«Le plus important pour réussir une maison, c'est une bonne planification», estime André Léonard, à qui l'on doit notamment la conception des stations de métro Université-de-Montréal, Henri-Bourassa et Villa-Maria.

L'architecte a aussi réalisé plusieurs projets résidentiels. Le dernier à son portfolio a toutefois quelque chose de bien particulier: il s'agit d'une grande maison, celle de sa fille Anne-Marie et de sa petite famille.

Dire que le travail père-fille s'est fait dans l'harmonie serait... faux. Complètement faux, en fait. Mais des flammèches sont nées de bonnes idées, précise Anne-Marie Léonard qui vit depuis deux ans dans des espaces conçus par son papa. Et qui ne changerait rien du tout à sa maison.

La plus grande contribution de l'architecte est peut-être la lumière. Anne-Marie, son mari et leurs deux fils vivaient dans un appartement de Montréal avant d'emménager dans cette demeure du 450, leur première maison. Quand il pense à la luminosité du logement montréalais, le père lève encore les yeux au ciel. Alors, au moment de concevoir la nouvelle maison de sa fille, André a consulté les astres. Le soleil, plus précisément, afin de bien planifier les emplacements des fenêtres et leur forme.

«Je n'aurais jamais pensé à ça», confie aujourd'hui Anne-Marie, reconnaissante.

C'est une erreur courante chez les nouveaux propriétaires, précise le père qui jette un coup d'oeil du côté de la rue pour indiquer que les concepteurs de plusieurs maisons du quartier auraient eu fort à gagner à mieux planifier l'emplacement des fenêtres.

On ne peut pas laisser les détails au hasard, lorsqu'on conçoit une maison, explique l'architecte, car ce sont souvent ces détails qui feront la différence dans la qualité de vie des occupants. Et c'est aussi ce qui fera que les propriétaires resteront dans une maison 20 ans, plutôt que 2 ou 3, dit-il.

L'autre clé d'une maison réussie, explique André Léonard, c'est de bien connaître et comprendre les besoins des clients.

Dans ce cas-ci, grand-papy savait à qui il avait affaire. Adrien, 8 ans, et Louis, 6 ans, déplacent de l'air. Les deux garçons font du ski et de la natation, jouent au hockey, au tennis, au golf et au soccer. À l'extérieur comme à l'intérieur.

Puisque la maison est très grande, plus de 3000 pi2 de superficie habitable, de nombreux espaces de rangement ont été prévus. À commencer par le mud room, ce vestiaire placé entre la cuisine et le garage, si populaire dans les nouvelles maisons. Aucun soulier ou manteau ne traîne dans la maison. Le bonheur. La cuisine est équipée d'un grand garde-manger et la salle de jeu du sous-sol compte plusieurs espaces de rangement qui laissent le champ libre à la balle, lorsque les gars pratiquent leurs lancers frappés, ce qu'ils font régulièrement et avec beaucoup de vigueur. La salle de jeu est d'ailleurs leur pièce préférée, sans surprise.

Pour les plus vieux de la maison, un séjour a été installé à côté de la cuisine, pour les moments de détente des parents. «C'est le coeur de la maison», précise l'architecte. Et les petits, de toute évidence, ont trouvé le chemin jusque-là...

S'approprier une maison

Si tout a été bien planifié par l'architecte, la propriétaire a tout de même mis quelques mois avant de se sentir chez elle dans sa nouvelle maison.

Un sentiment assez fort pour que, huit mois après avoir emménagé, le couple se dirige tout naturellement vers Montréal, jusqu'à l'ancien appartement, au retour d'un voyage dans le Sud. «On s'est rendu compte de notre erreur au moment d'ouvrir le garage...»

«Dans la nouvelle maison, je me sentais perdue, je me sentais comme un imposteur et je trouvais mes enfants trop loin, confie Anne-Marie. J'ai mis presque une année avant de me sentir chez moi.»

Et aujourd'hui?

«Je suis super bien. Mon chum me dit qu'on a un tout-inclus ici. On a tout ce qu'il faut pour être heureux.»

Mine de rien, Anne-Marie se rend compte qu'elle passe aussi de plus en plus de temps à la maison.

Les enfants, eux, sont ravis. Adrien a adopté le coin banquette de la cuisine pour créer ses bracelets faits d'élastiques colorés dont la conception complexe laisse croire qu'il tient un peu de son grand-père, pour la minutie et la création. Louis, lui, réussit à trouver des recoins pour se cacher ou des trous pour se coincer les pieds. La vie, quoi.

«Il n'y a rien que je regrette dans la conception, dit Anne-Marie. La maison est maintenant parfaite pour nous.»