Le réputé Manoir Rouville-Campbell, à Mont-Saint-Hilaire, a fermé ses portes le 8 mars, en attendant sa réouverture prochaine sous une nouvelle vocation.

Une entente de principe concernant la vente de l’hôtel aménagé dans le manoir ancestral a été récemment conclue ; les nouveaux propriétaires comptent toutefois changer la mission de l’établissement, devenu complexe hôtelier en 1986. « On ne peut pas dévoiler le projet du manoir, mais il aura une vocation différente, indique Michel Desrivières, vice-président finances du Groupe Gestion G5, qui est présidé par André Imbeau, propriétaire de l’hôtel hilairemontais depuis 2006. Je ne peux pas mentionner quelle est cette nouvelle vocation ni qui sont les nouveaux propriétaires. Ceux-ci devraient faire une annonce officielle en juin. » Comme les détails de l’entente sont encore à finaliser, il a été impossible de connaître le prix de la transaction.

28 millions

C’est le prix de vente affiché le 1er octobre pour le Manoir Rouville-Campbell, propriété de la famille Imbeau depuis 2006.

Source : Groupe Gestion G5

Les employés de l’hôtel ont appris la nouvelle le matin du 8 mars, quelques heures avant sa publication sur le site web de l’établissement hôtelier. « On leur a dit que le manoir ne serait plus un hôtel, mais que ce ne serait pas non plus une résidence de personnes âgées », précise M. Desrivières, en ajoutant que la famille Imbeau n’était d’aucune façon impliquée dans le nouveau projet.

Mais le groupe est 100 % à l’aise avec ce qui s’en vient. On est contents de la direction que ça va prendre.

Michel Desrivières, vice-président finances du Groupe Gestion G5

« Ça appartient à la nouvelle entité d’annoncer de quoi il s’agit, je ne peux pas parler pour eux. Mais le projet est solidement sur les rails, on n’aurait pas pris la décision de fermer si on n’avait pas été certains de notre coup », enchaîne le gestionnaire.

La direction a justement choisi de fermer boutique pour permettre une saine transition, mais aussi par respect pour la clientèle. « On voyait le calendrier avancer, avec plusieurs évènements estivaux à venir, et on ne voulait pas avoir à annuler des activités à la toute dernière minute, explique Michel Desrivières. On avait une soixantaine de mariages prévus à partir du printemps, on a donc avisé tous les clients — on a conservé quatre employés qui sont en poste pour régler ça. Tous les gens qui ont versé des dépôts seront remboursés, même chose pour ceux qui avaient acheté des cartes cadeaux. »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Propriétaire depuis 2006, la famille Imbeau a investi près de 20 millions en rénovations et agrandissements au Manoir Rouville-Campbell.

Trente-neuf personnes travaillaient au Manoir Rouville-Campbell, c’est près du tiers du nombre de personnes employées en 2019, avant l’éclosion de la COVID-19. « L’affluence recommençait, mais jamais au niveau prépandémique », reconnaît M. Desrivières.

La pandémie, c’est certain que ça a affecté nos opérations. Ça nous a fait réaliser que le manoir était surtout un établissement d’évènements, de mariages ou d’activités de consolidation d’équipe. Avec les restrictions, c’était devenu difficile d’opérer, ça représentait un défi.

Michel Desrivières, vice-président finances du Groupe Gestion G5

Le gestionnaire soutient toutefois que la famille cherchait d’abord et avant tout à développer de nouvelles activités commerciales.

André Imbeau avait acheté le Manoir Rouville-Campbell en 2006 d’Yvon Deschamps et de Judi Richards, des amis de longue date. L’établissement proposait alors 25 chambres, il en compte aujourd’hui 70, en plus d’un lounge et d’un centre de soin. En tout, la famille Imbeau estime avoir investi quelque 20 millions pour les rénovations et agrandissements divers réalisés au cours de 15 dernières années.

La petite histoire du Manoir Rouville-Campbell

Le manoir Rouville-Campbell est un ensemble néogothique d’inspiration Tudor qui a été construit entre 1853 et 1860 en y intégrant le précédent manoir seigneurial, aménagé dès 1832 aux abords de la rivière Richelieu. Le site demeure propriété de la famille Campbell jusqu’en 1955, après quoi plusieurs propriétaires se succèdent, le manoir devenant la proie de vandales pendant des années. C’est le sculpteur d’origine catalane Jordi Bonet qui fait l’achat du domaine en 1969 ; il entreprend alors de lui redonner son lustre d’antan et le fait classer monument historique en 1977 — le domaine bénéficie quant à lui d’une aire de protection depuis 1979. Le manoir est transformé en hôtel en 1986, vocation qu’il conservera jusqu’en mars 2022.

  • En 2005, le Manoir Rouville-Campbell arborait sur sa façade d’imposants plants de lierre grimpant, à l’image de l’époque où le sculpteur Jordi Bonet était propriétaire du bâtiment ancestral. La famille de l’artiste d’origine catalane a vendu le château à l’hôtelier Yves Dion en 1986.

    PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

    En 2005, le Manoir Rouville-Campbell arborait sur sa façade d’imposants plants de lierre grimpant, à l’image de l’époque où le sculpteur Jordi Bonet était propriétaire du bâtiment ancestral. La famille de l’artiste d’origine catalane a vendu le château à l’hôtelier Yves Dion en 1986.

  • En vertu du statut patrimonial du Manoir Rouville-Campbell, toutes les rénovations réalisées depuis 1977 ont été encadrées par des normes architecturales strictes.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

    En vertu du statut patrimonial du Manoir Rouville-Campbell, toutes les rénovations réalisées depuis 1977 ont été encadrées par des normes architecturales strictes.

  • Yvon Deschamps et Judi Richards sont demeurés propriétaires du Manoir Rouville-Campbell pendant 10 ans, de 1996 à 2006. L’humoriste et la chanteuse ont fait construire la salle de spectacle du Manoir, dont l’inauguration a eu lieu en juin 2000.

    PHOTO ROBERT MAILLOUX, ARCHIVES LA PRESSE

    Yvon Deschamps et Judi Richards sont demeurés propriétaires du Manoir Rouville-Campbell pendant 10 ans, de 1996 à 2006. L’humoriste et la chanteuse ont fait construire la salle de spectacle du Manoir, dont l’inauguration a eu lieu en juin 2000.

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