Une fois n’est pas coutume, nous visitons cette semaine une propriété qui se tient loin des tourbillons de millions, tout en présentant un caractère bien particulier.
Et il est vrai qu’elle détonne, cette curieuse maison-chapelle de Salaberry-de-Valleyfield, dans un quartier où les bungalows occupent bien des lots. « Quand on a acheté, l’un des voisins nous a dit : “Elle est super belle, ta maison, mais elle n’est pas à la bonne place !” », raconte Alain Ste-Marie, copropriétaire avec sa conjointe Brigitte Ouimet depuis le début des années 2000.
De l’extérieur, elle annonce déjà la couleur, avec une architecture rappelant subtilement une église romane (sa silhouette pourrait évoquer celle d’un clocher prolongé par une nef), revêtue de briques et de granit rose, le tout complété par des éléments de toiture vert-de-gris, selon les directives de l’ancien propriétaire, un directeur d’école qui l’avait fait construire sur mesure avec son neveu.
L’impression se confirme dès la porte principale franchie, avec un toit cathédrale et une disposition des éléments plutôt déroutante, où rampes d’escalier, murets et carreaux de fenêtres établissent un trait d’union entre l’entrée, la salle à manger, la cuisine et le salon. « À la première visite, on a eu comme une révélation ! », lance en clin d’œil M. Ste-Marie, parfaitement conscient que l’effet provoqué diffère d’un observateur à l’autre. « C’est contemporain et design, ça ne plaît pas à tout le monde… », avertit-il.
Des notes originales
Foncièrement séduits, pour leur part, par les espaces dégagés, Brigitte et Alain en connaissent également la clef de voûte, car cette disposition et ces hauts plafonds ne sont pas qu’une affaire de volumes : c’est aussi une question de sonorité. « Le directeur avait fait bâtir la maison en fonction du son : il avait disposé son piano là où se trouve le salon pour que la musique envahisse la pièce », explique M. Ste-Marie.
Les occupants actuels ne sont pas musiciens, mais lorsqu’ils écoutent quelques chansons, un tout petit haut-parleur suffit à emplir l’espace, l’écho servant d’amplificateur.
Et après avoir considéré l’ajout d’une mezzanine pour étendre la surface habitable, ils ont finalement laissé cette pièce centrale en son état original ; ce qui ne signifie pas pour autant qu’ils n’ont pas mis leur griffe en ces lieux. « Quand on est arrivés, tout était intégralement blanc », se souviennent les propriétaires, qui ont gardé une partie de cette teinte pour mettre en valeur l’abondante luminosité entrant par la rafale de fenêtres disposées côté sud. Mais ils y ont aussi apporté leurs touches de design et de couleurs, en dosant le tout : l’escalier a par exemple été refait par M. Ste-Marie, tandis que la cuisine a été entièrement rénovée par le frère de Mme Ouimet, cuisiniste de profession.
À l’étage, trois pièces aux dimensions modestes ont été nichées : une salle d’exercice (pouvant être convertie en chambre), la chambre principale et une salle de bains, également rénovée à renfort de belles mosaïques, et qui a la particularité d’être insérée entre les deux autres pièces, chacune de ses voisines y étant connectées. Quant au sous-sol, il a été aménagé avec des accents chaleureux, mettant en valeur le foyer original et un bar construit par Alain Ste-Marie — en récupérant les chutes de bois de son beau-frère ! On y trouve aussi une troisième chambre et le garage.
Les aménagements paysagers alentour et dans la cour arrière (plein sud également) s’avèrent des plus agréables, égayés par des arbustes et buissons fleuris, avec une terrasse attenante à la salle à manger, un kiosque en contrebas, un petit étang, un potager dans le fond du jardin, ainsi qu’un imposant sapin argenté. « Quand nous sommes arrivés, il n’y avait aucune fleur, et en arrière on trouvait beaucoup d’arbres fruitiers. L’ancien propriétaire se plaçait au milieu et étendait ses bras : les oiseaux venaient s’y installer », évoquent les propriétaires, visiblement marqués par la personnalité de leur prédécesseur.
Aujourd’hui, même s’ils disent apprécier particulièrement les environs (parcs, marina et bords de l’eau sont à un jet de pierre), ils se dirigeront vers d’autres rives — celles de Saint-Zotique — afin de se rapprocher de leurs enfants et petits-enfants. Qui sera la prochaine génération de proprios à avoir une révélation dans cette maison-chapelle ? Dieu seul le sait. Et peut-être, aussi, un courtier.
La propriété en bref
Prix demandé : 525 000 $
Évaluation municipale : 321 500 $
Année de construction : 1988
Dimensions du bâtiment : 11,59 m x 8,97 m
Superficie du terrain : 794,21 m2
Impôt foncier : 3403 $
Taxe scolaire : 321 $
Courtière immobilière : Bianca Musto, Royal LePage
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