Pour illustrer la petite ville parfaite de banlieue, les producteurs de la deuxième saison de Grande Ourse, télésérie diffusée à Radio-Canada en 2004, ont choisi comme lieu de tournage le quartier Crawford Park, à Verdun.

Pour illustrer la petite ville parfaite de banlieue, les producteurs de la deuxième saison de Grande Ourse, télésérie diffusée à Radio-Canada en 2004, ont choisi comme lieu de tournage le quartier Crawford Park, à Verdun.

 Et pour cause. Avec ses petites maisons coquettes de brique rouge construites entre 1942 et 1948 et ses grands arbres matures, ce quartier est si harmonieux que certains n'hésitent pas à le qualifier de «Westmount» de Verdun, malgré son côté modeste.

 Si la plupart des Montréalais n'ont jamais entendu parler de ce quartier, pour les gens du coin, c'est un véritable paradis dont il faut taire le secret.

Situé à l'extrémité ouest de Verdun, Crawford Park est enclavé entre le canal de l'Aqueduc, le Saint-Laurent, l'hôpital Douglas et la limite est de l'arrondissement de LaSalle.

 S'inspirant du concept de cité-jardin, le plan des rues s'articule autour du parc de la Reine-Elizabeth, point central du quartier. On y compterait entre 500 et 700 maisons.

 Dans ce havre de tranquillité extrêmement en demande auprès des jeunes familles, les maisons de Crawford Park, bien que de petite taille, atteignent désormais des prix mirobolants. Pour notre cottage de 24,4 x 37, qui fait l'objet cette semaine de cette chronique, le prix demandé est de 389 000$, alors que quelques années auparavant, le prix dans ce secteur dépassait rarement les 150 000$.

Mais quand on acquiert une propriété à Crawford Park, c'est pour y demeurer pendant des décennies. Deux des voisins immédiats de Gilles Billette, propriétaire de notre maison-vedette, habitent leur maison depuis leur construction, tandis que M. Billette a acheté sa maison de son propriétaire d'origine en 1992. Il ne s'agit donc pas d'un quartier de passage.

 À l'origine, cet enclos de verdure était à forte majorité anglophone. «Loin des industries polluantes du Sud-Ouest, Crawford Park marque le début de la migration des anglophones de Westmount et NDG vers l'ouest de l'île.

 Pour y résider, il fallait nécessairement posséder une voiture, car ce quartier était peu desservi par les transports en commun», raconte Gilles Laberge, historien spécialisé en patrimoine. On assiste alors à la naissance de la banlieue moderne, avec ses maisons individuelles et ses grands terrains paysagers.

 Dans ce quartier tricoté serré, on y raconte que les anglophones ont refusé, pendant longtemps, de céder leur propriété à des francophones! Bien sûr, les mentalités ont changé et le quartier a connu un bouleversement linguistique. Selon l'agente immobilière Claire Saint-Laurent, elle-même résidante de Crawford Park, la population serait aujourd'hui majoritairement francophone.

Un cottage typique modernisé

 Notre maison-vedette se situe rue Fayolle, la rue la plus à l'ouest de Verdun, dans un secteur si paisible que le soir venu, on peut entendre le bruit des rapides de Lachine, situées à un kilomètre de là.

 Construite en 1946, c'est une maison pièce sur pièce, dotée d'un toit à deux versants, ayant subi de grandes modifications au fil du temps.

 Au rez-de-chaussée, la cuisine, qui était autrefois en façade, a été déplacée à l'arrière, formant une grande pièce ouverte éclairée par deux portes-fenêtres (à l'origine, il n'y avait pas de sortie à l'arrière).

 Les deux chambres à coucher, que l'on trouvait initialement au rez-de-chaussée, ont été déplacées au sous-sol, tandis que le grenier est devenu une immense chambre à coucher, avec espace salon et placard walk-in.

Autre modification à la maison d'origine: deux immenses balcons ont été ajoutés à la propriété, l'un à l'avant et l'autre à l'arrière, ce qui lui confère un style plus campagnard.

 On a également construit un abri d'auto, communément appelé «carport», sur le côté. Cette maison en excellent état occupe un terrain de 5000 pieds carrés, avec un joli aménagement paysager en façade.

 Afin de préserver son caractère unique, ce quartier verdunois est réglementé par un plan d'implantation et d'intégration architecturale (PIIA) imposant des règles architecturales strictes aux résidants du coin, comme la nécessité de préserver les revêtements de brique rouge. «Ce n'est pas la Ville qui a imposé cet encadrement, ce sont les gens du quartier qui l'ont réclamé», indique Francine Morin, chargée de communication à l'arrondissement de Verdun. Heureusement, car sinon, plusieurs de ces petites merveilles auraient été rasées pour être remplacées par des manoirs.

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 LA MAISON EN BREF

 Prix demandé: 389 000$

Construction: 1946

Salle de bains: 1

Salle d'eau: 1

Évaluation foncière: 253 600$

Terrain: 4838 pieds carrés

Agente immobilière: Claire Saint-Laurent, Re/Max Action

514-364-3222 

Photo François Roy, La Presse

Des portes vitrées («françaises») divisent le rez-de-chaussée en deux. À l'arrière, on retrouve la cuisine et en avant, le salon. Le propriétaire actuel a démoli la cuisine, qui était autrefois située à l'avant de la maison, pour agrandir le salon.