Entre le centre communautaire et le golf municipal de Saint-Lambert, sur la Rive-Sud, par une matinée d’été, un groupe s’active à lancer des boules sur un terrain gazonné. On entend quelques discussions et même des cris et applaudissements lorsqu’une boule se rapproche du cochonnet. Bienvenue au club de boulingrin de Saint-Lambert.
On pourrait comparer le sport à la pétanque ou au bocce. Comme pour ceux-ci, le but du jeu est d’approcher sa boule le plus près possible de la cible. On distingue pourtant le boulingrin à la forme de ses boules, pas tout à fait sphériques. Les boules de boulingrin – ou bowls en anglais – sont écrasées aux deux pôles et ceux-ci sont asymétriques. La boule va donc emprunter une trajectoire elliptique. On la lance un peu comme aux quilles : on fait un pas en avant et on fait rouler la boule.
« Quand j’ai joué la première fois, j’ai été étonnée de viser à un endroit et de voir la boule tomber à un autre endroit. J’ai trouvé ça tellement beau ! C’est aussi toujours un défi, on se questionne pour savoir quelle force y mettre et quelle ligne emprunter », explique Anne Morissette, présidente du club de boulingrin de Saint-Lambert et fière ambassadrice du sport.
Le boulingrin est méconnu, pourtant il fait partie des sports pratiqués depuis des années dans le Commonwealth. À Saint-Lambert, le club fête ses 110 ans cette année. Autrefois le fait d’un club privé anglophone comme plusieurs autres clubs au pays, la pratique s’est démocratisée au fil des ans et se rajeunit même, assure Anne Morissette. La plupart des membres ont plus de 55 ans, mais le club de Saint-Lambert voit affluer une clientèle de moins de 50 ans. L’organisation a aussi réussi à attirer une soixantaine de nouveaux membres en deux ans.
Du jeu et des amitiés
Le club organise une douzaine de périodes de jeu par semaine, en plus des tournois et des compétitions – pour les volontaires, indique la présidente. Des évènements pour la Saint-Jean ou la fête du Canada y sont aussi organisés. Les membres y trouvent une communauté, expliquent plusieurs d’entre eux au passage de La Presse.
« Au départ, je voulais seulement essayer sans savoir si j’allais aimer ça, parce que j’aime les sports un peu plus actifs, raconte Carol-Ann Oldbury. Alors, j’ai essayé et vraiment, ç’a été extraordinaire, comme si j’avais toujours joué ! »
La membre et bénévole du club de Saint-Lambert joue au boulingrin depuis six ans. Deux ou trois fois par semaine, elle vient jouer sur le terrain.
C’est un groupe extraordinaire, tout le monde, que ce soit des débutants ou des membres qui sont ici depuis longtemps, est vraiment sympathique, dit-elle. On a aussi des activités, des barbecues et des soupers.
Carol-Ann Oldbury, membre et bénévole du club de Saint-Lambert
Même si c’est le jeu qui l’a attiré au premier abord, Serge Hamel y voit une belle occasion de tisser des liens. « Il y a vraiment un côté social. Ici, tous les joueurs se connaissent, c’est très friendly », affirme le membre du club depuis huit ans.
Carol-Ann acquiesce : elle s’est liée d’amitié avec d’autres membres du club qu’elle voit à l’extérieur. En plus de jouer, celle-ci s’occupe aussi de groupes qui viennent essayer le sport, que ce soit une activité de consolidation d’équipe d’une entreprise ou le camp de jour de la ville.
« C’est gratifiant et agréable de voir la réaction des groupes, comme les enfants, les gens sont vraiment contents de venir essayer ça », s’exclame-t-elle. La présidente du club souligne que le boulingrin est très apprécié par les enfants du camp de jour. Le sport – parfois dénigré par certains – fait l’unanimité lorsque les gens l’essaient, indiquent les membres en entrevue à La Presse.
« Un beau sport »
Surtout que le boulingrin peut être appris rapidement. Mais pour bien le maîtriser, la pratique peut s’étaler sur des années, et c’est ce qui fait la beauté du sport, croit Anne Morissette.
« J’ai été une sportive de haut niveau et quand j’ai mis la boule dans ma main, j’ai fait : “Wow, ça, c’est un sport où je vais pouvoir toujours m’améliorer.” Là, je vais avoir 60 ans et je me dis que dans 10 ans, je vais être encore meilleure, croit-elle. Il n’y a pas beaucoup d’activités dans lesquelles on peut autant se dépasser à l’âge qu’on a. » Le club organise aussi des ateliers de perfectionnement pour ceux qui veulent en apprendre plus sur la technique, précise-t-elle.
Ce que le boulingrin a changé dans la vie de Pauline Paillé, membre du club depuis près de huit ans ? « De la satisfaction personnelle, dit-elle. D’être fière de moi de faire de bons coups. »
Tu peux te dépasser. Il y a toujours quelque chose à apprendre. En plus, tu marches, tu te penches et tu jases ! Le boulingrin, ça garde la forme et la souplesse.
Anne Morissette, présidente du club de boulingrin de Saint-Lambert
« C’est un beau sport, on fait des squats et des fentes », indique Pauline Paillé. Carol-Ann Oldbury se garde aussi en forme à travers le sport. « Je cours tout le temps », dit-elle en riant.
Anne Morissette s’est donné pour mission de faire connaître le club de boulingrin de Saint-Lambert à ses résidants, mais aussi d’inciter de nouveaux joueurs à s’inscrire. « On ne fait pas juste jouer, on fait partie d’une communauté », dit-elle.