Qu’on attende l’hiver avec impatience ou pas, impossible d’y échapper : il faut des bottes pour garder nos pieds au chaud et au sec. Stylées et jolies, idéalement. Impossible à dénicher ? Que nenni. Visite de l’usine d’Anfibio, une entreprise familiale montréalaise qui offre le meilleur des deux mondes et fabrique ses produits entièrement localement.
Située sur le boulevard Saint-Michel, dans le nord de Montréal, l’usine de la marque de chaussures et bottes Anfibio est une rareté au Québec. Tout y est fait de A à Z, selon un savoir-faire artisanal hérité directement du père de la présidente, Pina Passarelli.
« L’entreprise existe depuis 1968 et mon père y a travaillé depuis le début, avec le premier propriétaire, comme maître cordonnier, avant d’éventuellement devenir propriétaire dans les années 90. Il a appris dès 9 ans, en Italie, le métier de cordonnier ; il a eu une cordonnerie là-bas où il faisait des souliers sur mesure, des réparations, avant de déménager au Canada en 1965 », raconte-t-elle.
Autant dire que les chaussures, les Passarelli ont ça dans le sang. À l’époque, se souvient Mme Passareli, les fabriques de chaussures étaient nombreuses à Montréal, qui, grâce à l’immigration italienne, était en quelque sorte la plaque tournante de l’industrie en Amérique du Nord. Au fil des années, par contre, cette expertise s’est perdue, alors que de nombreuses usines spécialisées en fabrication de chaussures ont fermé ou déménagé ailleurs. Mais pas Anfibio, qui a gardé le cap.
On essaie de garder en vie l’héritage de mon père, qui est décédé il y a quelques années. La chaussure, c’était sa vie. Il était toujours le premier arrivé et le dernier parti à l’usine.
Pina Passarelli, présidente d’Anfibio
Allier performance et raffinement
À ses débuts, l’entreprise se spécialisait dans les chaussures pour hommes, particulièrement les mocassins. Mais l’arrivée du libre-échange, dans les années 70, la force à se renouveler. Elle se tourne alors vers une nouveauté : le cuir imperméable, qui faisait son apparition sur le marché. « À l’époque, les bottes à l’épreuve de l’eau étaient soit en matière synthétique ou en caoutchouc. Nous avons été parmi les premiers à importer ce cuir et à fabriquer des bottes imperméables », affirme Mme Passarelli.
Le nom Anfibio signifie « amphibien » en italien et fait donc référence à cette matière sur laquelle l’eau glisse sans y entrer. C’était également le nom donné aux bottes imperméables que portaient les soldats de l’armée italienne, et donc un clin d’œil aux racines de la marque.
De décennie en décennie, l’offre a évolué, avec l’introduction de bottes pour femmes et de nouveaux styles, dont une ligne de bottes de mi-saison moins chaudes et doublées en microfibres, et, depuis peu, des chaussures. Et ce, toujours en gardant le même cap : « Ce qui est important, c’est le confort, que la botte puisse traverser les intempéries québécoises, être résistante pas seulement à la neige, mais à la gadoue, au sel, au froid, à l’humidité… On combine ça avec un look assez esthétique et des formes plus raffinées, car on va se le dire, personne n’aime porter des bottes qui ne sont pas belles et se marient mal avec leur garde-robe ! », lance la présidente.
Bottes Anfibio
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Les divers modèles de bottes développées par l’entreprise sont donc au goût du jour, avec un look urbain et moderne, et se veulent polyvalents afin de se combiner facilement avec des robes, des jeans, etc. Mais ils cachent moult détails techniques qui assurent leur efficacité et leur durabilité : cuir prétraité ne demandant pas d’entretien, coutures scellées, bottes lacées avec fermeture éclair sur le côté (un style que l’entreprise a été la première à proposer sur le marché), doublures et semelles intercalaires en laine ou en peau de mouton, semelles antidérapantes en thermo-caoutchouc, et même un système de crampons en acier pour affronter la glace et le verglas.
En 2018, Anfibio a ouvert sa boutique phare, un joli espace moderne, dans Villeray, où l’on peut essayer et se procurer ses différents modèles, également offerts sur le web et dans plusieurs boutiques indépendantes à travers le Québec. « On s’est rendu compte que les gens trouvent nos bottes belles, mais sont encore plus convaincus par la qualité lorsqu’ils peuvent les voir et les essayer. Il fallait avoir pignon sur rue », remarque Mme Passarelli.
L’équipe de La Presse a pu effectuer une visite de l’usine d’Anfibio, afin de percer le secret de la fabrication de ses bottes, réalisées entièrement de façon artisanale.