Rénover pour revendre est un sport de haute voltige. Comment savoir si le prochain acheteur appréciera le carrelage de la salle de bains? Ou les armoires de la cuisine? Ou, plus important, le site même de la propriété?

Karine Borris semble avoir un don pour comprendre ce qui passe et ce qui ne passe pas. Est-ce en raison de projets antérieurs où elle a acheté, rénové puis revendu à profit? Ou est-ce parce qu'elle a passé 18 ans dans une agence de courtage immobilier? Quoi qu'il en soit, son plus récent projet, la rénovation complète d'une maison centenaire de Lachine, son plus ambitieux chantier jusqu'à présent, fait la preuve qu'elle a bien retenu ses leçons.

Ce projet n'avait pas été conçu pour les autres, mais pour la grande famille de Mme Borris et son mari: Mélodie, 21 ans, Maxime, 14 ans, Mariemai et Marilou, ses jumelles de 13 ans. «On l'a fait pour nous et on a mis des matériaux de grande qualité et beaucoup d'efforts. On pensait y vivre très longtemps...»

Mais le destin, parfois, a ses propres visées. Des événements inattendus obligent la propriétaire à repenser sa vie. C'est ainsi que, moins de huit mois après avoir terminé la refonte complète de la maison, Mme Borris la vend. «On va s'en ennuyer, c'est certain, mais ainsi va la vie.»

Patience et longueur de temps...

Mme Borris avait les yeux sur cette propriété depuis «au moins» 15 ans. Mais, en 2000, elle était trop chère pour le portefeuille du jeune couple. «En 2012, elle est revenue sur le marché, mais elle était encore au-dessus de nos moyens.» En 2014, la famille a tenté sa chance auprès des vendeurs qui ne l'habitaient plus depuis longtemps. Et cette fois, les astres étaient alignés.

Le terrain était grand et bien aménagé, mais l'intérieur devait être modifié. Avec l'aide de la designer Mélanie Cherrier (Blanc Marine Living), Mme Borris a tout repensé la maison, de A à Z. «On a commencé par le bas. On a fait creuser le sous-sol [à la main!] pour qu'il reflète le périmètre de la maison. Avant, la cave n'en couvrait qu'une partie, et les plafonds ne mesuraient que six pieds.»

Puis, le duo s'est attaqué aux autres niveaux. «Les pièces du rez-de-chaussée étaient fermées, chacune étant indépendante l'une de l'autre. Je voulais ouvrir, pour que les gens, où qu'ils soient, puissent se parler, se voir.»

Ainsi, on a abattu les cloisons entre la salle à manger, le salon et l'escalier qui mène à l'étage. Là où se trouvait un petit bureau fermé à l'entrée se trouve maintenant un élégant vestibule comme on en voit dans les grandes maisons. Le couloir menant au salon et aux autres pièces a disparu. Les pièces communes sont maintenant reliées.

D'ailleurs, d'autres éléments ont disparu, comme cet ancien escalier de service qui avait été caché dans les murs et qui ne servait plus depuis belle lurette. Comme aussi la véranda trois saisons qui a été transformée en joli salon ensoleillé.

Toutes les fenêtres ont été changées, et certaines ouvertures ont été modifiées. L'escalier qui mène à l'étage est beaucoup plus large. La cuisine a subi un remodelage complet. Les surfaces de travail semblent en marbre mais sont en quartz, une surface moins poreuse.

Les chambres comptent maintenant de vastes placards et de grandes ouvertures sur la verdure. Les arbres, dans ce secteur de Lachine, sont matures et fournis.

Il y a plusieurs coups de coeur dans cette (nouvelle) maison. Nous avons craqué pour les fenêtres originelles plombées de la baie vitrée de la salle à manger que la propriétaire a conservées et dont le bois a été peint en blanc, imitant les boiseries et caissons des pièces. Également, les meubles fabriqués sur mesure par le cousin ébéniste de la propriétaire, Rino Ratte, qui a exécuté notamment tous les éléments des salles de bains, de la salle à manger et des penderies. «Je lui envoyais une photo en lui donnant les mesures, et il les fabriquait.»

La famille quitte donc cette maison pour une nouvelle destination. Où, nous a murmuré Mariemai, il y aura des chevaux. Mais c'est encore un secret.

Photo fournie par Groupe Sutton-Expert

C'est par cette pièce qu'on entre dans la maison. Il s'y trouvait un bureau fermé auparavant. Le carrelage gris et blanc est mat comme les lattes en frêne huilé du parquet.

La propriété en bref

Prix demandé: 1 469 000 $

Année de construction: autour de 1900

16 pièces, comprenant 5 chambres, 3 salles de bains, 1 salle d'eau, 6 stationnements extérieurs (allée).

Superficie du terrain: 16 000 pi2

Évaluation municipale: 755 700 $ (2012)

Impôt foncier: 6190 $

Taxe scolaire: 1348 $

Courtier: Daniel Mackay, Groupe Sutton - expert. 514 608-9755

Photo fournie par Groupe Sutton-Expert

La propriétaire a fait considérablement agrandir l'escalier menant à l'étage.