Le promoteur du «Village Griffintown», dans le Sud-Ouest, se dit estomaqué par les critiques du Conseil du patrimoine de Montréal. Dans un avis transmis à la Ville, dont La Presse faisait état hier, l'organisme a écorché l'ambitieux projet de 1,3 milliard, estimant que sa réalisation compromettrait le statut de la métropole comme «ville du Patrimoine mondial» auprès de l'UNESCO.

Le promoteur du «Village Griffintown», dans le Sud-Ouest, se dit estomaqué par les critiques du Conseil du patrimoine de Montréal. Dans un avis transmis à la Ville, dont La Presse faisait état hier, l'organisme a écorché l'ambitieux projet de 1,3 milliard, estimant que sa réalisation compromettrait le statut de la métropole comme «ville du Patrimoine mondial» auprès de l'UNESCO.

 Le Conseil reproche à la firme Devimco de vouloir démolir une trentaine de bâtiments et de supprimer des rues âgées de 200 ans. Il dénonce aussi la construction projetée d'immeubles qui seront de deux à trois fois la hauteur permise selon les règles d'urbanisme. La Ville de Montréal est également prise à partie, puisqu'elle n'a pas soumis le projet à l'Office de consultation publique de Montréal. «Je trouve ça très dommage, a indiqué le président de Devimco, Serge Goulet, en marge d'un forum organisé à l'École de technologie supérieure. Depuis le début, on travaille intensément pour rencontrer tous les organismes et toutes les associations. On a mis beaucoup de temps, on va continuer à en mettre. Ces gens-là, on ne les a jamais rencontrés.»

 Les promoteurs font valoir qu'ils restaureront 12 bâtiments à caractère patrimonial dans le quartier, en plus d'en déménager deux autres. Ils entendent aussi mettre en valeur les vestiges de l'église Sainte-Anne, démolie en 1970, et construire un tramway vers le centre-ville. Quant à la hauteur des bâtiments, ils y voient un moyen de freiner la saignée vers les villes de banlieue.

 «Si l'on veut cesser l'étalement urbain, il faut densifier. Et pour cela, il faut de la hauteur», a indiqué l'ancien maire de Verdun, Georges Bossé, qui agit comme consultant pour les promoteurs. «Si l'on ne densifie pas le centre-ville, je me demande où on va le faire. On ne pourra pas densifier Brossard, ni Pointe-Claire.»

 Le Conseil du patrimoine n'est cependant pas seul à critiquer le projet. Plusieurs intervenants lors du forum d'hier soir se sont dits préoccupés par l'érection de 3860 logements, des locaux commerciaux et à bureaux, une salle de spectacle et deux hôtels. Le tout dans un espace de 100 000 m2.

 Certains ont exhorté Devimco à faire davantage pour valoriser l'héritage culturel du quartier, berceau de la communauté irlandaise de Montréal. Des marchands du centre-ville se sont dits inquiets de voir leurs commerces désertés au profit des nouveaux espaces dans le Sud-Ouest.

 Le conseiller municipal Richard Bergeron, chef de Projet Montréal, a reproché à Devimco de ne pas inclure une école dans son vaste développement immobilier. «Comment peut-on imaginer un secteur de 28 000 habitants sans qu'on ait posé la question élémentaire des principaux équipements communautaires, à commencer par une école?» a-t-il demandé.

 Devimco, qui a réalisé le projet Dix30 à Brossard, poursuit ses consultations auprès des citoyens et de divers groupes communautaires. L'entreprise souhaite mettre son projet en chantier au printemps 2009.