Les chalets au bord d’un lac ou d’une rivière ont la cote. On achète pour avoir son pied-à-terre à la campagne, mais aussi avec l’intention de rentabiliser son « investissement » en misant sur l’intérêt pour le marché de la location. Tour d’horizon.

Ce n’était pas dans les plans de Sonia Lamoureux et de son conjoint, Simon-Julien Élie, d’acheter « un beau chalet au lac Walfred » dans les Laurentides. « On vivait déjà dans un environnement nature à Saint-Lazare », racontent ces derniers, respectivement âgés de 48 ans et 47 ans.

Puis, à la fin de novembre 2020, ils sont allés visiter ce chalet au bord d’un lac à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson… Et ils ont fait une offre d’achat qui a été acceptée par les vendeurs, quelques jours avant Noël.

« Ça s’est fait de façon spontanée. C’était pour nous deux une surprise totale. On s’est dit qu’on venait de s’offrir un gros cadeau pour le 25 décembre ! », lancent-ils.

Depuis, le couple qui a trois adolescents âgés de 11, 12 et 14 ans fait régulièrement la navette entre la maison de la banlieue ouest de Montréal et le chalet de quatre chambres à coucher.

« C’est devenu notre pied-à-terre dans les Laurentides », soulignent-ils au sujet de leur résidence secondaire haut de gamme.

Avec le télétravail, on a la chance de pouvoir travailler à distance et de profiter de notre chalet en famille. On aime beaucoup se retrouver dans cet environnement paisible, près des lacs et des montagnes.

Sonia Lamoureux et Simon-Julien Élie

Mais pas question que ça devienne une obligation qui pourrait se transformer en contrainte, avec les années. « On y va quand ça nous tente. On n’est pas là toutes les fins de semaine. »

Et quand ils n’y sont pas, il leur arrive d’en confier la location à une agence « qui a des critères très stricts », insistent-ils. « On sait tous que la demande est très forte en ce moment, font-ils valoir. Ça nous procure de bons revenus et ça nous permet de payer des améliorations à la propriété, comme le terrassement. »

Acheter et revendre

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Chalet dans la région des Laurentides

Chiffres à l’appui, Charles Brant, analyste de marché à l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ), confirme que le marché des résidences secondaires a affiché en 2021 des rendements « largement supérieurs à ce qu’on a connu en 2019 et 2020 ».

« C’est extrêmement actif et les stocks sont à leur plus bas, relève-t-il. Les chalets relativement récents, avec un bon emplacement, se vendent vite et à fort prix. »

Il parle d’augmentations « de 20 % à 30 % », depuis le début de l’année, dans les régions de villégiature les plus prisées par les acheteurs, que ce soit dans Charlevoix, les Laurentides, les Cantons-de-l’Est, dans Lanaudière et même en Mauricie, « où le marché est en feu », souligne-t-il.

« Il y a [néanmoins] un risque qu’on en arrive à des valeurs un peu gonflées avec le phénomène des transactions réalisées en mode surenchère, prévient l’analyste. Il y a beaucoup d’euphorie et il faut faire attention ! »

Il cite le cas d’une propriété en zone inondable, en bord de rivière, qui a été vendue près de 20 % plus cher que le prix affiché, et sur laquelle 10 acheteurs potentiels avaient déposé une offre.

Charles Brant observe en outre un phénomène qui prend de l’ampleur depuis le début de la crise sanitaire. « On remarque une forte hausse des flips dans le marché des chalets, a-t-il comptabilisé. En 2019, ça représentait 1,7 % des transactions ; en 2021, cette proportion a doublé à 3,4 %. »

On achète des chalets pour les mettre en location, et on les revend pour encaisser des profits rapides.

Charles Brant, analyste de marché à l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec

Chose certaine, relève pour sa part la courtière immobilière Chantale Tardif, chez Sotheby’s, la demande pour les résidences secondaires n’est pas sur le point de s’essouffler. « Mais le problème, c’est qu’on manque de stocks », observe-t-elle sur le terrain.

Il ne fait pas de doute, selon elle, que la pandémie a créé « un sentiment d’urgence » chez de très nombreux acheteurs désireux d’aller « habiter dans de plus grands espaces ».

Parmi ces acheteurs se trouvent aussi des… investisseurs. « Je reçois beaucoup d’appels de clients qui cherchent une propriété qu’ils s’attendent à louer », fait-elle valoir.

La courtière, qui couvre le territoire compris entre Saint-Jérôme et Sainte-Agathe, rappelle toutefois que la « majorité » des municipalités à vocation touristique, dans les Laurentides, ont resserré leur réglementation en ce qui concerne la location à très court terme.

Le chalet, solution de rechange aux voyages

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Sonia Lamoureux et Simon-Julien Élie se réjouissent de leur acquisition.

Quoi qu’il en soit, Sonia et Simon-Julien se réjouissent d’avoir fait cette acquisition qui s’avère, de leur propre avis, un bon investissement et un endroit de choix pour regrouper leur petite famille.

« C’est certain que la pandémie a influencé notre décision, concèdent-ils. Avant, on allait en Floride, dans l’Ouest canadien, on faisait des escapades à New York. Notre réalité a changé. On dépense maintenant notre argent au Québec. Au chalet, on fait des sports de plein air, on patine sur le lac, on fait du kayak, on va à vélo. »

Et quand les enfants ont des congés scolaires, ils en profitent pour « étirer les week-ends ».

Bref, leur histoire ressemble à celle des nombreux citadins qui sont devenus propriétaires d’une résidence secondaire au cours de la dernière année pour oublier momentanément la crise sanitaire et ses contraintes.