Les systèmes de sécurité résidentiels se raffinent. À l'ère de l'internet, ils vous informent à distance du va-et-vient dans votre demeure. Ils peuvent aussi vous alerter en cas de dégât d'eau ou de fuite de monoxyde de carbone. Ils reconnaissent vos animaux domestiques et vous protègent même quand vous êtes à l'intérieur de la maison.

Robert Branchaud, vice-président directeur de Microtec et président de la section Québec de l'Association canadienne de la sécurité (CANASA), indique que l'industrie répond avant tout aux craintes des gens. D'abord, le vol et l'intrusion ainsi que les incendies, mais aussi les dégâts d'eau et les fuites de gaz.

Peu importe le forfait convoité, il faut d'abord se procurer le coeur du système: le panneau de contrôle assorti d'un clavier numérique. S'ajoutent ensuite une série d'options que le client sélectionne. Les détecteurs périmétriques (des «contacts magnétiques») sont destinés à protéger les portes et les fenêtres et les détecteurs volumétriques, à surveiller l'intérieur. Ceux-ci repèrent la présence d'un intrus par ses mouvements ou par sa chaleur corporelle, selon leur type. Un avertisseur signalera, de plus, la présence d'un danger.

Le niveau de sécurité que préfèrent les clients de M. Branchaud est celui offert par la pose de détecteurs sur les portes et les fenêtres du sous-sol. L'ajout de capteurs de mouvements installés dans des endroits stratégiques - comme l'escalier du sous-sol - découragera encore les voleurs à passer à l'étage supérieur.

Aussi, un bouton «à domicile», qui peut être actionné au moment du coucher, par exemple, permet d'activer le système d'alarme en périmétrie seulement; les occupants peuvent donc se balader sans tracas dans la maison. Une option de plus en plus demandée, selon M. Branchaud, «pour protéger les gens quand ils sont là, et les biens quand ils ne sont pas là».

Les détecteurs volumétriques ont également évolué. Certains offrent une immunité contre les animaux pesant jusqu'à une centaine de livres. Le système pourra aussi lire la «signature infrarouge» d'une bête à poil qui est différente de celle d'un humain.

Des détecteurs de bris de verre sont aussi offerts, au cas où un intrus ferait voler vos fenêtres en éclats, indique Patrice De Luca, vice-président marketing et développement des affaires pour les services de sécurité Reliance Protectron.

Télésurveillance

Quand un contact aux portes ou aux fenêtres est rompu, le système communique avec le centre de télésurveillance qui en avise le propriétaire. Si on ne parvient pas à le faire, la sûreté municipale sera jointe. Mais attention, toutefois, des amendes sont remises à ceux qui crient au loup.

Ce n'est toutefois pas tout le monde qui opte pour la télésurveillance. Le bruit de l'avertisseur seul pourrait décourager les cambrioleurs, mais il n'est pas garanti que quelqu'un viendra voir ce qui se passe. Le système sera alors moins efficace. Pas évident, le jour, lorsque tout le monde travaille ou si vous n'avez pas de voisins rapprochés. «On vit dans une société individualiste. Les gens ne veulent pas trop s'en mêler», avertit M. De Luca.

Priorité incendies

«On n'a pas à mettre une super protection contre le vol. C'est pour l'effet dissuasif», note M. Branchaud, qui recommande davantage celle contre les incendies, «le danger le plus mortel». «Ça me fait de la peine qu'il y ait encore des gens qui meurent dans des incendies en 2010, alors que les technologies sont là et sont simples.»

C'est d'ailleurs la protection couplée contre les intrusions et les incendies qui offre le plus grand rabais sur les primes d'assurance, note M. Branchaud, environ 20 à 25% selon les compagnies. Si de la fumée ou une chaleur anormale est détectée par le système relié au centre de télésurveillance, une sirène vous avertira et un agent du centre alertera les pompiers.

Les dégâts d'eau, en hausse avec l'augmentation du nombre d'appareils ménagers dans nos demeures, sont de plus en plus fréquents. On démarre le lave-vaisselle avant de partir travailler ou le chauffe-eau se met à couler? Des sondes d'eau peuvent être posées pour prévenir les proprios en cas de fuite.

Et le danger émergent: le monoxyde de carbone et d'autres gaz comme le propane. Les risques d'entrer en contact avec le gaz sont plus grands avec la multiplication des garages intérieurs et des démarreurs à distance, enclenchés par inadvertance, par exemple, indique M. Branchaud de Microtec.

«La détection de gaz est l'aspect le plus négligé. Aujourd'hui, avec les systèmes de chauffage à combustion lente ou les fournaises à gaz, on est potentiellement exposé à un problème: il n'est pas vraiment possible de détecter le tout avec les sens humains», soulève Patrice De Luca de Reliance Protectron.

Des systèmes de notification par courriel ou des messages textes sont offerts parallèlement à l'installation du système d'alarme. Un message du type «votre fille Marie est revenue à 16h20» peut vous être envoyé lorsque cette dernière désarme le système. Une option qui est de plus en plus demandée.

Certaines entreprises offrent aussi des détecteurs de température. Les proprétaires seront avertis si la température de leur cave à vin devient trop chaude, donne en exemple Sylvie Laflamme, directrice administrative de CANASA Québec.

Les caméras qui existent depuis longtemps, surtout dans le domaine commercial, sont aujourd'hui plus abordables. On offre en effet des services pour regarder à domicile en temps réel, sur ordinateur ou sur téléphone intelligent.

Avec ou sans fil

L'avenir sera sans fil, souligne M. De Luca. Même s'ils sont encore un peu plus chers que les filaires, «les systèmes sans fil sont beaucoup plus en vogue depuis quelques années». Tous les systèmes de Protectron permettent d'ailleurs d'accueillir des composants sans fil.

Les systèmes de ce type sont moins compliqués à installer: pas besoin de faufiler ni de dissimuler le câblage dans les murs. Il faut toutefois s'assurer de remplacer les piles de chaque composant du système quand elles sont à plat. Les piles peuvent durer aujourd'hui de deux ans - comme pour une porte passante - jusqu'à huit ans, selon M. De Luca.

Un nouveau problème se pose aujourd'hui pour la télésurveillance. Environ 10% des Canadiens ont seulement un téléphoneportable. Aucune ligne fixe ne les relie à la centrale. On se sert donc maintenant souvent de la connexion internet. Certains clients opteront aussi pour un transmetteur cellulaire.