La course est lancée pour ériger les premiers immeubles résidentiels d’envergure à carbone zéro au Canada ! L’agence d’architecture et de design Lemay fait partie de l’équipe qui franchira vraisemblablement le fil d’arrivée en tête du peloton, en Ontario. Le projet, conçu principalement pour des étudiants, à Kingston, est ambitieux, cherchant à établir une nouvelle norme pour la construction de complexes résidentiels durables, tout en se préoccupant de la santé et du bien-être des futurs occupants.

« C’est à la fois une réponse à l’urgence climatique et à la volonté de créer un milieu résidentiel qui favorise la santé des usagers, explique Loïc Angot, associé, directeur de discipline-stratégies durables chez Lemay. Le bâtiment, qui est très performant sur le plan énergétique, vise la certification canadienne Bâtiment à carbone zéro-Design. Beaucoup de stratégies, qui se complètent, ont par ailleurs été mises en place pour favoriser la santé humaine. Cela se traduit dans la conception des espaces, les différents espaces communs offerts et le choix du site, pour créer des bâtiments qui répondent aux crises multiples auxquelles on doit faire face. »

Le promoteur immobilier Podium Developments a confié la conception du complexe de six étages à l’agence torontoise ENFORM Architects, ainsi qu’à l’agence montréalaise d’architecture et de design Lemay, qui ont aussi travaillé étroitement ensemble pour le design intérieur. Le complexe 485 Albert Street (connu auparavant sous le nom de 600 Princess) comportera 176 logements et des commerces au rez-de-chaussée. Sa construction devant débuter sous peu, il deviendrait le premier immeuble résidentiel d’envergure carboneutre en Ontario.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Loïc Angot, associé, directeur de discipline-stratégies durables chez Lemay

Ce type de projet va se multiplier, parce que c’est une réponse concrète à la notion de carboneutralité, dont on parle partout. Cela démontre, d’une part, que c’est possible de le faire avec des acteurs privés, et, d’autre part, que cela peut donner des designs tout à fait invitants et intéressants. Ce projet en particulier lance un message très positif.

Loïc Angot, associé, directeur de discipline-stratégies durables chez Lemay

« Dans la chaîne de conception, il y a toute une transition qui se fait, précise Loïc Angot. On ne conçoit pas exactement de la même manière qu’avant. Le projet à Kingston a une fenestration généreuse, mais elle n’est pas excessive. On est toujours dans l’équilibre. L’isolation est renforcée. Tout un travail a été fait sur la performance de l’enveloppe. Tout cela, ce sont des nouveaux savoir-faire qu’on a poussés avec le Phénix [NDLR : le bâtiment LEED Platine et Fitwel au bilan carbone neutre qui abrite le siège social de l’agence Lemay, dans le sud-ouest de Montréal]. On est dans la continuité de l’évolution de la pratique. »

Plusieurs stratégies mécaniques, électriques et structurelles feront en sorte que le bâtiment émettra très peu de gaz à effet de serre. Les matériaux utilisés ont aussi été passés sous la loupe pour en réduire l’impact environnemental. Au-delà de la carboneutralité recherchée, le bien-être et la santé des futurs locataires figurent aussi au cœur des préoccupations, en visant une certification Fitwel deux étoiles.

PHOTO FOURNIE PAR LEMAY

Hani Diab, directeur de conception, design intérieur chez Lemay

En tant que designer, c’est bien de se mettre dans la peau des usagers et de faire des gestes qui vont faire une différence dans leur vie.

Hani Diab, directeur de conception, design intérieur chez Lemay

« C’est un casse-tête pour nous, mais cela se traduit par le bon éclairage, qui fait que les gens se sentent bien, et bien sûr par la biophilie, qui va bien-au-delà des plantes, avec tout un jeu de matériaux et de textures rappelant la nature, explique Hani Diab, directeur de conception, design intérieur chez Lemay. Il y aura entre autres un gym, un parc à chiens sur le toit, un grand local pour les vélos facilement accessible au rez-de-chaussée, ainsi qu’un escalier invitant décoré de pictogrammes. »

Beaucoup d’intérêt

Au Québec, la norme du bâtiment à carbone zéro (BCZ) du Conseil du bâtiment durable du Canada suscite beaucoup d’intérêt, constate Julie-Anne Chayer, présidente de Bâtiment durable Québec. « Le gouvernement fédéral, le gouvernement provincial et les grandes municipalités commencent à développer des plans de réduction de gaz à effet de serre, dit-elle. La norme appelée affectueusement BCZ permet de parler un même langage et amène une certaine rigueur dans tout le Canada. La deuxième version a été lancée juste avant la pandémie et après un certain ralentissement, il y a un engouement. »

Environ 270 projets sont certifiés ou en voie de l’être au Canada, a-t-elle répertorié. De ce nombre, 130 projets se trouvent en Ontario et 45 au Québec. Ce sont surtout des écoles, des bureaux. Au Québec, quatre ou cinq projets multirésidentiels sont inscrits, sans que l’on sache où ils en sont rendus.

L’intérêt pour ce type de projet augmente, constate Emmanuel Cosgrove, directeur général d’Écohabitation, qui offre un service d’accompagnement aux promoteurs et aux architectes désirant obtenir la certification BCZ.

« Nos ingénieurs accompagnent en ce moment quatre projets à carbone zéro, dont un est officiellement inscrit, révèle-t-il. L’an dernier, on en avait zéro. C’est vraiment dans l’air du temps. »

Consultez le site de Lemay