Comme bien des couples prudents, ils auraient pu commencer par refaire eux-mêmes une salle de bains défraîchie. Hé non! Annie Lafrance, 29 ans, et Jean-François Rivard, 37 ans, en avaient marre de visiter des maisons trop chères depuis un an. En mai, ils ont donc pris le taureau par les cornes et en ont maintenant plein les mains!

Comme bien des couples prudents, ils auraient pu commencer par refaire eux-mêmes une salle de bains défraîchie. Hé non! Annie Lafrance, 29 ans, et Jean-François Rivard, 37 ans, en avaient marre de visiter des maisons trop chères depuis un an. En mai, ils ont donc pris le taureau par les cornes et en ont maintenant plein les mains!

«Je m'implique même pour les parties plus physiques!» s'exclame d'entrée de jeu Annie, sans expérience en construction. Avec l'achat de leur terrain à Saint-Émile, ils ont enfin vu la lumière au bout... de la forêt!

Jusqu'ici, Annie a surtout relevé le défi en mettant sa patience à rude épreuve. Obtenir le permis de construction, le seul nécessaire en autoconstruction, a pris cinq semaines. Son conjoint, un informaticien, effectue les travaux physiques, comme le déboisement des deux tiers de leur forêt de 15 000 pieds carrés. Il n'a que quelques rénovations mineures à son actif.

La condition sine qua non pour réussir un tel projet? «Il faut que ton couple soit solide, confie Annie. Mais on s'en est beaucoup parlé pendant un an.»

Question d'économiser

Qu'est-ce qui peut bien pousser à s'autoconstruire, à l'heure du clé en main? «On voulait quelque chose à notre goût : une maison à deux étages, avec un garage, un sous-sol et un terrain boisé, pas trop loin de la ville», explique-t-elle.

Pointilleux? «Pas tant que ça!» se défend cette travailleuse autonome, comme son conjoint informaticien. En 2007, le marché de l'immobilier à Québec était trop élevé pour leur budget. Les maisons qui leur plaisaient valaient 450 000 $. Petit à petit, ce couple sans enfant a donc envisagé l'autoconstruction, en considérant mille et une choses.

«On a magasiné des terrains à l'île d'Orléans, mais il fallait dynamiter le sol, construire un puits et faire venir les égouts, ce qui coûtait beaucoup plus cher», explique-t-elle. Aussi, pour évaluer le coût de l'hypothèque, Annie a fait faire un maximum de soumissions pour budgéter de façon réaliste. Au total, ils estiment leur projet à 250 000 $.

«Mais on défonce notre budget à chaque étape, rigole Annie. Il faut prévoir une marge d'erreur.» Par contre, aucune concession n'était possible sur la qualité des fondations. «Il n'y a pas d'erreur possible si tu veux que ta maison soit bien partie. On n'a pas hésité à sous-contracter», prévient-elle.

Leur grande économie a été l'achat du plan de leur maison sur Internet, pour la modique somme de 1000 $. Annie a épargné neuf fois le prix des services d'un architecte qui exige environ 10 % de la valeur de la maison.

La pluie retarde les travaux

Devenir entrepreneur général n'est pas une mince affaire. Parole de nouveaux castors bricoleurs.

Pour réaliser leur projet, Annie et Jean-François ont prévu une dizaine d'étapes : l'achat du terrain, le déboisement, l'excavation, les fondations, la charpente, la toiture, les planchers et les murs, l'aménagement intérieur et la décoration.

Bien qu'ils continuent à travailler à temps plein, ils en sont maintenant rendus à la charpente. La pluie a inondé le terrain, retardant de deux semaines les fondations qui viennent d'être terminées.

Mais ces tourtereaux ont plusieurs atouts pour mener à bien leur rêve. «Notre projet demande beaucoup de disponibilité et de latitude, mais on peut se le permettre. On ne s'est pas mis de délais», souligne Annie. Ne pas travailler de 9 à 5 leur donne une grande liberté.

Par contre, ils ont sacrifié les vacances! «Il faut toujours surveiller. C'est nous les chefs du chantier», rappelle-t-elle.

S'autoconstruire demande aussi beaucoup de connaissances en construction. «Une fille doit faire sa place. Il faut se renseigner, poser des questions.» Comme quoi la fibre journalistique peut même servir à la construction d'une maison.