La créatrice de mode Marielle Fleury, pionnière de la mode québécoise, s’est éteinte le 19 juin à l’âge de 93 ans.

Née en 1929, elle fait ses études à l’École des beaux-arts de Montréal. Après une formation en couture à l’École des métiers commerciaux de Montréal, elle ouvre, en 1953, son atelier de couture chez ses parents, puis rue Saint-Denis, et ensuite rue Crescent. Dès le début de sa carrière, elle habille de nombreuses personnalités de l’époque comme Michèle Tisseyre, Yvette Brind’Amour, Gisèle Schmidt, Marcelle Ferron et Madeleine Arbour.

PHOTO FOURNIE PAR SERGE BEAUCHEMIN, CENTRE DE DOCUMENTATION ESG UQAM

Inspirée par les motifs traditionnels autochtones, Marielle Fleury dessine cette cape pour la collection automne-hiver 1974 de Sport Togs.

Marielle Fleury travaille en étroite collaboration avec des artisans et utilise des matières d’ici pour fabriquer ses vêtements. « Elle s’est intéressée à l’identité québécoise et a su mettre en valeur le patrimoine, ce qui était rare à l’époque. Elle a fait des collections avec de la laine tissée d’ici, et a même rendu hommage à la culture autochtone, avec la création de manteaux. Il y avait quelque chose dans son travail qui était très proche de l’artisanat », se rappelle Jean-Claude Poitras, en entrevue téléphonique.

Démocratiser la mode

Dans les années 60, Marielle Fleury présente ses collections à l’hôtel Ritz-Carlton et devient une des créatrices les plus en vue de Montréal. Elle s’associe à des manufacturiers et est nommée, en 1966, meilleure dessinatrice de mode du pays par l’Union internationale des ouvriers du vêtement pour dames. « Elle a été une des premières à avoir compris qu’en plus d’avoir un atelier de couture, il fallait aussi démocratiser la mode, et pour cela, il fallait s’associer à des fabricants, ce qu’elle a fait », explique le créateur.

DON DE SHEILA DE LORY, MUSÉE MCCORD STEWART, PHOTO FOURNIE PAR LE MUSÉE

Uniforme d’hôtesse, pavillon des provinces de l’Atlantique, Expo 67, Marielle Fleury, 1967

Elle participe à l’Exposition universelle de 1967, à Montréal, et crée un uniforme pour les hôtesses du pavillon des provinces de l’Atlantique. « C’était une vitrine fabuleuse pour les créateurs et elle faisait partie des quatre grandes figures de la mode québécoise. Il y avait Michel Robichaud, Léo Chevalier, John Warden et Marielle Fleury », estime Jean-Claude Poitras.

Elle se faisait un devoir de faire rayonner le savoir-faire québécois, en y apportant une modernité dans ses créations.

Jean-Claude Poitras

En 1968, elle est engagée par le fabricant Sport Togs et pendant 13 ans, elle crée des collections de manteaux. Elle termine sa carrière dans l’enseignement au collège LaSalle, où elle est responsable des projets et de la qualité technique au sein du programme en dessin de mode, de 1990 à 2000. « Elle était très douée pour l’enseignement et elle a marqué de nombreux étudiants qu’elle a guidés merveilleusement bien au collège LaSalle », estime Jean-Claude Poitras. Marielle Fleury a été décorée de l’Ordre du Canada en 2001.