Le New York Times Magazine publiait récemment un photoreportage sur la vie en hauteur des New-Yorkais. Si vous ne pouvez sortir de la ville en été, montez sur les toits, pouvait-on y lire. À Montréal aussi, quand le mercure et l'humidité grimpent, il fait bon monter prendre l'air sur un toit. C'est un petit luxe urbain. Juste pour ça, l'immeuble Le Coloniale vaut la peine qu'on le crie sur tous les toits: un appartement y est à vendre!

La terrasse occupe environ un tiers de la toiture. On y a une vue à 360 degrés. Surtout, on y voit très bien le Mont-Royal, poumon vert des Montréalais à 1000 mètres de là à vol d'oiseau. Chaises longues et barbecue sont mis à la disposition des copropriétaires et de leurs invités.

L'escalier commun occupe l'espace d'un ancien monte-charge. Les murs intérieurs, à la brique, sont peints d'un blanc crème glacée vanille. C'est frais et moderne. D'anciennes portes coupe-feu apparemment récupérées en ces lieux décorent l'entrée des ascenseurs.

C'est où ça, Elmire?

On ne connaît pas cette petite rue à moins d'y avoir eu affaire. Elle existe depuis 1890 dans le Plateau Mont-Royal entre les avenues Coloniale et de l'Hôtel-de-ville, une ancienne frange industrielle aujourd'hui tapissée d'habitations (ou presque). La plupart possèdent un ou deux étages, si bien que Le Coloniale domine l'ensemble avec ses quatre étages de haut.

L'ancienne usine de textile abrite des lofts depuis la fin des années 80. «La plupart font 800 pieds carrés tandis que les unités en angle offrent plus ou moins 1100 pieds carrés d'espace habitable», d'après Bruno Jacques, propriétaire de l'appartement no 311.

Briques rouges, grandes fenêtres, l'endroit possède le charme et la patine des bâtiments patrimoniaux. Le charme continue d'opérer à l'intérieur du loft. Il y a de hauts plafonds en «millfloor», d'imposantes poutres et colonnes en bois brut et cinq grandes ouvertures permettant de zieuter sur les toits d'en face (c'est dire).

L'homme de 55 ans avait entendu parler de cet endroit par l'entremise d'une amie trapéziste dont la mère habitait l'immeuble. «Je suis arrivé en 2006. Je ne voulais rien qui pende des poutres, pas de tableaux, pas de crochets», précise-t-il. Il a accordé un soin tout particulier à l'éclairage de son intérieur.

Une lampe de style Castiglioni illumine la table de la salle à manger. «On peut passer en dessous quand on fait le service.»

Des appliques murales mettent en relief une longue cloison intérieure courant d'un bout à l'autre du loft. Des ampoules à filament y diffusent une lumière chaude dont l'intensité est réglée par un gradateur. M. Bruno préfère l'éclairage tungstène aux ampoules DEL, trop froides à son goût.

Le soir, la lumière des réverbères forme des ombres sur ce mur grâce aux petits arbres plantés près de l'immeuble à l'époque de sa conversion. Ils ont pris de l'ampleur depuis, de quoi réjouir M. Bruno qui décrit avec force détails les «textures» créées par le feuillage.

Le jour, l'ensoleillement peut surchauffer ce logis spécial.

Six fenêtres percent cette unité en angle. Le propriétaire à dû installer un climatiseur peu de temps après son arrivée et s'est aussi bricolé une cloison en panneaux de bois pour assombrir sa chambre.

La pièce la plus sombre, c'est le hall d'entrée. De hautes portes à claire-voie l'isolent du reste du loft. Des portes assorties dissimulent la laveuse et la sécheuse. «Si c'était à refaire, je ferais ouvrir ces portes à l'intérieur de la salle de bains et non dans le couloir.»

Les planchers - en érable, plutôt abîmés - seraient peut-être couverts de moquette, dit-il encore, si c'était à refaire. Pourquoi? Aux fins d'insonorisation.

Chose certaine, la cuisine, qui date d'une vingtaine d'années, serait à refaire. Il y avait à l'origine de la mélamine sur l'îlot et les armoires. Quand M. Jacques a pris possession du condo, ces surfaces étaient vert forêt. Il a gardé l'ensemble et appliqué la technique du faux-fini en repeignant les surfaces en noir avant d'appliquer de la couleur rouge orangé à certains endroits.

Le proprio veut déménager à une heure et demie de Montréal, dans un ancien chalet. Ce sera moins spacieux. «C'est un changement de vie... Montréal, c'est la diversité à tous les niveaux.» L'ancien complice de scène de Marjo et de Pierre Légaré enchaîne sur le loyer «pas cher» qu'il versait pour un «six et demi au-dessus d'un resto» de la rue Sainte-Catherine en 1976 et sur le cachet de ce loft (un «vrai loft, comme à New York») qu'il s'est résolu à abandonner. «Il n'y a aucune structure métallique. Tout est en brique et en bois. Ça vit!