Des propriétaires nous ouvrent les portes de leur demeure d’exception, offerte sur le marché de la revente.
La gastronomie se définit par la qualité des ingrédients et la créativité du chef. Dans cette propriété des Cantons-de-l’Est, les ingrédients, qui sont pour l’essentiel le bois, la pierre et le fer, proviennent du terroir. La créativité, c’est celle du propriétaire, dont le métier consiste à bien faire manger les autres. Attendez, on est où, là, au juste ? Dans la section Immobilier ou Gourmand ?
On est à la bonne place ! C’est ici, dans la paisible et pittoresque localité d’Austin, à quelques coups d’ailes de l’abbaye de Saint-Benoît-du-Lac, que François Martel a entrepris de faire son nid de campagne, il y a plus de 25 ans.
Ça a commencé par un coup de cœur pour ce grand terrain vierge bordé par le lac Memphrémagog. L’entrepreneur en alimentation, qui avait déjà plusieurs projets sur le feu, s’y rendait au début pour camper au bord de l’eau, avec l’idée de se bâtir un jour. En 1999, une tornade a couché un bon paquet d’arbres au sol, un peu plus haut sur le terrain. Ça a donné un coup de pouce au défrichement et « ouvert la vue sur le lac », se souvient M. Martel. C’est donc là-haut, à cet endroit qui offre une vue imprenable sur le lac, les montagnes et les couchers de soleil, qu’il a décidé de se bâtir.
De l’herminette à la grue
Cette propriété que l’on voit aujourd’hui, faite de matières nobles et remarquable par sa convivialité et la simplicité de son luxe, est le résultat d’années de labeur. À la fois celui de M. Martel, mais aussi des nombreux corps de métier et artisans qui ont défilé sur le chantier. Ça inclut même celui d’ouvriers ayant vécu au XIXe siècle. De fait, au tout début du projet, M. Martel a acheté une grange bâtie vers 1837. Chaque pièce du bâtiment a été numérotée avant d’être démontée, transportée et remontée sur son terrain. On imagine le travail.
« On n’a pas de mérite, tempère M. Martel, nous, on l’a fait avec une grue. Eux, dans le temps, ils montaient ça avec des chevaux et des systèmes à poulie. » L’homme s’ébahit encore de la qualité de construction pour les moyens de l’époque : des poutres de 40 pi « gossées à l’herminette », le système de mortaises qui faisait tenir le tout, sans clou. « On l’a remontée telle quelle », précise-t-il.
Une fois rendue à son nouvel emplacement, la grange a bien sûr été complètement aménagée. M. Martel, sa conjointe et leurs deux jeunes enfants y ont d’ailleurs vécu de 2002 à 2008, pendant que la construction de l’autre partie de la maison se poursuivait. En plus de gérer le chantier, le propriétaire avoue avoir passé beaucoup de fins de semaine à manier lui-même le marteau et la scie.
J’ai toujours travaillé dans un domaine où j’avais besoin de faire des plans d’aménagement. Je travaille à la règle. Après, je prends un technicien pour tout mettre au propre.
François Martel, propriétaire
Intemporelle
Dans le présent cas, l’idée du propriétaire allait dans la continuité de la grange. « Je voulais garder le même concept. Je voulais une maison de campagne, pas une maison de ville en campagne, explique-t-il. J’ai fait un silo, j’ai travaillé avec des ébénistes régionaux, les luminaires ont été forgés par un forgeron de Rougemont, les planchers sont en ardoise, le foyer est en pierres de silice du Québec… »
Les aires de vie du rez-de-chaussée de la nouvelle partie se composent principalement d’une cuisine professionnelle, d’une salle à manger et d’un salon, au milieu desquels trône l’imposant foyer à quatre faces. Des moments mémorables, il y en a eu beaucoup ici. Il y a même eu un souper-bénéfice qui a réuni 100 personnes, se souvient M. Martel avec amusement. « On a sorti le mobilier dehors, on a mis 10 tables de 10 dans la place. J’ai dit aux cuisiniers : “N’apportez rien, même pas un cul-de-poule, j’ai tout !” »
La vie dehors
À l’extérieur, l’asphalte et la pelouse sans un brin qui dépasse ne figurent pas au menu. Le terrain est entretenu sans être manucuré. Outre les espaces laissés au naturel, le propriétaire a privilégié les chemins de gravier, les arbres fruitiers, les plantes à baies et le potager. « Je suis un cueilleur », résume l’homme originaire du Saguenay. Il n’y a pas de piscine non plus. « On n’en veut pas ! », lance-t-il, catégorique. La baignade, c’est en bas, dans le lac, que ça se passe. Avec 330 pi de rivage, qui incluent une plage naturelle, il y a de la place pour s’ébrouer.
De la place, il y en a justement un peu trop maintenant que les enfants ont quitté le nid. Celui qui se consacre aujourd’hui à la Réserve Culinaire, entreprise de prêt-à-manger qu’il a fondée il y a quelques années, a aussi envie de ralentir un peu la cadence. Faire plus de vélo, voyager plus souvent. « On ne fait pas les mêmes choses à 60 ans qu’à 40 », résume-t-il.
Consultez la fiche de la propriétéLa propriété en bref
Prix demandé : 8 900 000 $
Année de construction : 2002 pour la première partie, 2008 pour l’agrandissement
Propriété unique faite de matières nobles, située dans un endroit bucolique des Cantons-de-l’Est. Le terrain de 5 acres dispose de 330 pi au bord du lac Memphrémagog.
Superficie du terrain : 221 806 pi2
Superficie habitable : 8000 pi2
Impôt foncier : 12 109 $
Taxe scolaire : 2744 $
Courtières immobilières : Barbara Baudinet et Marie-Josée Rouleau, Sotheby’s International