Le marché de la revente, dans la région de Québec, se portera bien en 2011, pense Nathalie Duchesne, courtière hypothécaire sous la bannière Multi-Prêts. La période précédant Noël l'en a persuadée. Il n'y a pas eu de répit, suivant son expérience propre, dans la qualification d'aspirants acheteurs et dans leur quête des meilleurs taux d'intérêt.

Les premiers mois de l'année ont été infernaux. La demande de service a été fulgurante. «Car les gens appréhendaient une hausse des taux. Ce ne sont pas les politiques limitatives fédérales d'accès au crédit hypothécaire, entrées en vigueur en avril, qu'ils craignaient. Pour tout dire, ils n'y comprenaient pas grand-chose», se souvient Mme Duchesne.

Il y a ensuite eu accalmie, à présent s'amorce une reprise. Pour sa part, la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) prévoyait, début décembre, lors de sa conférence annuelle sur les perspectives du marché de l'habitation à Québec, une baisse de 10 % (à 7200) du nombre de transactions cette année, mais une hausse de 6 % en 2011. Hausse qui, selon les observateurs, s'accordera plutôt à une remise à niveau.

Ce pourrait être mieux, cependant. Car la «vive demande» contraindra le stock de logements offerts. «Il demeurera bas, ce qui limitera les ventes», pronostique la SCHL.

La vitalité de l'économie et du marché de l'emploi, la migration interprovinciale qui devrait profiter à la région métropolitaine, le faible taux d'inoccupation des logements locatifs (0,6 %), le prix abordable des logements en comparaison de Montréal viendront soutenir l'activité.

Sans compter les taux d'intérêt, qui, parie Mme Duchesne, resteront bas. La Banque du Canada, croit-elle, n'osera pas augmenter - sensiblement tout au moins - son taux directeur (actuellement de 1 %) de peur d'une nouvelle appréciation du dollar et de mettre en péril les finances personnelles des Canadiens, endettés à une «hauteur de 148 % de leur revenu personnel disponible».

Les taux variables devraient, selon la SCHL, être de 2,7 % à 3,7 %. Les fixes, de trois à cinq ans, de 3,5 % à 6 %. Encore que Mme Duchesne soit convaincue que le taux sur cinq ans se cantonnera idéalement à 4,5 %, s'accordant de la sorte à un taux identique, en 2003, qu'on considérait à tout casser.

À la suite de quoi, les taux les meilleurs sont descendus jusqu'à 3,34 %. Mais la courtière trouve que cela est désormais d'un autre temps. Alors que la SCHL, de son côté, croit que l'effet de la baisse des taux est déjà derrière nous.

Niveau élevé

Quant aux mises en chantier, d'après l'organisme fédéral, elles demeurent à un niveau élevé, même s'il s'attend à un recul (à 5845) en 2011 par rapport aux 6075 attendues cette année. Aussi est-on loin des chiffres de 2000 (2275) et de 1995 (1077).

«À cet égard, les dernières années ont été fécondes. Cependant, une décroissance est plausible et même normale. Car le marché ne peut pas être toujours haussier ni la demande sans cesse au zénith», trouve le président de l'Association provinciale des constructeurs d'habitation (APCHQ) pour la région de Québec, François Levesque.

Ce repli, continue-t-il, procède sans doute des humeurs de la démographie et de la rareté des terrains désormais à Québec. Leurs prix n'étant toutefois pas, selon lui, un facteur dissuasif.

M. Levesque ne voit pas moins poindre, dans des secteurs résidentiels de choix, l'acquisition de propriétés complètes que pour le terrain. On achète, on démolit, on reconstruit. À moins qu'on ne rénove de fond en comble.

Ce faisant, oppose Le Soleil au dirigeant de l'APCHQ, les propriétaires ne devront-ils pas patienter quelques années avant que leur mise de fonds s'accorde au prix du marché?

Non, répond-il. Ils peuvent récupérer leurs billes sur-le-champ, si l'ensemble de la propriété est engageant, si la maison et ses dépendances ont été bien conçues et aménagées avec goût.