La maison nette zéro Alstonvale, en construction à Hudson, est une des habitations les plus innovatrices au Canada. Non seulement produira-t-elle autant d'énergie que ses occupants en consommeront, mais son système photovoltaïque thermique générera suffisamment d'énergie pour alimenter une voiture électrique. Dans une serre adjacente, des fruits et des légumes pourront de plus être cultivés toute l'année.

La maison nette zéro Alstonvale, en construction à Hudson, est une des habitations les plus innovatrices au Canada. Non seulement produira-t-elle autant d'énergie que ses occupants en consommeront, mais son système photovoltaïque thermique générera suffisamment d'énergie pour alimenter une voiture électrique. Dans une serre adjacente, des fruits et des légumes pourront de plus être cultivés toute l'année.

«La maison nette zéro Alstonvale va plus loin que les autres projets EQuilibrium de la SCHL, qui sont déjà avant-gardistes, indique Yves Poissant, spécialiste des technologies photovoltaïques chez Ressources naturelles Canada. Elle ne se limite pas au cadre de l'habitation. Elle tente aussi de répondre en partie aux besoins de ses futurs occupants en matière d'alimentation et de déplacements locaux en automobile.»

Il y a très peu d'exemples de maisons durables en banlieue, souligne Emmanuel Blain-Cosgrove, d'écohabitation.com, responsable de la vérification du programme LEED for Homes au Québec. «L'architecte Sevag Pogharian n'a pas fait semblant que l'auto n'existait pas, apprécie-t-il. Il en a tenu compte pour mettre au point son concept d'auto branchée. Avec son équipe, il a par ailleurs intégré plein de choses pour que la maison obtienne une bonne performance dans les huit catégories écologiques du programme LEED for Homes. Elle va certainement recevoir une certification platine!»

Pour Sevag Pogharian, il ne pouvait en être autrement. «Plus je comprends le contexte global, plus je suis convaincu qu'il faut faire les choses de façon radicalement différente.»

Le cottage de 2700 pieds carrés, très bien isolé et étanche à l'air, a été optimisé pour tirer parti le plus possible de l'énergie solaire. La maison a ainsi été orientée de façon à ce que les immenses fenêtres à triple vitrage, sur le côté, fassent face au sud. Elles occuperont alors 43% de l'espace.

Autre astuce: ces fenêtres donneront surtout sur le couloir qui relie la salle à manger au salon, au rez-de-chaussée, et sur l'escalier qui mène à l'étage. La chaleur du soleil sera emmagasinée dans l'immense mur de maçonnerie qui bordera cet espace, de même que dans les planchers de béton, recouverts de céramique. Le mur et les planchers agiront comme masse thermique, stockant la chaleur et réduisant les écarts de température.

La lumière du soleil sera par ailleurs convertie en électricité et en chaleur à l'aide d'un système photovoltaïque thermique innovateur, qui fera notamment appel à une quarantaine de panneaux solaires sur le toit. La chaleur sera stockée dans un immense réservoir d'eau, d'une capacité de 4500 litres. Un système thermo solaire conventionnel indépendant chauffera l'eau domestique, dont la consommation sera réduite à l'aide d'une série de mesures. Un seul puits géothermique a été creusé, pour servir d'appoint.

Le système photovoltaïque thermique a été mis au point avec la collaboration d'Andreas Athienitis, de l'Université Concordia, titulaire d'une chaire de recherche en énergie solaire, et de José Candanedo, candidat au doctorat à l'Université Concordia. L'installation est d'une puissance de 7,3 kW, alors que 5,8 kW suffiront pour répondre aux besoins en électricité de la maisonnée. Reste 1,5 kW pour alimenter une voiture électrique, qui pourra parcourir 40 km chaque jour.

La serre sera alimentée par son propre système photovoltaïque thermique. Sept étudiants de l'École de l'environnement, à l'Université McGill, ont examiné cet automne ce que pourraient y cultiver les futurs résidants. Ils ont élaboré un guide d'utilisation à leur intention. «Les fruits et les légumes pourraient représenter 20% des calories absorbées quotidiennement par une famille de quatre personnes, en plus de fournir une importante quantité de vitamines et d'éléments nutritifs», indique le professeur George McCourt, qui a supervisé le projet.

Une fois la construction terminée, l'été prochain, la maison sera ouverte au public pendant six mois. Une famille habitera ensuite dans la maison pendant un an, le temps que la SCHL, Hydro-Québec et l'Université Concordia mesurent toutes sortes de paramètres. C'est à suivre.La maison nette zéro Alstonvale figure parmi les 12 projets sélectionnés au Canada, dans le cadre du concours EQuilibrium de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL). Le but? Bâtir des maisons saines avec un bilan énergétique zéro et inspirer, afin de modifier la façon de construire les habitations. Au Québec, la maison ÉcoTerra, des Maisons Alouette (qui peut être visitée à Eastman) et le projet Abondance Montréal (en construction à Verdun), ont aussi été primés.

 

Photo Bernard Brault, La Presse

L'architecte de la maison nette zéro Alstonvale, Sevag Pogharian, en est aussi le promoteur et l'entrepreneur général. Il a été séduit par l'idée, lancée par la SCHL, de concevoir une habitation qui produit autant d'énergie que ses occupants en consomment.