Quand Robert Godin a construit sa nouvelle maison à Rigaud, son idée était faite: il n'y aurait pas de sous-sol. «Humidité, moisissures, dégât d'eau, je les ai tous vécus. Plus jamais. En plus, on ne vit pas dans le sous-sol. On collectionne dans le sous-sol. C'est tout.» Comme M. Godin, croyez-le ou non, plusieurs acheteurs boudent le sous-sol.

Quand Robert Godin a construit sa nouvelle maison à Rigaud, son idée était faite: il n'y aurait pas de sous-sol. «Humidité, moisissures, dégât d'eau, je les ai tous vécus. Plus jamais. En plus, on ne vit pas dans le sous-sol. On collectionne dans le sous-sol. C'est tout.» Comme M. Godin, croyez-le ou non, plusieurs acheteurs boudent le sous-sol.

Des raisons? Trop malsain et trop sombre. Ou encore nid à vieilleries. «On construit une dalle de béton moins profonde, à cinq pieds au lieu de neuf et on la remplit de sable et de gravier», explique Mario Carpentier, directeur des ventes chez Dessins Drummond. Ce qu'on économise, au fond, c'est la finition du sous-sol. Une économie qui peu s'avérer substantielle...

À moins d'y être obligé, qui veut se retrouver au sous-sol pour travailler? Et si les ados ont grandi, quelle devient son utilité? Sylvain Charette, directeur de succursale chez Dessins Drummond, a vendu une quinzaine de projets sans sous-sol au printemps dernier. Cette nouveauté est réclamée par les clients de tous les âges, en banlieue comme à la campagne.

Changer ses habitudes

Sans sous-sol humide et sombre, une nouvelle vie a commencé pour Robert Godin. Il a installé le chauffage radiant sous le béton. En fait, toute la plomberie et la mécanique sont logées dans une tranchée construite à huit pouces sous le plancher. «Je n'ai plus d'adolescents. Je n'ai pas de pièce de cinéma maison. Et si mon plus jeune part, on prendra sa chambre pour faire un atelier.»

Si les acheteurs désertent le sous-sol, ils trouveront de nouveaux espaces pour les accommoder dans les étages. Ainsi, la salle de lavage bouge beaucoup par les temps qui courent. Du sous-sol, elle est passée près de la salle d'eau. Elle se déplace maintenant aux étages ou quand ce n'est pas carrément à côté du garage. «De plus en plus, on nous la demande à côté des chambres», souligne Daniel Therrien, de Planimage. Le sous-sol semble avoir perdu la cote, car on veut éviter les déplacements. Se taper trois volées de marches avec le lavage, c'est peut-être bon pour l'exercice mais ça perd de la vogue. «On la fait près des chambres, tout simplement parce que c'est plus pratique. Le linge est toujours en haut!» dit Pierre Bélanger, de Boucherville. Chez lui, il y a deux salles de bains à l'étage et ça faisait beaucoup de paniers à linge à descendre...

Trouver l'espace ailleurs

Pourquoi perdre de l'espace? Une façon intelligente d'agrandir, pour ceux qui veulent de la lumière s'entend, c'est de construire une pièce au-dessus du garage. «Plusieurs entrepreneurs nous demandent de prévoir ça. Donc, on planifie avec la possibilité d'en faire une partie habitable», explique Daniel Therrien, de Planimage. Bureau, cinéma maison, voire chambre principale, toutes les possibilités sont explorées pour cet espace légèrement isolé du reste de la maison.

Daniel Desgagnés, de l'Assomption, a converti cet espace en salle de séjour de 324 pieds carrés. «Originalement, le plan de maison avait un garage plus petit. En l'agrandissant de quatre pieds pour mes besoins, j'ai aussi agrandi la salle familiale.»

Ranger dans un vestiaire

Un nouveau type de pièce-débarras fait son apparition: le vestiaire de type garderie, avec ou sans casiers. On y met tout: bottes, équipement de sport (casques, patins, skis), sacs d'école, vélos (crochets verticaux), la laisse du chien, la luge... L'idée derrière tout ça: garder l'entrée propre et libre de toute entrave.

Pierre Bélanger, de Boucherville, rappelle qu'il faut savoir où sont ses besoins. «L'entrée principale, on ne s'en sert jamais. On passe toujours par le garage. Les bottes, les manteaux, les produits nettoyants, même les bouteilles de vin, tout est rangé là!» dit-il. Au rayon placard, la cuisine nous offre une tendance qui s'accentue beaucoup ces dernières années: l'agrandissement et le changement de vocation de la «dépense». Cet espace de rangement fera désormais en moyenne 4 X 4 pieds.

Sylvain Charette, chez Dessins Drummond, et Daniel Therrien, de Planimage, constatent tous deux une recrudescence de la demande. En plus des réserves de nourriture, des produits d'entretien et de salle de bains, le congélateur et le deuxième frigo y sont parfois logés. «Dans certains cas, ça permet même de faire moins d'armoires dans la cuisine», note Denis Chamberland, de Dessins Drummond.

Sous-sol bachelor

Dernière percée remarquée côté nouveautés: la planification d'un sous-sol aménagé en bachelor pour y loger... les autres. «Ça a été une petite surprise», avoue le directeur artistique chez Dessins Drummond, Denis Chamberland. Le directeur des ventes de l'entreprise, Mario Carpentier, constate quant à lui une demande réelle dans la couronne nord. À Blainville, notamment, la municipalité permet le bachelor dans une zone résidentielle et familiale. Les jeunes couples et jeunes familles veulent ainsi augmenter leur niveau de vie en intégrant une telle unité. «La différence avec ce qui se faisait avant, c'est que maintenant, on construit neuf comme ça», remarque Denis Chamberland.

 

Photo François Roy, La Presse

Le vestiaire résidentiel: un espace de rangement utile pour loger le trop-plein quand on n'a pas de sous-sol.