Si certains craignent l’acquisition d’une maison datant d’une autre époque, ce n’est certainement pas le cas des propriétaires de cette maison du XIXe siècle qui trône telle une reine aux abords de la rivière Yamaska, à Saint-Hyacinthe. Amateurs d’histoire, ils ont transposé la leur à l’intérieur de cette demeure où les récits s’emboîtent et se répondent.
« La plupart de nos objets sont liés à des histoires qui entraient dans une autre histoire, remarque la propriétaire, Johanne Biron. Pour moi, c’était vraiment important qu’il y ait un sens à tout, même aux objets. »
Ici, d’imposants meubles de famille provenant de l’ancienne usine de vêtements Yamaska Shirt de Saint-Hyacinthe ont naturellement trouvé leur place dans les vastes pièces de la maison. Là, une statue religieuse qui se trouvait jadis dans une église de la ville. Et là, accroché au mur, un petit ange venu de la cathédrale désigne l’accès au grenier.
Originaire de Saint-Hyacinthe, Johanne Biron est revenue s’installer dans sa ville natale, avec son mari, Normand, en 2020, pendant la pandémie. « On ne savait pas ce qu’on cherchait, mais chaque fois qu’on était devant une maison patrimoniale, on se disait : ‟C’est ça qu’on veut.” »
L’emblématique rue Girouard
À Montréal, le couple habitait dans une propriété construite en 1920, sur l’actuel Site patrimonial du mont Royal.
De vieux calorifères, des moulures, c’est le genre de décor qu’on aime. On sent qu’il y a de la vie qui est passée par ici. Il y a un sentiment de paix.
Normand, propriétaire
Leur quête les a menés à quelques pas du centre-ville, dans l’emblématique rue Girouard, reconnue pour ses maisons très bien préservées datant de l’époque victorienne. Avec sa tour ronde coiffée d’un toit bulbeux, son déclin de bois de divers motifs, dont les écailles de poisson, sa grande galerie et ses cadres de fenêtre peints de jaune et de bleu, la maison Émile Marin est certainement l’une des plus originales. Et attendez de voir le grenier, haut lieu de rêves et de possibilités !
« Le jour où on a déposé l’offre d’achat, j’ai appris que, sur le terrain, avait été fondée la première communauté de sœurs contemplatives du Canada [les Sœurs du Précieux-Sang, toujours présentes à Saint-Hyacinthe] », relate Johanne Biron. La maison Caouette, qui se trouvait auparavant sur ce terrain et dans laquelle est née la communauté religieuse, a été déplacée avant la construction de la résidence actuelle. Elle est aujourd’hui sa voisine arrière.
Professeure de littérature et chercheuse, Johanne Biron s’était intéressée à la correspondance qu’a entretenue Catherine-Aurélie du Précieux-Sang, fondatrice de la communauté, avec l’écrivaine Laure Conan. « Quand j’ai su que j’étais sur le sol de la communauté de la mère fondatrice, le sens était total. Ça ajoutait à l’importance de cette maison-là, dont la plupart des propriétaires ont été des femmes. »
En effet, sur le document que lui ont transmis les anciens propriétaires, les titres de propriété sont souvent au nom de femmes. La date exacte de la construction de cette maison de style Queen Anne n’est pas connue, mais selon les propriétaires, elle est estimée à 1880. Elle n’est pas classée comme bien patrimonial, mais son intérêt patrimonial est reconnu par la municipalité, ce qui assujettit les propriétaires à certaines règles de préservation.
La résidence a changé de main à quelques reprises jusqu’en 1915, moment où Henriette Sicotte, femme du juge Émile Marin, s’en est portée acquéreuse. Son mari en héritera à sa mort et son nom restera associé à la maison.
Consultez le site du Centre d’histoire de Saint-HyacinthePlusieurs travaux de rénovation
Lorsque les propriétaires actuels ont acquis la propriété, l’intérieur était fort différent d’aujourd’hui. Mais c’est d’abord le majestueux escalier en chêne surmonté de lanternes en métal gravé qui a attiré leur attention, comme celle de tout visiteur qui pénètre dans la maison. Recouvert de tapis, comme une grande partie des planchers de la maison, l’escalier a été restauré. Les planchers aussi ont été soumis aux soins d’un artisan. La tapisserie défraîchie a été retirée, la salle de bains, rénovée et la cuisine, légèrement réaménagée, tout en conservant les dimensions et les contraintes de l’époque.
S’est ajoutée à cela la refonte de l’électricité, de la plomberie et d’une partie du toit en tuiles canadiennes « à l’identique ». Mais acheter une maison âgée ne les effrayait pas.
L’inspecteur, qui se spécialise en vieilles maisons, nous a dit que c’était parmi les 10 plus belles qu’il avait vues dans sa carrière.
Normand, propriétaire
Pourquoi vendre après à peine un peu plus d’un an, après y avoir mis tant d’efforts ? « Pour entrer dans une autre phase de la vie », répond sa conjointe. La préretraite et de nouveaux projets les amèneront à l’extérieur de la région. Probablement dans une autre maison d’autrefois ou au bord d’un lac.
Mais ils ne sont pas pressés de partir. « C’est formidable ici, dit-elle. Les oiseaux, la rivière, le soleil qui se pose sur la rivière de différentes manières selon les saisons. » Il y a aussi le quartier, les courses qui se font à pied. Et les légumes frais qui ne sont jamais bien loin. « On va souvent chez l’agriculteur, dans les terres. J’aime le blé d’Inde qui a été cueilli le matin. » Un petit bonheur du quotidien maskoutain.
Consultez la fiche de la propriétéLa propriété en bref
Prix demandé : 985 000 $
Année de construction : 1880
Superficie de la maison : 2964 pi2
Superficie du terrain : 12 948 pi2
Évaluation municipale (2021) : 509 400 $
Impôt foncier (2021) : 4072 $
Taxe scolaire (2021) : 341 $
Description : Maison d’époque de style Queen Anne, qui a conservé plusieurs caractéristiques d’origine (revêtement en bois, toit en tôle, escalier en chêne, ornementation). Elle compte 11 pièces, dont 4 chambres, 1 salle de bains et 1 salle d’eau, 1 sous-sol et 1 vaste grenier. Chauffage biénergie (électricité et mazout) et foyer au bois. À l’extérieur, on retrouve un garage détaché et une longue allée de stationnement.
Courtier : François Bissonnette