Ce n'est pas la petite maison dans la prairie, n'empêche: on a l'impression d'être à mille lieues de la grande ville. Aucun feu de signalisation dans les parages. Pas de condo non plus. C'est le coin des chevaux. De nombreux résidants du cru s'intéressent aux disciplines équestres. «Il y a 25 écuries juste dans notre rang», dit Marie Nichols.

Avoir des chevaux, c'était son rêve de petite fille. La Drummondvilloise d'origine l'a réalisé quand elle a eu 44 ans. L'ancienne Montréalaise a découvert Verchères, une ville de 5692 habitants connue pour son histoire et ses maisons ancestrales.

Sa maison, en bordure du rang du Petit Coteau, date «d'avant 1800». Défraîchie, elle ne payait pas de mine au début des années 2000. Toutes les portes et les fenêtres accusaient tellement leur âge que leur remplacement à lui seul, affirme Mme Nichols, a suffi à requinquer cette construction à la vénérable charpente de bois, exposée comme le veut la coutume. «Cela prenait peut-être trois ans pour bâtir une maison comme celle-là», indique la dame au premier étage.

Nous découvrons à ce niveau un espace ouvert avec coin bureau et séjour, puis les pièces fermées: une chambre principale de presque 500 pieds carrés et, séparée, une mignonne salle de bains aménagée sous les combles, abritant une antiquité surmontée d'une douche et d'un lavabo rapporté du Mexique.

Mme Nichols dit avoir injecté quelque 300 000 $ dans les bâtiments de la propriété pour les stabiliser, les moderniser et les rendre confortables, autant pour les humains que pour les chevaux. De la musique classique joue dans l'écurie qui est chauffée et climatisée! Une bande de papier peint décore cette annexe, accueillante et propre comme un sou neuf. Elle contient trois autres pièces, dont une sellerie. Bâties en enfilade, ces pièces débouchent à l'arrière de la propriété sur un manège privé.

Le terrain s'étend sur environ 60 000 pieds carrés.

Plus d'un bâtiment

Le domaine équestre comprend donc plus d'un bâtiment.

L'ancienne grange aux portes bleues comme les volets de la maison a été agrandie avec une troisième porte similaire aux deux autres pour y loger le tracteur (inclus) et de l'équipement de jardin. Les résidants entreposent d'autres possessions en haut de cette construction puisqu'elle abrite un grenier.

La propriété comprend la structure d'une ancienne laiterie, fermée par des moustiquaires l'été. «Pour l'outdooring, c'est parfait ici», fait valoir Mme Nichols. Il y a un foyer extérieur, et une piscine creusée à proximité. «On voit le soleil se coucher, c'est très beau», ajoute l'adepte de peinture.

Car Mme Nichols peint... des chevaux, que des chevaux. Plusieurs de ses toiles ornent l'intérieur de la maison et de l'écurie, reflétant sa passion pour les randonnées équestres et les nombreuses fois qu'elle est montée à cheval avec sa fille, Amalie, dans le chemin des érablières du boisé de Verchères qu'on aperçoit au loin devant la propriété.

Son conjoint, Richard Francoeur, a quitté Lachenaie pour emménager avec elle à Verchères.

«Mon horizon s'arrêtait au voisin», témoigne l'homme de 60 ans, mais en habitant et en travaillant (comme consultant) à la campagne, il a pris goût à ce panorama. Il est dégagé et plat. On l'aperçoit très bien par-delà les nombreuses ouvertures de la salle à manger.

Une autre pièce embrasse la vastitude de l'horizon: c'est la deuxième chambre, celle d'Amalie. Une fenêtre de toit donne sur le couchant. Cet endroit à l'abandon a retrouvé vie autour du coeur structural de la maison -tout de bois, sans aucun clou - à l'étage supérieur.

Cuisine blanche et bois

Les planchers en pin et les belles fenêtres à crémones en bois de Tessier et frères font pittoresques, évidemment. Cependant, l'abondance de blanc actualise les pièces principales. La cuisine, par exemple. Elle se trouve près de l'escalier principal dont la rampe en bois reprend le thème «écurie», omniprésent. La cuisinière est au gaz. Il y a un dosseret en céramique représentant les armoiries de Verchères et deux îlots parallèles dans cette pièce. Les plans de travail sont en bois. L'évier, sur l'un des îlots, est disposé de telle sorte qu'on profite encore ici de la vue sur l'ouest.

«Il y a avait deux foyers et ils étaient condamnés, poursuit Mme Nichols. Il y avait là-dedans des nids d'écureuils, des nids d'oiseaux et deux ratons laveurs...» Les deux foyers ont été remis en état en janvier 2001. Mme Nichols a ajouté un foyer à combustion lente dans la partie écurie, pour le charme et pour l'autonomie.

Les chevaux étaient en pension ailleurs lors de notre visite, «pour la première fois cette année». Amalie n'est plus aussi présente qu'avant pour prendre soin des chevaux, explique sa mère: «J'ai aussi des douleurs [...] que je n'avais pas avant. Ç'a joué dans notre décision [d'annoncer récemment la propriété à vendre].»

«C'est une écurie de loisir. Il n'y a que deux boxes», précise la dame à l'intention des rêveuses que son projet inspirerait.