Les propriétaires d’animaux domestiques sont-ils des bêtes un peu à part quant à leurs rapports sociaux ou à l’environnement ? Une équipe de recherche de l’UQAM, pilotée par la professeure de psychologie Catherine Amiot, s’est intéressée à la question.

Une précédente étude l’a démontré : oui, nous avons une attitude plus positive envers les autres animaux quand des liens ont été tissés avec un fidèle compagnon à poils ou à plumes. Mais le rapport des propriétaires d’animaux domestiques à d’autres groupes, causes ou champs s’avère-t-il lui aussi particulier ?

En extirpant la moelle d’un sondage national mené en 2022, la chercheuse Catherine Amiot et son équipe ont pu dresser quelques lignes allant dans ce sens, en analysant notamment leur attitude vis-à-vis des sphères sociales auxquelles ils n’appartiennent pas (par exemple, par rapport aux gens issus de cultures, religions ou catégories socioprofessionnelles différentes), leur perspective relative à l’environnement ou encore leur consommation de viande.

À l’aide d’un « thermomètre affectif », outil de collecte de données permettant d’évaluer le degré de « froideur » ou de « chaleur » ressenti face à des groupes auxquels on n’appartient pas, les chercheurs ont pu remarquer des différences dans les résultats obtenus auprès de propriétaires d’animaux domestiques et de personnes qui n’en ont pas. « Ce qu’on a pu voir dans la recherche, c’est que les propriétaires d’animaux domestiques montraient des attitudes un peu plus positives envers ces exogroupes comparativement aux non-propriétaires d’animaux », évoque Mme Amiot, elle-même propriétaire d’Enzo, un braque allemand.

Sur la foi de ce constat, peut-on savoir si cette tendance à l’ouverture est développée par le fait même de posséder un animal chez soi, ou si elle était déjà en germe chez les adoptants ? Eh bien, il s’agit encore d’un champ à défricher, puisque la méthodologie de cette étude « quasi expérimentale », selon les mots de la chercheuse, ne permet pas de le vérifier.

Il serait intéressant de pousser pour voir d’où viennent ces différences, par exemple en observant l’évolution à travers le temps de quelqu’un qui adopterait un animal.

Catherine Amiot, professeure de psychologie à l’UQAM

Viande à chien !

Et l’assiette ? Le régime alimentaire d’un propriétaire d’animal se distingue-t-il de celui d’un non-propriétaire ? Si l’on regarde les catégories de diète auxquelles les répondants au sondage se sont identifiés (omnivore, restrictif, végétarien, etc.), on ne remarque pas vraiment de différence entre les deux groupes, répartis globalement de la même façon parmi ces divers régimes.

« En fait, la différence s’observe sur une autre variable, à savoir le nombre de portions de viande moyen consommées par semaine, qui s’établit à 5,4 pour les propriétaires d’animaux domestiques, contre 6,15 pour les non-propriétaires », note la professeure de psychologie.

Autre volet étudié : les considérations environnementales vis-à-vis de divers enjeux sur ce plan, comme les impacts sur la biosphère, la population mondiale, les générations futures, etc. Ici, les propriétaires d’animaux font peu ou prou jeu égal avec les non-propriétaires, mais se sont montrés davantage sensibles à la question spécifique de la faune et de la flore.

Les amoureux des bêtes aussi concernés

L’étude ne se penchait pas seulement sur les propriétaires d’animaux domestiques, mais également sur les personnes amenées à avoir des liens avec chats, chiens, lapins et autres ; par exemple, en faisant office de gardien temporaire. Et il appert que ces dernières montrent les mêmes inclinations sociales, même si elles ne veillent pas sur un animal au quotidien : attitude plus positive envers son propre groupe social et les autres, préoccupation marquée pour la biosphère, etc.

« Ces constats sont intéressants étant donné qu’ils suggèrent que ce n’est pas absolument nécessaire d’avoir un animal domestique pour montrer des différences à ces niveaux-là », pose Mme Amiot.

D’autres équipes de recherche pourraient prendre le relais et continuer de creuser les données du sondage, puisqu’une catégorisation par type d’animal possédé a été tracée et pourrait être exploitée ; pour vérifier, par exemple, si le profil d’un propriétaire de chien serait le même que celui d’un propriétaire de chat.

« Ça devient complexe, prévient la chercheuse, parce qu’il y a différentes configurations, comme des gens qui peuvent avoir des chiens et des chats, des rongeurs et des oiseaux, etc. Mais, clairement, ces données pourront être explorées davantage pour étudier un peu plus en détail l’effet des différentes espèces d’animaux domestiques. »