Toute rénovation (ou nouvelle construction) exige une bonne dose de planification et couronne un processus de longue haleine. Une fois par mois, nous ferons découvrir des projets de diverses envergures, qui pourraient donner des idées.
La première année et demie de leur vie commune, Sophie Héon et Steven Turcot ont habité dans le minuscule appartement de 232 pi2 que le jeune homme avait acheté dans Griffintown. Lorsqu’ils se sont mis à rêver d’une maison écologique en pleine forêt, cette expérience a guidé leur réflexion.
« On a beaucoup appris, explique Steven. On s’est dit qu’on n’avait pas besoin d’un grand château. Cela nous a donné quelques pistes pour notre projet. »
Passionnés de la santé, ayant adopté une alimentation végétalienne et sans gluten il y a presque six ans et n’optant que pour des produits biologiques, ils désiraient s’installer au cœur de la nature. En septembre 2019, ils ont acquis deux terrains voisins à Eastman. Avant de se lancer dans l’autoconstruction d’une demeure qu’ils voulaient écologique, saine, à haute performance énergétique et durable, ils se sont préparés soigneusement.
Infirmier, Steven a aménagé son horaire de façon à suivre des cours de charpenterie et de menuiserie, dans le cadre d’un programme de diplôme d’études professionnelles (DEP).
« Je ne suis pas très manuel, avoue-t-il. Je voulais bien comprendre le projet et pouvoir y prendre part le plus possible. J’ai suivi les cours du 7 août 2019 jusqu’à mars 2020, quand la pandémie a commencé. Sophie, qui est pharmacienne, et moi, on voulait aussi approfondir nos connaissances sur la construction écologique. De septembre 2019 à mars 2020, on a fait ensemble la formation offerte par Solution Era. Une fin de semaine par mois, on a assisté à des conférences sur les pratiques et les normes du futur, pour devancer le Code du bâtiment. »
« C’est là qu’on a rencontré la designer Julie Girard, qui a conçu notre maison écologique, et ceux qui ont fait la charpente, d’Econovation. C’était intense, parce que je travaillais en même temps. Quand la pandémie a éclaté, je suis allé en région pour donner un coup de main. C’est Sophie qui a fait les démarches auprès de la Ville pour obtenir les permis. La construction a débuté en septembre. »
Ils se sont fixé d’ambitieux objectifs, visant la certification LEED Platine, le plus haut niveau pouvant être atteint. Avec la charpente à double ossature Larsen, qui permet une isolation maximale sans ponts thermiques, et l’isolation effectuée avec de la laine de chanvre, ils tendent vers un bilan carbone neutre.
« On a vraiment poussé loin pour valoriser des produits du Québec, indique Steven. J’ai passé des heures à lire pourquoi j’utiliserais certains matériaux d’ici plutôt que d’autres importés d’Allemagne ou de France. Cela a été par exemple très compliqué de faire venir la laine de chanvre, parce que ce n’est pas encore très accessible à la population. Mais on voulait vraiment utiliser un matériel local, d’avenir et durable. »
Ils ont aussi accordé beaucoup de soin au design de l’habitation, qu’ils ont appelée Shanti (qui signifie « paix » en hindi). Celle-ci ne compte pas de sous-sol et sa superficie totalise 1826 pi 2 (169,6 m 2), sur deux niveaux.
On désirait que la maison soit agréable à l’œil et que cela ne paraisse pas qu’il s’agit d’une maison écologique.
Steven Turcot, propriétaire
Voyant à long terme, les propriétaires n’ont pas lésiné sur la qualité des matériaux et des travaux effectués. Ils ont opté pour une cuisine écologique réalisée sur mesure par l’entreprise montréalaise À Hauteur d’homme, dans l’optique qu’ils ne la remplaceraient pas de sitôt. L’ébéniste Philippe Rivest s’est basé sur un échantillon du chêne blanc utilisé dans la confection de la cuisine pour habiller le reste de l’intérieur de la demeure. Les marches d’escalier, qui se prolongent en un banc, le mur réchauffé par des lattes de bois et l’alcôve à côté du sauna sont quelques-unes de ses créations.
« C’est apaisant quand on entre, constate Steven. On voulait avoir un espace, où on pourrait se ressourcer quand on finit de travailler. C’était important d’avoir une pièce au rez-de-chaussée avec un sauna infrarouge et une alcôve pour la détente, ainsi qu’un spa. Nous avons fait une retraite ayurvédique en Inde. »
La construction n’a pas été de tout repos. Pour être près du chantier, ils ont d’abord loué un petit logement à Orford, puis à Magog. Ils ont dû composer avec des retards, des hausses de prix et la rareté de certains matériaux pendant la pandémie, tout en étant appelés à tour de rôle à travailler en région. La coordination des différents corps de métier a été particulièrement pénible.
« Pour que tout roule de façon fluide, il fallait une bonne communication entre Sophie et moi, précise Steven. On arrivait, on avait travaillé comme des fous, il fallait faire des achats. J’ai l’impression des fois que les gens ne peuvent pas comprendre l’ampleur du défi et les difficultés traversées dans ce chantier. Mais on est très fiers et heureux que ce soit presque terminé. »
En bref
Budget initial : 450 000 $
Coût final : 900 000 $ (en raison des choix visant le long terme)
Début des travaux : Septembre 2020
Emménagement : Mai 2021
Un incontournable : Avoir trois chambres
Autre incontournable : Aménager un espace pour la détente au rez-de-chaussée
Une surprise : Le bien-être ressenti
Designer : Julie Girard
Technologue : Diago
Ingénieur : Sylvain Luc
Géobiologie : Ludovic Drano (rituel de cristaux)
Certification visée : LEED Platine
Remerciements spéciaux pour leur aide à leurs parents et leur ami Pierre-Alexandre.