Véritables joyaux, les bâtiments anciens forgent le cachet et la renommée de quartiers et de villages historiques. L’architecture des maisons centenaires séduit certains acquéreurs, mais si ces résidences peuvent devenir des foyers confortables et uniques adaptés à notre mode de vie actuel, plusieurs points sont à considérer avant de signer une promesse d’achat.

Membre actif depuis de nombreuses années des Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec (APMAQ), Clément Locat considère les demeures ancestrales comme des témoins de l’identité collective québécoise. « Bien entretenues, ces demeures traversent le temps sans se démoder et façonnent des sites d’exception, comme l’île d’Orléans ou Kamouraska. Il s’agit d’une richesse culturelle attrayante, car les villages qui ont pris soin de leur patrimoine attirent les touristes en représentant la partie visitée de l’histoire de la province. La sauvegarde de ces propriétés a également un impact environnemental, parce que démolir des maisons pour en reconstruire d’autres est assez contraire au développement durable », remarque-t-il.

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Renée Genest, directrice d’Action patrimoine

Particulièrement sensible à cette notion de pérennité, les jeunes s’intéressent de plus en plus à l’achat d’une résidence patrimoniale à rénover ou non, selon Renée Genest, directrice générale d’Action patrimoine. « Ces maisons sont souvent situées dans les noyaux villageois à proximité des commerces, des emplacements très recherchés pour leur dynamisme, mais les gens hésitent à les acheter parce qu’ils entendent beaucoup de commentaires négatifs concernant les exigences de rénovation de ces maisons-là », indique-t-elle, en ajoutant que la première étape consiste à s’adresser aux bonnes personnes, dont un courtier immobilier habitué à vendre ce type de propriétés.

C’est le cas de Dan Coutu, courtier immobilier pour Royal LePage au Sommet, qui insiste sur l’importance de vérifier que le courtier est bien inscrit à l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ).

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Dan Coutu, courtier immobilier pour Royal LePage au Sommet

Quand un client m’appelle pour visiter une maison centenaire, je lui demande d’abord s’il a déjà vécu dans ce type de maison ou s’il connaît quelqu’un qui en a une. C’est important parce qu’il peut ignorer que ces maisons-là ont généralement des fondations de pierres propices aux infiltrations d’eau, qu’elles peuvent être moins hermétiques au chapitre de l’isolation et donc entraîner des coûts de chauffage supplémentaires ou des frais de rénovation.

Dan Coutu, courtier immobilier pour Royal LePage au Sommet

« Cela dit, elles sont debout depuis 100 ans et sont très solides, mais elles nécessitent généralement des travaux pour être conformes aux normes du bâtiment, informe M. Coutu, en évoquant la plomberie et l’électricité. Ce point-là est prioritaire, d’autant plus que les assurances refusent parfois de couvrir les propriétés équipées de vieilles installations électriques à cause des risques d’incendie ou proposent des primes plus élevées. »

Inspection et réglementation

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Cette maison de pierres, d’inspiration française, a été construite entre 1800 et 1815.

L’intervention d’un inspecteur en bâtiment également habitué au marché des maisons anciennes est fondamentale et elle est même une obligation pour le courtier immobilier. « Ne pas faire appel à un inspecteur, c’est aller directement dans le précipice, pour tous les types de maisons, d’ailleurs », croit M. Coutu. Son intervention permettra de savoir si l’achat est pertinent et, si oui, quels sont les travaux à prévoir et les coûts qu’ils entraînent, à valider auprès d’experts (plombier, électricien, entrepreneur…). « Il ne faut jamais utiliser la totalité de son hypothèque quand on achète une maison centenaire, parce qu’il faut garder un bon coussin pour les imprévus », recommande-t-il.

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Cette maison avec structure de bois, d’inspiration Second Empire, se caractérise par sa toiture à la Mansart. Elle date des années 1890-1910.

Le charme et la préservation à l’identique des demeures ancestrales passent par le choix des matériaux, qui peuvent être imposés par le gouvernement et la municipalité. « C’est très important d’être conscient des éléments précis qui peuvent être demandés, parce qu’on ne peut pas toujours modifier la demeure comme on le voudrait. Par exemple, des doubles fenêtres en bois ou un toit en tôle. Ces matériaux nobles sont plus chers, mais ils ont l’avantage d’être beaucoup plus durables que d’autres plus récents, comme les bardeaux d’asphalte ou les fenêtres qui doivent être changées tous les 15 ans », note Renée Genest.

Cela dit, les propriétés citées peuvent bénéficier de subventions.

Il existe un programme de restauration des biens patrimoniaux au ministère de la Culture et des Communications qui peut couvrir jusqu’à 50 % des frais de restauration si vous y êtes admissible.

Renée Genest, directrice générale d’Action patrimoine

« Les villes aussi jouent un rôle très important parce que ce sont elles qui délivrent les permis de démolition et qui développent la réglementation municipale pour protéger les bâtiments, et il est possible de faire une demande pour citer une maison patrimoniale, ajoute-t-elle. On peut aller chercher jusqu’à 100 % de subventions des travaux à effectuer si la maison est classée au niveau provincial et fédéral », explique la directrice d’Action patrimoine, en citant en exemple la Ville de Joliette, qui a mis en place un programme d’aide financière à la restauration et à la rénovation patrimoniale.

Artisans recherchés

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Clément Locat, membre des Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec

M. Locat connaît bien les enjeux qu’implique l’acquisition d’une demeure centenaire, et tant l’APMAQ qu’Action patrimoine sont des ressources précieuses pour accompagner les nouveaux propriétaires. Aussi, la patience est de mise, notamment pour trouver les bons artisans. « Il y a une carence de travailleurs spécialisés et on conseille parfois aux gens de se tourner vers le Conseil des métiers d’art du Québec. Beaucoup d’acheteurs sont des passionnés du bâti ancien et vont faire des travaux de bricolage eux-mêmes », souligne Clément Locat.

« L’avantage dans les demeures qui datent d’avant 1940, c’est que sous les couches de tapis et autres revêtements de mauvaise qualité se cachent souvent de beaux planchers de bois ou des plafonds avec des poutres que l’on peut souvent restaurer », précise Clément Locat. Mettre à nu les matières originelles donne parfois l’occasion de découvrir des détails d’ébénisterie ou de plâtre extraordinaires.

Contrairement aux extérieurs, les intérieurs des maisons citées peuvent généralement être modifiés au goût du propriétaire, en tenant compte des éléments structurels comme pour n’importe quel bâti. « Il faut garder une cohérence entre l’intérieur et l’extérieur ; on est habitué aux aires ouvertes depuis quelques années, alors que dans ces maisons-là, c’est l’inverse, on a plein de petites pièces, mentionne le courtier Dan Coutu. On peut actualiser, mais il faut que ce soit fait dans le respect du style d’origine pour une question d’esthétisme, mais aussi parce que, si c’est bien fait, la maison va prendre de la valeur. Ce ne sont pas des maisons pour faire des flips. »

Consultez le site d’Action patrimoine Consultez le site des Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec Consultez le site du programme de restauration des biens patrimoniaux au ministère de la Culture et des Communications

Deux bijoux à vendre

PHOTO FOURNIE PAR KHALID KHATTAB, COURTIER IMMOBILIER, GROUPE IMMOBILIER PREMIUM

Plusieurs rénovations ont été effectuées dans cette charmante maison jumelée de 1879 située au 1847, rue Tupper, à Montréal (Ville-Marie). Elle comprend de nombreuses boiseries anciennes. 1 890 000 $, courtier immobilier Khalid Khattab, Groupe Immobilier Premium.

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PHOTO FOURNIE PAR ROYAL LEPAGE AU SOMMET

Cette maison datant de 1901 située au cœur du village de North Hatley peut être utilisée en bigénération. 615 000 $, courtières immobilières Sonia Nepton et Catherine Plamondon de Royal LePage au Sommet.

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