L'auteur-compositeur-interprète Stefie Shock a fait son «coming-out d'anxiété» comme il le disait lui-même à l'automne 2007. Il est devenu l'un des porte-parole de Revivre (association de soutien aux personnes souffrant de troubles anxieux, dépressifs ou bipolaires).

Son entourage savait depuis longtemps qu'il souffrait du trouble panique et d'anxiété. En dévoilant publiquement son état, l'artiste a voulu briser le tabou entourant les troubles de santé mentale. «J'ai senti que je pouvais en parler car je l'avais déjà vécu pendant plusieurs années. Je ne ressens pas de honte face à cela», dit-il. Son arrivée à Revivre a eu un impact majeur. Plusieurs personnes souffrant de troubles anxieux ont décidé elles aussi d'en parler et de demander de l'aide.«À l'adolescence, raconte Stefie Shock, j'étais hypocondriaque. Je croyais que j'avais toutes les maladies. Et puis, il y avait de l'anxiété dans la famille aussi. Dès l'âge de 22 ans, j'ai commencé à faire des attaques de panique quotidiennes et j'en ai fait pendant deux ans. Des attaques très puissantes. À chaque fois, on se demande si on va s'en sortir.» Les symptômes d'étouffement et de douleurs thoraciques l'ont conduit à quelques reprises aux urgences. «Je croyais que je faisais une crise cardiaque, explique-t-il. En l'espace d'une seconde, on se sent mal, on étouffe. La sensation d'un mal-être qui s'installe. Soudainement. Sans avertissement. On a le sentiment que ce sera fatal et ça ajoute des éléments de panique.»Cela lui est déjà arrivé alors qu'il était assis à une terrasse avec des amis et lors d'un lancement de disque. «J'étais rendu à éviter de sortir, à prendre les transports en commun au cas où j'aurais une attaque. Ça crée beaucoup d'isolement. On se replie sur soi; on n'a personne à qui en parler; ça modifie le comportement. J'étais toujours très inquiet, c'était un calvaire à vivre.»Jusqu'à ce qu'il se décide de consulter un médecin, le chanteur se contenait de croquer des Rolaids, qui agissaient parfois comme placebo. Après une évaluation médicale, Stefie Shock a pris des antidépresseurs qui l'ont beaucoup aidé. «Mais l'Ativan, c'est une super drogue, dit-il. C'est comme avoir l'armée et la police avec soi. C'est puissant et pernicieux. Ça crée la dépendance. Je crois qu'il faut éviter que l'apaisement passe uniquement par l'Ativan à long terme.»Sa dernière attaque de panique remonte à cinq ans déjà. «C'est jamais fini, je ne me sens pas à l'abri d'en avoir une autre, dit-il. J'ai consulté un psychologue pour faire part de mes soucis, j'essaie d'avoir plus de self-control; il faut se parler, appliquer certaines techniques. Et j'ai aussi développé une certaine philosophie. J'ai fait des lectures sur le sujet. J'ai eu de l'aide professionnelle, mais j'ai aussi fait mon bout de chemin.»Jean-Rémy Provost, directeur général de Revivre, constate pour sa part «qu'il y a encore beaucoup de travail à faire pour démystifier les troubles anxieux». Selon lui, trop de gens souffrent en silence. «Il faut briser cet isolement. Pour cela, il faut faire des campagnes de sensibilisation pour apporter du soutien aux gens et les traiter tôt; avoir un meilleur accès aux soins de première ligne en psychiatrie ainsi qu'une combinaison de traitements.» Revivre offre ses services partout au Québec (ligne d'écoute, groupes d'entraide, ateliers) aux gens qui souffrent de tels troubles et à leurs proches.«Le travail commence, estime Stefie Shock. Il y a des solutions pour ceux qui souffrent.» L'important, c'est que le diagnostic soit posé le plus rapidement possible.