Cette année, Michael Cormier se demandait s'il allait décorer sa maison pour Noël. «Et si on vend...», philosophait le quinquagénaire. Heureusement qu'il a changé d'idée. La maison de Michael et de son conjoint, Serge Dauphin, est l'incarnation même d'une maison du temps des Fêtes. La campagne et le petit village de Frelighsburg tout près, les arbres qui croulent sous la neige, les belles pierres, les foyers: comment ne peut-on pas penser aux Fêtes en roulant sur le chemin qui mène au domaine du couple? Car domaine, ce l'est.

«Avant, on était les fiers propriétaires d'un bac à fleurs de 8 pi de long. Maintenant, ben... c'est ça.» Celui qui parle, c'est Serge. Son «ça» mesure près de 5 millions de pi2. Un petit coin de paradis à l'ombre du mont Pinacle. Disons qu'on est loin du bac à fleurs. «On habitait dans un penthouse dans le Vieux-Montréal et on était très heureux avec notre bac. Imaginez maintenant!»

Petit retour dans le temps. En 1997, Serge et Michael reviennent d'un voyage à Ogunquit.

«On s'est arrêtés à Frelighsburg à cause de Daniel Langlois.

- L'entrepreneur? Vous le connaissiez?

- Oui et non. Il venait d'acheter le haut du mont Pinacle pour le protéger. Je trouvais que c'était pas mal cool de vouloir protéger le haut d'une montagne. Je voulais voir de mes yeux.

- Et Frelighsburg, vous connaissiez?

- Pantoute!»

Toujours est-il que le couple est tombé sous le charme de ce coin rural, à quelques kilomètres de la frontière américaine. «On a vu de magnifiques maisons ancestrales en pierres et on s'est convaincu que ça nous en prenait une.» Le couple a mandaté un courtier pour en trouver une, justement. C'est ainsi que, quelques mois plus tard, Serge et Michael se sont retrouvés propriétaires d'une maison bicentenaire, en pierres, avec une véranda ensoleillée. Et, accessoirement, 109 acres de terrain boisé, deux étangs, une grange, une maison d'invités, un garage et beaucoup de travail en perspective.

«Vous êtes habiles de vos mains?

- Non, mais j'avais un petit marteau pour planter des clous à cadres et une scie de 8 po. Et beaucoup d'enthousiasme.»

Et d'humour.

De l'enthousiasme (et de l'argent), il en a fallu. Au fil des ans, le couple a beaucoup travaillé et beaucoup dépensé pour redonner à cette maison ses airs de noblesse.

Un peu d'histoire

Six familles avaient occupé la maison depuis sa construction à la fin du XVIIIe siècle. D'abord bâtie par la famille Knap qui l'a habitée jusqu'en 1906, elle a fait l'objet de multiples rénovations. Certains composants d'origine ont survécu, heureusement, mais d'autres ont pris le chemin du dépotoir. Afin de respecter l'apparence ancestrale qui plaisait beaucoup aux nouveaux proprios, Serge et Michael ont consulté un architecte à la retraite, Gabriel Charbonneau, qui les a conseillés pendant deux ans.

«On a travaillé ensemble sur les plans, puis on a commencé les travaux avec un entrepreneur. À un certain moment, il y avait jusqu'à 30 ouvriers sur le chantier», se souvient Serge. C'est Michael qui s'est occupé de la coordination puisque Serge travaillait à Montréal et un peu partout au Québec. Le couple a vécu dans la maison d'invités pendant deux ans.

D'abord, il y a eu les mises à jour incontournables: plomberie, éléments de chauffage, électricité, toiture, etc. Puis, il y a eu le dégarnissage des murs intérieurs qui ont révélé les pierres cachées sous des couches de panneaux en gypse et autres matériaux indésirables.

«Comment avez-vous su qu'il y avait des pierres derrière?

- On a donné un coup de marteau dans le mur!»

Au-delà de ce défoulement thérapeutique, l'exercice a permis de mettre au jour une série de problèmes propres aux vieux immeubles. «On a refait le jointoiement de tous les murs. On a installé une lucarne dans la chambre d'invités et repensé les divisions des pièces. Pendant que l'excavatrice était sur place pour modifier la trajectoire du chemin de la route à la maison, on a fait creuser le sous-sol.» La cuisine a été longuement réfléchie par Michael qui était chef dans de grands restaurants dans sa vie antérieure et qui souhaitait se donner un espace digne de ce nom.

Les rénovations en pleine campagne ont apporté leur lot de surprises, pas toutes mauvaises. «On ne savait pas à quoi ressemblait une souris avant de venir ici. Maintenant, on le sait!»

Photo fournie par Les immeubles Coldbrook

La maison est faite de pierres qui montrent ses origines au XVIIIe siècle. Évidemment, il y a eu plusieurs modifications depuis. Les derniers propriétaires ont passé deux ans à restaurer la maison.

Travaux extérieurs

L'extérieur a également fait l'objet de travaux importants. La circonférence de l'étang principal a été rétrécie afin de permettre une plus grande profondeur dans le lac. D'ailleurs, la vue de l'étang à partir de la véranda adjacente à la cuisine est on ne peut plus bucolique.

La forêt est si grande que Serge a dû abattre des centaines d'arbres afin de créer des sentiers. À l'écouter décrire amoureusement son domaine, on sent les projets se bousculer dans sa tête.

Mais il a eu 63 ans récemment et a pris sa retraite après la fermeture de son entreprise. Il est temps de passer à autre chose. La prochaine vie se passera sur un grand voilier avec un pied-à-terre quelque part à Montréal, s'il réussit à convaincre Michael. «Ça viendra», assure le marin en devenir.

La propriété en bref

Prix demandé: 1 475 000 $

Année de construction: probablement entre 1792 et 1810

Pièces: 10 pièces comprenant 2 chambres, 1 salle de bains, 2 foyers au bois, 2 vérandas, une maison d'invités, une grange, un garage détaché

Superficie habitable: 3186 pi2

Superficie du terrain: 4 748 040 pi2 (ou 109 acres)

Évaluation municipale: 1 156 400 $

Impôt foncier: 7697 $

Taxe scolaire: 1972 $

Courtiers: Les immeubles Coldbrook, Réginald Gauthier et Lilian Sharko

Consultez la fiche de la propriété: https://www.centris.ca/fr/maison~a-vendre~frelighsburg/23464016

Photo fournie par Les immeubles Coldbrook

L'espace autour du foyer a été restauré par les propriétaires actuels qui ont ajouté un monte-charge pour hisser les bûches.