À quelques pas de l’avenue du Mont-Royal, une résidence unifamiliale conçue par l’architecte propriétaire bouscule notre conception traditionnelle du sacro-saint pied carré. Une vie en paliers vertigineuse, c’est ce que propose cette maison trentenaire primée qui n’a pas pris une ride.
Non classique par sa volumétrie et sa structure en paliers décalés, cette maison a été pensée par l’architecte montréalais Marc Blouin à une époque où le modèle unifamilial était moins présent dans le Plateau Mont-Royal qu’il l’est aujourd’hui avec les nombreuses conversions de plex. « On la présentait comme une solution de rechange intéressante à la vie en ville pour les familles, comme une forme de prototype de maison urbaine, se souvient le cofondateur de la firme Blouin Orzes architectes. On fréquentait les garderies dans le Plateau et on voyait tout le monde partir après le premier, deuxième enfant, par manque d’espace, de cour. »
Alors parents de deux enfants, eux-mêmes ont décidé de quitter leur appartement situé dans le duplex qu’ils avaient fait construire en 1984 dans la même rue, De Bullion. L’occasion d’acheter un autre duplex avec un terrain vacant contigu s’est présentée, ce qui a jeté les bases d’un nouveau chapitre de leur vie de jeune famille.
La lumière au centre de la maison
C’est donc sur ce terrain, en pente — « mine de rien, on est sur le flanc de la montagne », remarque le propriétaire —, large de 6,4 m, qu’ils ont érigé leur demeure (sur le roc) en l’insérant entre les deux bâtiments existants. L’espace, le volume et la lumière ont guidé les gestes de l’architecte. Au centre de la maison trône un puits de lumière encadré par une ouverture qui transperce tous les niveaux et demi-niveaux, du sous-sol à l’étage supérieur où se trouvent les trois chambres.
La topographie inclinée du terrain — plus bas à l’avant qu’à l’arrière – a dicté un aménagement en demi-niveaux (sept en tout !) qui communiquent entre eux, pour plusieurs, par des aires ouvertes ou des ouvertures. Les plafonds sont hauts (15 pi dans la salle de séjour, 11 pi dans la cuisine et plus de 8 pi au sous-sol), ce qui donne beaucoup de volume aux pièces et un caractère spacieux, malgré la simplicité des matériaux.
N’est-ce pas un peu casse-cou pour de jeunes enfants, tous ces paliers et escaliers ?
C’est étonnant comment les enfants s’adaptent bien à l’espace. Juste avant de déménager, ma fille avait 1 an et j’étais stressé, je me demandais si on avait fait les bons choix, mais elle n’a jamais déboulé l’escalier !
Marc Blouin, propriétaire
Sur la verticale, la maison est également séparée en deux par un bloc de service comprenant les entrées avant et arrière, l’escalier, la cuisine, la salle de bains et salle d’eau ainsi que le bureau en mezzanine. Ce bloc se transpose également à l’extérieur, en porte-à-faux au-dessus de l’entrée. Il est recouvert de panneaux de fibrociment, lesquels contrastent avec la classique brique rouge qui habille le reste de la façade.
Une maison qui vit
L’originalité de la proposition a valu au projet le prix d’excellence de l’Ordre des architectes du Québec, dans la catégorie Résidentiel-unifamilial, en 1993. Avec son style moderne et plutôt intemporel, la résidence s’est bien adaptée au passage des années. Depuis la construction, seule la cuisine a été transformée et les portes et fenêtres, remplacées. « Somme toute, c’est très très proche de ce que la maison était il y a 30 ans. »
Les enfants, eux, ont grandi. Ils ont traversé l’adolescence, puis quitté le nid familial.
« Cet aménagement fonctionnel et dynamique nous a permis de vivre la maison à des étapes très différentes de notre vie, affirme M. Blouin. Quand tu as des enfants de 1 an et 4 ans et quand tu es un couple qui n’a plus d’enfants à la maison, ce sont deux façons de vivre complètement différentes. Ma conjointe est folle de l’île d’Orléans [d’où sa famille à lui est originaire] et elle y passe beaucoup de temps. Le fait que ce soit assez fragmenté dans l’espace, je ne me sens pas perdu si je suis seul ici. »
Néanmoins, la couple a choisi de vendre la maison pour retourner dans son ancien duplex, en mode bigénération. « On a fait un conseil de famille l’an dernier. Ils [les enfants] sont dans les arts visuels et en photo. Sans doute leur parcours professionnel a-t-il été influencé par le mien et par l’environnement physique dans lequel ils ont grandi. Ils ont un bon attachement à la maison. »
Pour l’architecte, cette rupture est adoucie par ce nouveau projet qui s’amorce. Son « projet de jeunesse » qu’il viendra achever pour mieux y retourner.
Une visite libre est prévue le 17 juillet, de 14 h à 16 h.
Consultez la fiche de la propriétéLa propriété en bref
Prix demandé : 1 699 000 $
Année de construction : 1992
Superficie du terrain : 1796 pi2
Évaluation municipale (2022) : 862 500 $
Impôt foncier (2022) : 6787 $
Taxe scolaire (2021) : 819 $
Description : dix pièces réparties sur plusieurs paliers rythment cette maison unifamiliale de trois chambres à coucher. Espace bureau en mezzanine, entrée indépendante à l’arrière, cour et espace de stationnement. À quelques minutes de marche de la station de métro Mont-Royal.
Courtière : Julie Goulet, RE/MAX Alliance