N’utilisant qu’un seul bras et une seule jambe, Félix a malgré tout réussi à remporter plusieurs médailles aux Jeux olympiques spéciaux.

Atteint de paralysie cérébrale et de déficience intellectuelle, il ne peut faire usage de son bras gauche. Sa jambe gauche rachitique lui permet de marcher, mais pas de battre la mesure dans la piscine. Incapable de plonger, il exécute ses départs dans la piscine, laissant un avantage certain à ses adversaires qui franchissent cinq mètres sans donner un seul coup de bras. Qu’à cela ne tienne, il est doté d’un sens de la compétition inouï qui ne cesse de me surprendre.

Il faut le voir exploser lorsque le signal de départ retentit pour voir toute sa détermination. Même lors des entraînements, il accepte mal de terminer deuxième. Sid et lui sont d’un niveau équivalent. Sid, qui veut toujours être le meilleur dans tout, est prêt à s’épuiser pour ne pas laisser Félix arriver premier. Nos entraînements sont le lieu d’une rivalité féroce et perpétuelle entre ces deux jeunes coqs.

Désavantagé par ses handicaps, Félix perd généralement les premières courses. Sid, orgueilleux à l’extrême, donne tout ce qu’il a dès le départ de sorte que Félix remporte facilement les dernières courses. Félix souffre aussi d’autisme et ça le rend très sensible aux prétentions de Sid, qui se dit meilleur en tout. La course aux médailles devient angoissante lorsque Sid prend le devant lors de la remise. Pourtant Félix a remporté sept médailles aux jeux provinciaux. Aucune d’elle ne vaut une victoire sur Sid.

Félix s’entraîne toujours avec enthousiasme et bonne humeur. Dans l’eau, nul besoin d’un bon sens de l’équilibre. Ainsi la natation devient le seul sport où il est libéré des contraintes de ses handicaps physiques. Par contre, je dois l’aider à gravir l’échelle pour sortir de la piscine, tâche impossible d’une seule main. Normal pour un père qui a un fils aussi adorable. Si le père de Sid est son héros, pour Félix, c’est l’inverse : c’est lui qui est mon héros.

Aujourd’hui, mon fils est soucieux : « Qui me sortira de la piscine lorsque tu seras mort ? » Je vous laisse le mode d’emploi.

Comment aider un hémiplégique à sortir de la piscine ?

  1. Agripper la main invalide pour guider le bras
  2. Placer sa main la plus forte sous l’aisselle du bras pour soulever le côté invalide
  3. Insister pour gravir les marches une à une. N’oubliez pas qu’une jambe n’a pratiquement pas de force.
  4. À vous de jouer. Mon fantôme vous surveillera ! Merci d’avance.

> À lire la semaine prochaine : les histoires de Maddie et Jean