Vivre en toute liberté au gré des flots,communier avec la nature et l'eau, faire escale là où la fête s'annonce... La vie de marin a ses avantages et certains couples comptaient bien en profiter, en cet été du 400e anniversaire de Québec. Richard et Diane, qui ont fait de leur voilier leur maison, sont aux premières loges pour apprécier le Moulin à images de Robert Lepage, dans la Marina de Québec. Petite incursion sur ces bateaux où l'on réside à l'étroit, mais heureux.

Vivre en toute liberté au gré des flots,communier avec la nature et l'eau, faire escale là où la fête s'annonce... La vie de marin a ses avantages et certains couples comptaient bien en profiter, en cet été du 400e anniversaire de Québec. Richard et Diane, qui ont fait de leur voilier leur maison, sont aux premières loges pour apprécier le Moulin à images de Robert Lepage, dans la Marina de Québec. Petite incursion sur ces bateaux où l'on réside à l'étroit, mais heureux.

 Pour une deuxième année, Richard Charbonneau a entraîné sa dulcinée dans son rêve d'enfance d'habiter un bateau. Ensemble, ils ont fait de Cap Océane leur chez-eux estival. Sur une longueur d'à peine 13 mètres, aux plafonds bas par endroits, ils se partagent deux cabines, deux salles de bains exiguës et un coin salon-cuisine, sans laveuse-sécheuse. «Pour deux personnes, c'est un minimum», considère Diane Roy dont le bateau vaut 180 000 $.

Mais qu'importe l'espace restreint! Si ces nomades-sédentaires ont choisi de résider sur leur bateau, c'est avant tout pour la liberté, l'aventure et les défis. «Naviguer couvre une grande gamme d'émotions», souligne Richard, qui n'en est pas à ses premières armes en navigation. Avec ses chenaux, ses vents, ses courants et ses îles, le fleuve Saint-Laurent représente l'un des cours d'eau les plus difficiles à naviguer sur la planète selon lui.

«Vivre sur l'eau nous permet aussi d'être en communion avec la nature», souligne Diane qui apprécie surtout le soleil qui se couche derrière la Gare du Palais.

Néanmoins, demeurer sur un voilier demande de l'adaptation, surtout aux bruits dérangeants, comme le fait remarquer Diane. La nuit, le clapotis de l'eau remplace le tic-tac des horloges, les mâts qui claquent celui du vrombissement des voitures. «Ce qu'il y a de bien, par contre, c'est qu'on ne se fait pas réveiller par la tondeuse du voisin le samedi matin!» rigole Diane.

Dans le même bateau

Délire de retraités? Pas exactement. Ce couple n'est pas le seul à s'offrir cette extravagance, bien qu'il y en ait peu dans la région. Sur 1400 emplacements disponibles dans les marinas près de Québec, une dizaine de bateaux sont habités de mai à octobre. Impossible d'y loger à l'année comme en Europe, le bateau est entreposé le reste de l'hiver, le temps pour les marins de redevenir terriens.

En France, l'art de vivre sur un bateau se pratique beaucoup plus, mais à fort prix. On y compte 1500 bateaux-habitations et une péniche non aménagée peut coûter entre 38 000 et 225 000 $, tandis qu'un bateau habitable, de 75 000 à 1 500 000 $.

Facture salée

N'habite pas sur un bateau qui veut. «C'est un luxe de vivre comme on vit», affirme Raymond Desrochers, un Américain du New Hampshire qui habite un bateau à moteur de 300 000 $ à la marina du port de Québec avec sa femme, Betty Hovey.

Ils envisageaient de jeter l'ancre à Québec pour le 400e depuis leur première escale en 2001. Assurances, droits de quaiage, entreposage hivernal et entretien annuel, ce couple de retraités a estimé son périple à 30 000 $, dont 10 000 $ juste en essence. Nourriture, frais de cellulaires, sorties et restaurants non compris, sans oublier les factures domestiques, toutes payées à l'avance.

«Attention! Même si je suis un ancien de la finance, Betty et moi n'aurions pas pu vivre sur notre bateau si nous ne l'avions pas retapé nous-mêmes!» souligne M. Desrochers. En effet, il a passé plus de 4000 heures à redonner son élégance d'antan à Touch of Class, «tout juste bon pour les déchets» lorsqu'il l'a acheté il y a deux ans.

Et vivre sur un bateau sans serrure aux portes ne l'inquiète pas. «Un vol peut arriver n'importe où, serrure ou pas», fait remarquer M. Desrochers. Après un incident à Ottawa, les Américains ont tout de même acheté un coffre-fort. De plus, comme le souligne M. Desrochers, la marina est surveillée 24 heures sur 24 et un digicode permet l'accès aux bateaux.

Vivrait-il à l'année sur son bateau? «On finirait par s'ennuyer!» philosophe M. Desrochers. Avec sept enfants, dix-sept petits-enfants et trois arrière-petits-enfants, il y a fort à parier qu'à la fin de l'été, il aura hâte de les revoir pour leur raconter les fêtes historiques du 400e.

 

Photo Jean-Marie Villeneuve, Le Soleil

Une dizaine de bateaux sont habités de mai à octobre dans les marinas près de Québec.