Entre deux tournages de District 31, Marc Fournier prend la route et file vers Saint-Étienne-des-Grès, où il a trouvé son pied-à-terre à la campagne. Parcours d’un passionné qui apprécie « le rapport aux gens » quand il débarque dans sa Mauricie natale.

Ce jour-là, il venait de nettoyer les poulaillers de la ferme avicole de son beau-père. « Je donne un coup de main à l’occasion, ça me change de mon métier [d’acteur] », témoigne celui qui incarne le sergent-détective Yves Jacob à propos de sa participation au sein de l’entreprise familiale.

Marc Fournier a trouvé son terrain de jeu, son espace nature, son endroit de prédilection pour décanter et vivre au rythme du temps. « Loin des cônes orange de la ville ! », ironise-t-il.

Comme bien d’autres citadins étouffés par le confinement pandémique, c’est à la fin de l’hiver 2020 qu’il a ressenti le besoin, puissant, de sortir de la ville pour aller respirer de l’air frais.

« C’est mon beau-père [Marcel Lampron] qui m’a donné le signal. Il m’a dit : “Il y a du travail à la ferme et tu peux venir si tu veux.” En raison de la COVID-19, il n’y avait pas de tournage. J’avais beaucoup de temps libre. »

Tout s’est fait naturellement. « J’avais déjà un endroit où loger, explique-t-il. Quelques années auparavant, j’avais aidé à la construction d’une petite maison attenante aux bâtiments agricoles. J’y allais de temps en temps avec ma conjointe et nos deux enfants. »

Et il y avait la « shop à bois » où le comédien, qui aura 49 ans le 4 février, avait pris l’habitude, bien avant la crise sanitaire, d’aller se faire la main en mettant à contribution ses talents d’artisan.

« Je ne pouvais demander mieux, convient-il. J’avais accès à un très bel atelier avec tous les outils pour m’exprimer, le banc de scie, la moulurière, la sableuse, la dégauchisseuse, les couteaux à bois. »

PHOTO OLI CROTEAU, LE NOUVELLISTE

Marc Fournier a trouvé son terrain de jeu, son espace nature, son endroit de prédilection pour décanter et vivre au rythme du temps. « Loin des cônes orange de la ville ! », ironise-t-il.

En ville, je me concentre sur mon métier. À Saint-Étienne-des-Grès, je deviens éleveur de poulets, je suis soudeur, je conduis un tracteur, une camionnette ; j’ai les bottes pleines de bouette, les vêtements poussiéreux !

Marc Fournier, acteur

Un retour aux sources

Il faut comprendre que c’est un retour aux sources pour le natif de Cap-de-la-Madeleine qui a quitté la région de Trois-Rivières, à 18 ans, pour aller étudier au cégep, à Montréal.

« À l’époque, je voulais découvrir la grande ville, je me sentais à l’étroit dans mon patelin », dit-il en rétrospective. On devine que son regard a évolué avec les années.

« Je redécouvre ma région, j’aime cet environnement fait de forêts, de lacs, de rivières, la Saint-Maurice, les grands espaces. »

Mais pas question, du moins pour les prochaines années à venir, de retourner vivre à temps plein dans son coin de pays. « Je ne dis pas que c’est impossible, mais ma famille et moi — sa conjointe et lui ont deux enfants âgés de 13 et 18 ans —, on aime bien cet entre-deux, cette vie partagée entre la vie en ville et la vie à la campagne », précise l’acteur qui habite dans le Vieux-Longueuil.

À Saint-Étienne-des-Grès, il loge au deuxième étage d’une petite maison de 24 pi x 24 pi qui abrite, au rez-de-chaussée, le bureau de son beau-père Marcel.

« Ce n’est pas le grand luxe, c’est un peu comme notre chalet. On a tout ce qu’il faut pour être confortable. »

Un artisan du bois

En Mauricie, « l’enquêteur Yves Jacob » passe beaucoup de temps dans sa « shop à bois » où il fabrique des meubles en pin avec des arbres qui ont été coupés sur les terres, à proximité.

Il ouvre ici une parenthèse pour parler de la gestion ordonnée de la forêt et de l’importance de faire des coupes sélectives. « On veut qu’il y ait encore des arbres dans 50 ans », espère-t-il.

Il a la fibre. Il aime savoir d’où provient la ressource. Cela lui permet d’expliquer à ses clients les étapes qui entrent dans la fabrication d’une table, d’un meuble, d’une base de lit.

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En Mauricie, « l’enquêteur Yves Jacob » passe beaucoup de temps dans sa « shop à bois » où il fabrique des meubles en pin avec des arbres qui ont été coupés sur les terres, à proximité.

Chaque réalisation est unique,je ne fais jamais le même modèle. Je dis toujours à mes clients : “Le résultat n’est pas garanti, mais je vais m’arranger pour qu’il soit à votre goût !”

Marc Fournier, acteur

Ce sont principalement les 30-35 ans qui lui passent des commandes. « Ils aiment le bois parce que c’est durable. Ils ne veulent rien savoir des meubles préfabriqués à la IKEA ! »

Certains se présentent à sa « shop » sans savoir qu’ils vont se retrouver face à face avec l’enquêteur de police… « Après cinq ou dix minutes à jaser, ils me lancent comme ça : “Excuse-moi, es-tu Yves Jacob ?”. Et c’est à ce moment que les langues se délient et que la conversation prend une tout autre tournure. »

À ce propos, Marc Fournier sait très bien que le succès et la popularité peuvent rapidement devenir éphémères. « Ça peut changer vite dans ce métier, mais pour le moment, j’apprécie comment les choses se déroulent dans ma vie, résume-t-il. J’ai aussi la chance d’avoir acquis la maturité nécessaire pour vivre ça, avec mon personnage dans District 31. »

Ce n’est pas sans raison qu’il s’est attaché à son Saint-Étienne-des-Grès. « Ici, je suis Marc Fournier, pas Yves Jacob. J’aime le contact avec les gens, leur facilité d’approche. Et je tiens compte des conseils des personnes d’expérience qui passent me voir à l’atelier. »

Le chalet de pêche de son père

En plus d’avoir son pied-à-terre à la campagne, Marc Fournier possède avec son frère un petit camp de pêche dans le bois.

« C’est un chalet en bois rond que nous a légué mon père lors de sa mort, dit-il. Mon frère et moi, nous y allons tous les étés. On a un attachement émotif. »

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Marc Fournier, Line Lampron, Lise Bournival et Marc Lampron

Le camp de pêche familial dans la MRC de Mékinac, en Haute-Mauricie, n’est pas à la porte. « Ça me prend un bon cinq heures pour m’y rendre [à partir de Longueuil], dit-il. Mais ça en vaut la peine ! La route 55 [qui longe la rivière Saint-Maurice] est tellement belle, avec la forêt et la montagne autour. »

C’est cette Mauricie-là, celle où il allait taquiner le poisson avec son père, dans une autre vie, qu’il souhaite transmettre à ses enfants. Et de toute évidence, ils ont déjà commencé à marcher dans ses pas. « Ils sont presque devenus de meilleurs pêcheurs que moi ! », lance-t-il avec une certaine fierté parentale.