Acheter un duplex à Montréal, non loin du canal de Lachine, pour 279 900$? Oui, c'est encore possible. L'immeuble en question, situé sur le boulevard Monk, dans Ville-Émard, a besoin d'être rénové. Mais c'est une occasion en or pour une famille qui achète sa première propriété, estime le courtier immobilier Michel Brisson.

«Le duplex n'est pas flambant neuf, c'est sûr, précise Michel Bisson, propriétaire de l'agence Équipe Bisson, qui a lui-même un bureau sur le boulevard Monk. Mais il se trouve dans un secteur en plein essor, situé un peu plus à l'ouest du centre-ville, que Griffintown. Il profitera immanquablement du boom immobilier qui est en train de s'y produire.»

Ce duplex n'est pas l'exception dans le quartier. Comment l'expliquer? «Certains endroits sont un peu moches, reconnaît le courtier. Il faut être un peu visionnaire. C'est pourquoi les prix sont moins élevés qu'ailleurs. Mais le quartier a énormément de potentiel. D'ici 10 ans, les prix des propriétés se rapprocheront de ceux de Ville-Marie.»

Mia Desroches a su regarder au-delà des tapis usés, du papier-peint désuet, des planchers croches, de la saleté et du fouillis indescriptible qui régnait dans la maison qu'elle a achetée en janvier 2009. Son conjoint, Guillaume Fortin, et elle ont sorti 52 sacs d'ordures avant d'amorcer les travaux majeurs de rénovation. Le jeu en valait la chandelle, estime la jeune femme, qui aura 34 ans dans quelques jours, puisque la maison à étages construite en 1950 a été acquise pour 240 000$. Les rénovations? Elles ont coûté environ 100 000$. Mais le couple, qui n'a pas compté les heures, a exécuté une bonne partie des travaux lui-même, travaillant fort pour récupérer et mettre en valeur ce qui pouvait l'être.

«Tout a été refait dans cette maison, indique fièrement Mia. Mais nous en avons respecté l'esprit.»

Avec le vieillissement de la population, beaucoup de bonnes occasions se présenteront, croit-elle. «Plusieurs propriétaires de longue date deviendront trop âgés pour demeurer chez eux et devront vendre, précise-t-elle. Mais pour faire une bonne affaire, il faudra être prêt à se relever les manches et manier le marteau!»

La nouvelle commence à s'ébruiter. «Depuis six ou sept ans, beaucoup de familles qui cherchent des petits immeubles à revenus pas trop chers, en ville, achètent ici, constate Patrick Martineau, qui habite avec sa jeune famille dans Ville-Émard et est un des cofondateurs du Bistro Monk. Sur ma rue, les propriétaires d'origine italienne d'un certain âge sont remplacés les uns après les autres par des familles. Elles arrivent d'Outremont et de Villeray, mais sont aussi d'origines culturelles diverses.»

Peu de terrains sont disponibles, mais depuis un an ou deux, de petits chantiers surgissent, menant à la construction d'immeubles de trois à 21 logements, note Huguette Roy, conseillère du district de Saint-Paul-Émard. «C'est intéressant, car ils amènent une nouvelle clientèle.»

Mondev Construction est l'une des rares entreprises actives en ce moment: elle construit le Laurendeau, un complexe de 21 appartements, qui devrait être complété en avril prochain, à proximité de la station de métro Jolicoeur.

«C'est un très beau coin et il y a une demande pour ce genre d'habitation, constate David Owen, président de la compagnie. Les prix s'échelonnent entre 160 000$ et 235 000$, taxes en sus, pour des appartements de superficies variant entre 600 et 1100 pieds carrés. Ils sont un peu plus abordables que d'autres de nos projets dans le Plateau ou le centre-ville, parce que le terrain a coûté moins cher.»