Il y a de ces endroits dans l'île de Montréal qui semblent avoir été oubliés par le temps.

Prenez le secteur Bowling Green de Pointe-Claire, apprécié par ses résidants, mais inconnu de la plupart des insulaires. La minuscule cité-jardin sur les bordures du lac Saint-Louis avait été conçue il y a une centaine d'années par l'architecte paysagiste Frederick G. Todd (celui-là même qui avait imaginé le lac aux Castors, les plaines d'Abraham et le parc de l'île Sainte-Hélène) pour les citadins en quête de calme.

Au centre de ce refuge d'une douzaine de maisons d'inspiration Arts and Crafts, un petit parc avait été aménagé pour les joueurs de boulingrin ou quilles sur gazon. Un sport très british, populaire à l'époque.

Les maisons du pourtour semblent être restées, pour ainsi dire, intactes, la Ville de Pointe-Claire étant très pointilleuse quant aux rénovations permises sur le bâti du secteur. N'empêche qu'avec les années, certains bâtiments ont connu des restaurations intéressantes, ce qui rend le quartier encore plus charmant.

C'est le cas de la maison de Didier Toussaint et de Lisa Lipari. À première vue, on se croirait catapultés au début du XXe siècle, durant l'âge d'or de ces constructions. Mais quand on entre, c'est une tout autre histoire.

«En 2012, nous avons acheté une maison de style Craftsman qui avait été construite il y a plus de 100 ans. Presque en même temps, nous avons pu acheter un espace boisé derrière la maison, ce qui augmentait considérablement la superficie du terrain», explique Mme Lipari, professeure de yoga, naturopathe, designer, graphiste et conceptrice de la maison!

Le terrain fait maintenant près de 30 000 pi2.

Le couple souhaitait agrandir le petit cottage tout en conservant son apparence avec ses bardeaux de cèdre et sa grande galerie. «Nous avons soumis plusieurs plans, avec des bardeaux presque identiques, des fenêtres en bois et une grande véranda.» Le parfait cottage de campagne.

Mais la municipalité voyait les choses autrement. «Dès qu'il s'agit de bâtiments historiques, Pointe-Claire impose des matériaux différents pour les rallonges, pour contraster avec la bâtisse d'origine.» Après plusieurs mois de négociations, la Ville a donné son feu vert à l'une des propositions du couple. Avec l'aide de l'architecte Pat McGee, il a pu construire sa maison. Et quelle maison!

Des plans dessinés sur une serviette de table

Mme Lipari et son mari avaient épluché des milliers de photos avant de coucher leurs idées sur papier, en ce cas, une serviette.

«Houzz, Pinterest, Architectural Digest, magazines de toutes sortes, amis et émissions de télé, you name it! On a tout emmagasiné, puis on a dessiné la maison de nos rêves.» 

Le couple et ses trois enfants, chacun aurait son espace avec, comme éléments rassembleurs, un grand salon, une véranda qui surplomberait la piscine creusée et une cuisine qui permettrait à tous les membres d'y travailler en même temps. Ah oui! on compterait aussi deux gyms et un spa, une cave à vin et un cellier fabriqué sur mesure.

La construction n'a pas été simple. «Il a fallu déplacer la maison d'origine, puisqu'il fallait en utiliser les fondations et les rebâtir tout en créant un sous-sol qui aurait les dimensions de la nouvelle maison», explique M. Toussaint, un ancien pilote qui travaille toujours dans l'aviation. La maison a par la suite été replacée sur la fondation. Dix-huit mois après la première pelletée de terre, la famille emménageait.

Nous disions que l'extérieur se mariait avec son entourage, vieillot et charmant. L'intérieur, lui, est résolument contemporain, mais avec des modernités empruntées au passé. Comme la chute à linge qui a ses ouvertures aux trois étages et la superbe cuisinière La Cornue.

Les planchers en marbre des salles de bains et de l'entrée, assemblées par un spécialiste, confèrent aussi un aspect ancien tout à fait dans le ton d'aujourd'hui. Les matériaux utilisés ont tous été triés sur le volet. Notamment, le parquet du rez-de-chaussée est en bois exotique d'Amazonie, du sucupira, une essence résistante aux tons de chocolat tirant sur le rougeâtre. 

Cette maison, le couple l'a aimée. «On a travaillé ensemble et on a adoré ce projet. Mais maintenant...» Maintenant, les enfants ont 15 et 18 ans. Deux sont au cégep, le cadet y sera dans deux ans. Il y aura l'université et l'attrait de la ville. Les parents ne veulent pas trop s'éloigner de leur progéniture. Un (grand) condo au centre-ville, peut-être?

Photo fournie par Sotheby’s

C'est la pièce maîtresse de la maison (immédiatement après la cuisine!). Derrière le fauteuil (invisible) se trouve un grand cellier vitré intégré et fabriqué sur mesure.

La propriété en bref

Prix demandé: 5 500 000 $

Année de construction: 2013

19 pièces, comprenant 6 chambres, 6 salles de bains, 7 stationnements extérieurs et garage

Superficie du terrain: 29 989 pi2

Évaluation municipale: 1 515 000 $

Impôt foncier: 13 915 $

Taxe scolaire: 2691 $

Taxe d'eau: 929 $

Courtière: Cassandra Aurora, Sotheby's. 514 287-7434, poste 196

Lien: http://www.centris.ca/fr/maison~a-vendre~pointe-claire/22006237

Photo fournie par Sotheby’s

Calqué sur celui d'une maison qu'elle avait fréquentée enfant, la propriétaire a reproduit le haut plafond avec ses poutres et ses lattes. L'effet enveloppant est saisissant dans l'environnement qui oscille entre le crème et le blanc.