifiant et il ne faut par les prendre à la légère.

« Même les traumas crâniens dits “légers” peuvent avoir un impact significatif, il peut y avoir des symptômes pendant plusieurs semaines et plusieurs mois, et pour un enfant d’âge scolaire, ça peut avoir un impact majeur sur l’apprentissage et sur l’école, et c’est encore pire si l’enfant subit plusieurs commotions, a conclu le docteur Weil.

« Juste parce que tu n’as pas eu besoin de te faire opérer au cerveau ne veut pas dire que ce n’est pas un trauma qui a eu un impact. »